Pour son premier long métrage en tant que réalisatrice, Valeria Golino s’attaque à un sujet sensible, l’euthanasie. Loin d’être mortel, le résultat est surprenant et s’appelle Miele….
Tout en finesse, Valeria Golino dresse le portrait enivrant d’une faucheuse pas comme les autres. Ses futures « victimes» l’appellent Miele. Rongées par la maladie et résignées à en finir, elles lui commandent la mort à travers un flacon de barbiturique. Dans un rituel froid, Miele orchestre leurs derniers souffles puis repart, argent en poche, laissant les proches des défunts seuls face à leurs détresses.
Donner la mort fait vivre Miele, ou plutôt Irène, une jeune femme ténébreuse. Tantôt sur une planche de surf, tantôt à vélo ou dans un avion, rien ne semble l’arrêter. Elle mène une vie tumultueuse et se fait passer pour étudiante auprès de son père et ses amants. Mais vivre entre le mensonge et la mort a ses limites… Le commerce de Miele est remis en cause lorsqu’un malade suicidaire en parfaite santé heurte les convictions d’Irène. Au fond, qui a le droit d’acheter une mort digne ? L’euthanasie est elle vraiment une délivrance ou bien un refus de « ne vivre qu’à moitié » ?
Subtilement, sans imposer un quelconque avis, Golino réussit à susciter le débat autour d’une pratique encore taboue. Porté par l’actrice Jasmine Trinca et une brillante bande originale, le sujet pompeux à la limite du glauque passe, finalement, comme une lettre à la poste. Quelques effets de style sont superflus mais pour une première, Golino s’en sort plutôt bien ! Elise Jamoteau pour artsixmic
L’histoire :
Irène vit seule dans une maison au bord de la mer non loin de Rome. Son père et son amant la croient étudiante. En réalité, sous le nom de code MIELE, elle aide clandestinement des personnes en phase terminale à mourir dignement en leur administrant un barbiturique puissant.
Un jour, elle procure une de ces doses mortelles à un nouveau “client” Monsieur Grimaldi. Elle découvre cependant qu’il est en parfaite santé mais qu’il veut mettre fin à ses jours, ayant perdu goût à la vie. Bien décidée à ne pas être responsable de ce suicide, elle va tout faire pour l’en empêcher.
Jasmine Trinca
Jasmine Trinca démarre au cinéma en 2001 dans La Chambre du fils de Nanni Moretti. On la voit aussi dans le rôle de Giorgia dans le film de Marco Tullio Giordana, Nos meilleures années. En 2006, elle est à l’affiche de la comédie romantique Leçons d’amour à l’Italienne et de Romanzo criminale de Michele Placido. Puis elle retrouve Nanni Moretti pour Le Caïman, un film dans lequel elle incarne une jeune réalisatrice souhaitant tourner un film sur Silvio Berlusconi. Jasmine Trinca joue ensuite avec Gaspard Ulliel et Michel Boujenah dans Ultimatum et retrouve Riccardo Scamarcio sur le tournage du Rêve italien de Michele Placido. Elle est en 2011 dans L’Apollonide – souvenirs de la maison close le film de Bertrand Bonello.
Dans Miele, Jasmine Trinca est terriblement renversante, dans sa beauté, mais aussi dans sa manière de donner la mort, dans sa manière d’accompagner ses “clients ” dans l’au-delà, dans sa façon d’être sacrément belle tout en apportant à ceux qu’elle rencontre la fin d’une vie de souffrance. Mais elle est aussi formidable dans l’habileté de faire, quand elle nous montre toutes ses angoisses, toutes ses peurs, tout son questionnement sur un métier qu’elle trouve quoi qu’il en soit normal. Il ne doit pas être facile de donner la mort même à ceux qui l’ont demandé, tout comme il n’a pas du être évident pour Jasmine Trinca de jouer ce rôle sans y laisser un peu d’elle-même. Miele nous parle de la mort sans intention de la donner mais Miele nous dit aussi que parfois la mort est aussi pour certains une délivrance que d’autres doivent leur apporter.
Miele (Extrait)
- Date de sortie 25 septembre 2013, (1h 36min)
- Réalisé par Valeria Golino
- Avec Jasmine Trinca, Carlo Cecchi, Libero De Rienzo
- Genre Drame Nationalité Français , italien