“Kurdish lover” un film de Clarisse Hahn en salle le 12 septembre

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    Synopsis : Avec son compagnon kurde rencontré à Paris, Clarisse Hahn découvre « un pays qui n’existe pas », une zone sinistrée, immobilisée par la guerre et la misère économique, perdue entre tradition et modernité. Le Kurdistan. Comme un cousin lointain venu d’ailleurs, le spectateur partage le quotidien d’une famille où l’amour se confond souvent avec l’emprise. un quotidien où le paganisme régit le rapport aux choses et à la vie, le magique se mêlant au trivial. Les personnages sont drôles, parfois cruels, souvent d’une grande théâtralité pour oublier qu’ils font partie d’une communauté oubliée du monde.

    Clarisse Hahn par Catherine Millet

    Clarisse Hahn appartient à cette nouvelle génération de cinéastes qui, venus de ce qu’il est convenu d’appeler « l’art contemporain », renouvellent en profondeur le cinéma. on pourrait presque dire qu’ils lancent un défi au « vieux » 7e art en important dans le format bien défini du long métrage et dans le circuit de la diffusion en salles, une audace et une liberté qui caractérisent la création dans le domaine des arts plastiques. Ajoutons que Clarisse y apporte aussi la fraîcheur de regard de celle qui veut comprendre avidement le monde mais sans se laisser fasciner et surtout sans tabou.

    On jugera de sa curiosité et de son incroyable disponibilité au travers du choix de ses sujets : la vie quotidienne d’une actrice du porno, celle d’une jeune maîtresse sM, celle du service de gérontologie d’un hôpital, celle d’une famille très bourgeoise, aujourd’hui celle d’une famille Kurde. Dans une installation vidéo qu’elle avait exposée en 2008, au musée d’Art moderne de la Ville de Paris, le visiteur avait l’impression, en se déplaçant d’un écran à l’autre, de pénétrer des cercles masculins très différents les uns des autres et très étanches : un club de foot, une bande d’adolescents qui se donnent rendez-vous au coin d’une rue, une mosquée, un lieu de drague homosexuel… Peu d’images vous font, autant que les siennes, entrer en empathie avec ceux qu’elles montrent. Clarisse Hahn pratique le documentaire embedded. C’est rien de le dire. Après un documentaire sur sa propre famille, les Protestants, elle a transporté sa caméra au Kurdistan, au sein de la famille de l’homme qu’elle aime, et cela de telle façon que tous les sens du spectateur semblent se confondre avec les siens. Lorsqu’elle filme une conversation familiale à laquelle elle-même participe, lorsqu’elle pose sa caméra à quelques centimètres d’une banquette sur laquelle s’agglutinent plusieurs personnes, c’est comme si le spectateur reniflait l’odeur des couvertures. Pas d’explication, pas de voix off, simplement un temps de prise qui se confond avec celui d’une dispute ou d’une hésitation ou d’une occupation quotidienne et qui immerge dans une réalité aussi opaque et aussi prenante que si nous devions nous y débrouiller par nous-mêmes.

    Propos de la réalisatrice, Clarisse Hahn

    Les gens que j’ai filmé vivent au Kurdistan Turc. ils font partie des villageois qui, pour avoir aidé la guérilla, ont subit des violences physiques. Les militaires ont détruit leur village et les ont déplacés au pied des montagnes. Le village où se déroule le film, est encore fréquemment traversé par des patrouilles militaires. La surveillance de l’armée rend difficile la présence d’équipes de tournages dans cette région. En filmant seule, avec un matériel léger, j’ai pu réaliser ce film sans me faire remarquer. Les parents d’oktay, mon compagnon, ont immigré en France dans les années 70. ils font partie de cette diaspora qu’une longue histoire de persécution a rendu viscéralement attaché à leur terre d’origine. Comme des centaines de milliers d’émigrés Kurdes, ils reviennent chaque année au village pour les vacances d’été. De nombreux jeunes nés en France, en Allemagne ou en Angleterre, viennent au village avec l’espoir d’y rencontrer une personne à épouser.

