Dans un contexte marqué par une raréfaction des financements publics, les directeurs des affaires culturelles des collectivités territoriales sont confrontés aux fragilités des institutions, des associations et de l’ensemble des acteurs de l’art et de la culture.
Face à un bouleversement des pratiques culturelles et artistiques et à l’emprise croissante des industries culturelles, le risque de repli des politiques culturelles sur une mission de gestion des institutions et des dispositifs existants se vérifie chaque jour. On peut craindre que les évolutions nécessaires du monde de l’art et de la culture soient désormais abandonnées à une logique libérale, délégitimant l’action publique et renonçant à l’utopie d’un projet social et politique.
Convaincue de l’urgente nécessité de questionner le présent sans tabou et de réinventer les fondements d’une nouvelle politique culturelle, à la veille d’échéances électorales décisives, l’ADAC-GVAF s’est associée pour la préparation de ces débats aux différentes associations professionnelles qui représentent la diversité de l’intervention culturelle.
Le démarche est structurée autour de quatre ateliers thématiques qui interrogent l’évolution du concept de culture, le numérique en tant que transformateur d’usages, la confrontation à la recherche de la pluridisciplinarité croissante des savoirs et la place de la culture dans la conception des nouveaux territoires urbains.
Les fondements des politiques culturelles des villes demeurent encore fortement empreints des conceptions issues des politiques nationales des années 60, dont les modes d’intervention dans les collectivités ont été transposés, déclinés, complétés, souvent enrichis à l’échelle locale. Il semble que ces modèles fondateurs aient atteint la limite de leur pertinence et qu’il convienne de les réinventer. Or, dans le contexte actuel de raréfaction des financements publics, les directeurs des affaires culturelles des collectivités locales, placés au centre des différents enjeux et questionnements qui traversent le champ des politiques culturelles relevant de l’intervention publique, consacrent la majeure partie de leur temps à gérer au mieux les tensions budgétaires croissantes en tentant notamment de sauver le fonctionnement de l’existant. Dans le même temps, on assiste à un bouleversement radical des pratiques et à l’instauration d’une relation immédiate et singulière entre les citoyens et les industries culturelles.
On peut ainsi craindre qu’à terme la notion même de politique culturelle ne se résume à une mission de gestion des institutions et d’événements, eux-mêmes peu à peu déconnectés des attentes et des pratiques dont l’évolution relèverait désormais d’une seule logique libérale, renonçant ainsi à l’utopie d’un projet social et politique.
C’est pourquoi il apparaît aujourd’hui urgent de questionner le présent sans tabou et de contribuer à la réinvention des fondements d’une nouvelle politique culturelle. En effet, cette rencontre s’inscrit dans un calendrier électoral déterminant (élections locales en 2014 et 2015) et un programme politique ambitieux – plan sur l’éducation artistique et réforme des rythmes de l’enfant, loi d’orientation sur la création artistique, loi des patrimoines – pour lequel les villes et agglomérations, principaux financeurs de la culture, doivent être force de proposition.
Dès le début de la démarche, l’ADAC GVAF a proposé aux différentes associations professionnelles qui représentent la diversité de l’intervention culturelle de s’associer à elle pour définir une approche partagée, sans hiérarchisation des fonctions des uns et des autres, en acceptant également de faire bouger les propres pratiques de chacun. une quarantaine d’associations et réseaux a répondu présent et adhéré à la démarche proposée.
Depuis environ un an, quatre ateliers thématiques se sont réunis à plusieurs reprises selon leur propre rythme avec des représentants des différentes associations volontaires.
- : Comment définir le concept de culture aujourd’hui et demain? Comment s’y repérer entre culture transmise/culture fabriquée/culture conservée/culture de divertissement/culture conçue et culture reçue ? Et ailleurs dans le monde, comment questionne-t-on la culture ? Quelles conséquences pour les politiques culturelles ?
- : Le numérique est-il un transformateur d’usage ? de création ? De médiation ? D’objet ? Ou un champ supplémentaire au catalogue des politiques sectorielles (“les cultures numériques”). Quelles conséquences pour les politiques culturelles ?
- : En quoi la pluridisciplinarité croissante des savoirs confrontée à la recherche qui interroge la connexion des savoirs entre eux, a-t-elle un impact sur le champ culturel et ses structures ? Quelles conséquences pour les politiques culturelles ?
- : Face au développement de nouveaux territoires urbains (communautés d’agglomération, pôles métropolitains, urbanisation croissante, densification urbaine, développement des mobilités, réseaux de coopération internationale, territoires transfrontaliers) et les déséquilibres qu’ils induisent notamment en milieu rural, en quoi la culture peutelle ou doit-elle contribuer à la conception de ces nouveaux territoires ? qu’apporte-t-elle à la fabrication de territoires équilibrés ? Quelles conséquences pour les politiques culturelles ?
Les journées de Rennes
Ces journées sont conçues comme un point d’étape. Elles répondent à plusieurs objectifs
- : Permettre aux participants de chaque atelier de confronter et partager leurs débats et réflexions respectifs.
- : Permettre aux adhérents des associations n’ayant pas participé aux ateliers de s’associer à la démarche en cours et d’y contribuer.
- : Faire partager la réflexion menée à d’autres partenaires, notamment institutionnels : associations d’élus, représentants de l’État, autres partenaires.
- : Confronter les débats à une vision décalée en proposant à un universitaire extérieur au milieu culturel, de réagir et d’apporter son éclairage.
- : Restituer à chaque participant une première synthèse à chaud issue des rencontres et décider, le cas échéant, de la continuation ou non de la démarche et de sa forme.
Ces journées, qui devraient rassembler entre 200 et 300 participants, s’adressent aux membres des associations et collectifs partenaires, aux responsables institutionnels, aux professionnels du monde des arts et de la culture, aux fonctionnaires territoriaux ainsi qu’aux élus en charge de la culture.
- Contact ADAC GVAF: Guénaël BLIN g.blin@agglo-rennesmetropole.fr – Tél. : 06 30 49 43 00
- Inscription jusqu’au 12 novembre 2013