Jean-Christophe Maillot et les Ballets de Monte-Carlo présentent Le Songe

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Jean-Christophe Maillot : Le Songe
Jean-Christophe Maillot : Le Songe

Les trois univers du Songe pour Jean-Christophe Maillot, correspondent aux trois stades de maturité du danseur : Celui des Athéniens, celui des Fées et celui des Artisans.

Jean-Christophe Maillot avec Le Songe a fait de la comédie de William Shakespeare un ballet d’une folle audace et modernité. Rosella Hightower aimait dire de son élève Jean-Christophe Maillot que sa vie n’était qu’une union des opposés. À la tête des Ballets de Monte-Carlo depuis 1993, Jean-Christophe Maillot a su inventer une compagnie de son temps : relecture de classiques, invitation de jeunes chorégraphes… Forte d’une vingtaine de nationalités, cette compagnie rayonne désormais dans le monde entier. Jean-Christophe Maillot depuis longtemps quant à lui, côtoie le théâtre, entre en piste sous un chapiteau, évolue au milieu des arts plastiques, se nourrit des partitions les plus diverses et explore différentes formes de littérature… Son répertoire de 80 ballets (dont 35 créés à Monaco) puise dans le monde des arts au sens large et chaque ballet est un carnet de croquis qui alimente l’œuvre suivante.

Le Songe

Le Songe peut être considéré comme « la banque de données » de Jean-Christophe Maillot. Toutes les pistes de réflexion qu’il a développées au cours de sa carrière s’y retrouvent. Pour arriver à un tel un tel emboîtement et rendre possible « ce désir d’enfant de tout dire », il lui fallait un texte hors du commun : Le Songe d’une nuit d’été de Shakespeare. Télescopages improbables de personnages et de situations, cette pièce permet de faire tenir ensemble tous les possibles de sa danse. Avec Le Songe, Jean-Christophe Maillot dispose de trois univers : celui des Athéniens, celui des Fées et celui des Artisans.

Les trois univers du Songe correspondent aux trois stades de maturité du danseur. L’univers des jeunes Athéniens est dynamique, rythmé et intense. Jean-Christophe Maillot utilise ici une génération de jeunes danseurs pour l’énergie débordante dont ils disposent. Les Athéniens exécutent une chorégraphie écrite dans ses moindres détails. Le chorégraphe leur transmet un « texte chorégraphique » où chaque émotion, chaque réaction est anticipée. Cette forme de contrôle se retrouve dans les romances amoureuses de ces athéniens, bridées et conformes aux exigences de leurs aînés. L’univers des Athéniens est celui de la tradition qui parle pour les générations futures et creuse en leur nom ses propres sillons.

Le deuxième univers du Songe, celui des Fées, exige quant à lui des interprètes plus aguerris. Les personnages fantasques qui peuplent ce monde ésotérique n’en sont plus à leurs premiers émois. Ils vivent pleinement leurs désirs. La narration cède la place à une forme d’abstraction déconcertante car dans cet univers, l’érotisme sème la confusion. Il agite un monde fantasmé où l’individu s’abandonne aux pulsions et aux forces de la nature. Chaotique et charnel, l’univers des Fées fait entendre la musique acousmatique de Daniel Teruggi, une musique qui traduit l’ambivalence et la sensualité des corps.

Pour Jean-Christophe Mailloti, le danseur est aussi un comédien. Cet attachement pour la vie de bohême et le théâtre ambulant définit le troisième univers du Songe : celui des Artisans. Cet univers est campé par quelques danseurs expérimentés « qui connaissent leur Maillot sur le bout des doigts ». Le chorégraphe a invité Nicolas Lormeau à rejoindre ce cercle restreint pour participer à l’élaboration de cet univers complètement décalé. Échappés du pavillon des fous, ces artisans excentriques interprètent une chorégraphie drôle et obsessionnelle qui reflète l’amour aveugle que tout artiste peut ressentir pour son œuvre.

Pendant longtemps, Jean-Christophe Maillot a hésité à chorégraphier Le Songe  : « Je ne voulais pas livrer ma vision de cette œuvre avant que cela ne s’impose comme une évidence. Je me suis donc tourné vers d’autres textes, d’autres horizons, d’autres chemins… Et un jour, j’ai compris que le Songe se trouvait à leur croisée… »

La musique de Bertrand Maillot se fait l’écho fraternel du travail du chorégraphe, tout comme la lumière de Dominique Drillot, les décors suspendus d’Ernest Pignon-Ernest et les costumes fantasques de Philippe Guillotel.

Photo : © Alice Blangero

Le Songe de Jean-Christophe Maillot avec Les Ballets de Monte-Carlo

Le Songe
Du 8 au 15 juin 2018

Théâtre National de Chaillot
1, place du Trocadéro
75116 Paris

https://www.theatre-chaillot.fr