    Le Kurdistan est une mosaïque de régions où sont cultivées des milliers de petites différences religieuses et culturelles qui séparent les Kurdes les uns des autres, jusqu’à l’antagonisme. J’ai ici passé du temps avec les Kurdes de confession Alévi, l’une des plus anciennes religions Kurde, un animisme légèrement teintée d’islam. Le sommet des montagnes est sacré. Chaque pierre, chaque cours d’eau y a une signification et une histoire. Le quotidien du village d’oktay est un concentré des problèmes Kurdes: isolés et coincés entre analphabétisme et pauvreté. En passant du temps avec eux, j’ai eu peu à peu le sentiment que chaque membre de la communauté vivait en symbiose avec les autres, comme s’ils étaient tous les membres d’un même corps. Les événements de la vie personnelle sont immédiatement partagés avec le groupe.

    Tout contribue à maintenir ces relations d’interdépendance : Les petits logements où l’intimité est impossible, l’argent que les enfants doivent partager avec leurs parents, les mariages arrangés entre cousins, les animaux qui nécessitent une présence quotidienne, les maisons où plusieurs générations vivent sous le même toit, les interdits sexuels, la virginité des jeunes filles sur laquelle tout le monde veille.

    Les relations familiales sont un mélange d’amour et de haine, d’entraide et d’emprise : mais n’est-ce pas, plus généralement, le propre des familles ?

    Biographie

    Documentariste et artiste, son travail est principalement axé autour d’une recherche documentaire, qui se développe au travers de films, de photographies et d’installations vidéo. Clarisse Hahn entretient une relation de grande proximité avec les personnes qu’elle filme, et les accompagne pendant une période relativement longue. Chacun de ses films est l’occasion de poursuivre sa recherche sur les communautés, les codes comportementaux et le rôle social du corps. Dans chacune de ses oeuvres, le corps est mis en question, interrogé comme lieu de médiation et frontière : contraint de diverses manières, mis en valeur, manipulé, caché, modifié par une gestuelle professionnelle ou raidi par des attitudes dictées par un rôle social.

    Les Kurdes

    Depuis l’antiquité, les Kurdes vivent sur un territoire montagneux divisé entre la Turquie, l’iran, l’irak et la syrie : le Kurdistan. ils sont le plus grand groupe ethnique sans État du monde. Depuis plus de 80 ans, les montagnes du Kurdistan sont le théâtre de conflits armés opposant les Etats à la guérilla Kurde. Du fait de nombreuses campagnes d’assimilation forcée, des déportations massives de population et de la misère économique, plus d’un million de Kurdes ont immigré aux quatre coins du monde.

    • Sortie en salle le mercredi 12 septembre 2012

    FICHE TECHNIQUE CREDITS

    • documentaire de création creative documentary
    • 98 minutes, HD, 2012
    • coproduction : lesfilmsduprésent, Avanton Productions, 24 Images
    • visa d’exploitation n° 118. 654
    • réalisation, image, son direction, photography, sound : Clarisse Hahn
    • assistant artistique artistic assistant : Oktay Sengul
    • montage imageediting : Catherine Rascon
    • montage son et mixage sound editing & mixing : Janne Laine
    • étalonnage color grading : Samuel Dravet

    RÉCOMPENSESAWARDS

    • Grand Prix, CLERMONT-FERRAND Traces de Vies, France
    • Prix du Film Français, BELFORT Festival International du film,France
    • Prix du Public documentaire, BELFORT Festival International du film, France
    • Best Film, BELO HORIZONTE Forumdoc, Brésil
    • Special Jury Award, RIO DE JANEIRO Women’s International Film festival, Brésil

    Bande Annonce : Les salles :

    • Cinéma Espace Saint Michel, Paris
    • Les 7 parnassiens, Paris
    • Publicis Champs Elysées, Paris
    • Les Variétés, Marseille
    • Le café des images, Caen
    • Cinéma Actes Sud, Arles