Une semaine après la destruction des statues et monuments du musée de Mossoul, les djihadistes ont détruit au bulldozer les vestiges de la cité assyrienne de Nimrud dans le nord de l’Irak , site archéologique possédant également de nombreuses pièces rares remontant à 13 siècles avant Jésus-Christ, et étant située sur les rives du Tigre à une vingtaine de kilomètres au sud de Mossoul. Ayant été érigée aux alentours de 1250 avant JC, Nimrud était devenue quatre siècles plus tard la capitale de l’empire néo-assyrien.
Cette nouvelle attaque générée contre le patrimoine culturel irakien n’a pas été revendiquée par l’organisation de l’Etat Islamique mais le gouvernement irakien, par le biais de son porte parole au ministère du Tourisme et des Antiquités affirme que ce sont les djihadistes qui sont à l’origine de ce massacre, le site entier ayant été détruit. « Les membres de l’Etat islamique sont venus sur le site archéologique de Nimrud et ils y ont pillé les objets de valeur avant de raser le site »ont témoigné une source tribale résidant près de Mossoul.
Les vestiges les plus célèbres du site, qui est fouillé depuis plus d’un siècle, sont heureusement à l’abri à l’étranger, tels les Taureaux ailés qui se trouvent au British Museum de Londres ainsi que plusieurs centaines de pierres précieuses et de pièces en or qui sont à Bagdad.
Ayant proclamé un califat sur les territoires de l’Irak et de la Syrie sous leur contrôle, les djihadistes y appliquent la très rigoureuse interprétation de l’islam sunnite qui consiste à rejeter les mausolées et sanctuaires religieux, l’idolâtrie et les autres formes de religion, à commencer par la branche chiite de l’islam.
Mais comme le soulignait le mois dernier une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies, les pillages financent les groupes djihadistes par la contrebande des antiquités qui s’opère en Irak et en Syrie. Ainsi, touts les sculptures et statues du musée de Mossoul n’ont pas été détruites, certaines s’écoulant en ce moment sur le marché noir.
Yonadam Kanna a qualifié l’EI de « groupe d’ignares arriérés qui veulent effacer la mémoire collective de l’Irak, sa culture et son héritage » et la directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova, a parlé de véritable « nettoyage culturel », condamnant « de la manière la plus forte possible la destruction du site archéologique de Nimrod […], nouvelle attaque contre le peuple irakien ».
« La destruction délibérée du patrimoine culturel constitue un crime de guerre », rappelle-t-elle, ajoutant que l’Organisation des Nations unies pour la science, l’éducation et la culture est « déterminée à faire tout le nécessaire pour recenser et protéger le patrimoine de l’Irak et mener le combat contre le trafic clandestin d’antiquités qui contribue directement au financement du terrorisme ».
Pour les archéologues, les destructions du patrimoine historique et culturel de l’Irak entreprises par l’EI sont comparables à la destruction en Afghanistan des Bouddhas de Bamiyan par les talibans en 2001.
Photo : M.chohan – Nimrud Lamassu’s at the North West Palace of Ashurnasirpal (Source Wikipédia)
Après le saccage du musée de Mossoul la semaine dernière, qui en suivait tant d’autres, tout aussi insupportables, les assassins de Daech poursuivent leur oeuvre de destruction aveugle en s’en prenant aujourd’hui à la cité historique assyrienne de Nimroud, site archéologique d’une valeur inestimable. Encore une fois, c’est le patrimoine universel qui est frappé en son coeur. Ces vestiges sont le legs de l’humanité, et ces actes constituent un crime contre l’Histoire et la connaissance.
La culture appartient à tous, elle est notre bien commun. Menacée sans cesse, elle doit pourtant nous permettre de lutter ensemble contre le fanatisme et l’obscurantisme.
Je suis en lien régulier avec Irina Bokova, directrice générale de l’UNESCO, que je recevrai prochainement, et lui ai fait part de la mobilisation pleine et entière du Ministère de la Culture et de la Communication au service de la préservation du patrimoine irakien et, notamment, de la lutte contre le pillage et le trafic des antiquités.
(Source ministère de la Culture et de la Communication)