L’Ukraine avec Jamala remporte l’Eurovision, la France avec Amir qui a remporté son pari, termine sixième !
L’Ukraine a donné de la voix en remportant hier soir l‘Eurovision avec une chanson à la fois personnelle et politique : 1944. La candidate ukrainienne, une Tatare de Crimée, Jamala, rend hommage à son arrière-grand-mère et évoque le sort des Tatars de Crimée, déportés par Staline. Bien avant la finale, des responsables russes avaient crié au scandale. Les premières paroles de la chanson de Jamala étant : “When strangers are coming, They come to your house, They kill you all and say, We’re not guilty not guilty“. Autrement dit : “Quand des étrangers arrivent, ils entrent chez vous, vous tuent et disent, nous ne sommes pas coupables, pas coupables.”
La Russie avait protesté contre la participation de l’Ukraine en raison des sous-entendus “politiques” du morceau, jugé contraire au règlement qui interdit “les paroles, discours ou gestes de nature politique ou similaire”. L’Eurovision, par l’intermédiaire de ses organisateurs de Genève, avait estimé quant à elle, que, malgré la portée politique des paroles de nature “historiques”, la chanson n’enfreignait pas les règles de l’Eurovision.
“Je voulais faire une chanson sur mon arrière-grande-mère Nazalkhan et les milliers de Tatars de Crimée qui n’ont jamais pu retourner en Crimée, sur l’année qui a changé leurs vies à tout jamais“, expliquait la chanteuse, lors d’un entretien accordé à l’AFP en février dernier. “J’avais besoin” de cette chanson “pour me libérer” de cette douleur et rendre hommage à “ces milliers de Tatars de Crimée” dont il ne reste aucune trace, “même pas de photos”, confiait ainsi la chanteuse, cantatrice de formation et star du jazz dans son pays.
L’Ukraine a devancé l’Australie et la Russie, la France a terminé 6e, ce qui représente son meilleur résultat depuis 2002. La Bulgarie (4e) et la Suède (5e), vainqueur l’an dernier, ont fait mieux. La Belgique est classée 10e.
Et pourquoi pas une Eurovision des peuples d’Europe, pourquoi ne pas penser l’Europe autrement que par le nationalisme ? Tout a prouvé ces dernières années qu’elle s’est construite en majorité sur des divisions et sur une mise en opposition entre les populations qui la composent. Aujourd’hui, la Grande Bretagne, pourtant européenne de naissance, doit voter prochainement pour son maintien dans l’Union européenne des marchés. En cas de Brexit, le Royaume-Uni reprendrait le contrôle de ses frontières et pourrait abolir toutes les règles de l’UE incorporées dans ses lois.
Se posera alors la question de savoir : l’Europe peut-elle vivre sans la Grande-Bretagne ? Pour l’instant, les seules réponses apportées à cette question sont de nature mercantile, aucune ne parlant des populations, seulement de chiffres, de commerce et de marché financier. Et Pourquoi les Anglais ont-ils finalement la tentation de partir ? Il y a, comme chez nous, une puissante vague populiste, répondent certain. Tentation que l’actuel premier ministre veut contrer avec son référendum. De fait le troisième pays le plus peuplé de l’UE n’est pas membre de l’espace Schengen et, outre l’euro, ils n’ont pas signé les textes les plus importants adoptés au plus dur de la crise (le pacte Euro Plus), etc…
En fait, l’Europe n’est qu’une entité politicienne et technocrate, qu’importe ce que pourrait en dire ses peuples ; la pression exercée par les différents membres de l’union européenne n’est au service que des gouvernements de chaque pays qui la compose. C’est pour cela que l’Europe s’est usée et qu’elle a usé ses peuples qui n’ont jamais véritablement compris les enjeux qui s’y jouaient, car la majorité des ces enjeux, non seulement ne les à jamais concernés, mais le plus souvent les a opposés.
L’Europe n’est, au final, qu’une vache à lait qui a dénaturé l’Europe géographique qu’elle est à l’origine. Elle a raté tellement d’occasion d’être forte et responsable que seule une autre approche, une autre vision de celle-ci, pourrait la sauver, nous sauver.
L’Eurovision musicale, d’hier soir, est un exemple que nos politiques devraient suivre : apprendre à chanter ensemble autrement, et d’une seule voix, pour un meilleur futur que celui de la mort qui la guette. Le nationalisme et le populisme sont-elles les deux seules options des populations qui font l’Europe ?
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Photo : Andres Putting (EBU)