Dans la langue des Urhobos, le peuple du delta du Niger, d’où il est originaire, Kesiena signifie « Enfin, il est arrivé !». Aujourd’hui, alors qu’il publie son premier album studio « It was all written », on devrait plutôt dire, sans céder au jeu de mot facile, « Enfin, il arrive ». Parce que Kesiena a toujours été en mouvement entre l’Afrique et l’Europe (Stockholm, Paris ou Berlin), sa nouvelle terre d’accueil depuis plus de 15 ans. artsixmic est allé à la rencontre de cet artiste pour en savoir un peu plus sur ce troubadour des temps modernes. Kesiena écrit ses chansons comme il les reçoit, c’est à dire, déjà pensées, déjà écrites, déjà prête à être racontées, déjà prête à être chantées ! ” It was All Written “. Les onze morceaux qui composent ce magnifique album lui permettent dit-il, d’exprimer ce qu’il est, et ce qu’il perçoit. Kesiena met en musique les histoires que les gens lui racontent, met en mélodie des histoires de vies. Mais ce qu’il aime aussi et surtout, c’est de partager avec le plus grand nombre ce qu’il ressent, c’est à dire d’être sur scène, d’être sur la scène ! It was all written, s’écoute sans fin! De la première à la dernière chanson, on est en voyage, on est du voyage, on est dans le plaisir, en harmonie avec Kesiena. It was all written, est à écouter sans chichi et sans modération ! La voix à la fois douce mais aussi puissante de Kesiena vous entraîne dans ses ballades, dans son soul et rock univers. Un univers des plus sensible, un univers où il est particulièrement bon de s’y trouver, de s’y retrouver. Kesiena, ouah ! que c’est bon !
L’album – It was all written
Le fond était là, ne manquait plus que l’album. Après une longue phase d’écriture, toujours aux côtés de Gunnar, Kesiena rentre en studio en 2011 au Studio Davout avec l’ingé-son Jérôme Jouannard, habitué des projets métissés (Dilouya, Hailé) et ses musiciens, très pros, comme Julien Audigier à la batterie (en tournée avec Khaled ou Gérard de Palmas) et Aurélien Calvel à la basse. Il le fallait bien pour mettre en forme ses ballades à la simplicité assumée, comme une forme de maturité. C’est ce que veut dire le morceau-titre, « It was all written ». Pour Kesiena, « on ne fait que révéler ce qui existe déjà, les joies ou les peines, qu’il faut accoucher ».
Au long de ses onze morceaux, il y égrène justement ses propres démons de sa voix au grain si particulier : le sentiment d’être un étranger où que l’on soit (« My soul is in another place », ballade folk très dépouillée qui repose entièrement sur les harmonies vocales de Kesiena), sa nostalgie de l’innocence des années 70 (« Dyring breed » qui sifflote comme sur un titre d’Andrew Bird) ou ses ruptures amoureuses (« Love is all I have », vrai tube blues rock en puissance).
Des émotions aigre-douces qu’il contrebalance de titres plus positifs, comme sur « It’s alright », ou « Lullaby for Liona », berceuse soul empreinte de psychédélisme ravageur qui conclut admirablement l’album. Production impeccable, mélodies poignantes et éclectisme assumé : Kesiena a tout pour prendre sa place au panthéon des chanteurs nigérians contemporains, au même titre que Keziah Jones, Asa ou Ayo, avec une pointe de folie supplémentaire. « You may not be the one », « tu n’es peut-être pas le bon », s’interroge lui-même Kesiena sur l’une de ses chansons. On est prêt à parier le contraire. Timothée Barrière
Kesiena sera le 6 juin en concert au Divan du Monde !