Cette présentation met en relation des dessins et des extraits d’ouvrages littéraires que Jean-Jacques Henner possédait.
Considéré au début du XXe siècle, comme l’un des artistes les plus importants de son temps, Jean-Jacques Henner (1829-1905) est remis en lumière et en valeur dans l’hôtel particulier du XIXe siècle qui abrite ses œuvres, des collections qui nous font revivre son Alsace natale puis Paris où il a fait carrière, en passant par la Villa Médicis où il a séjourné suite à son Prix de Rome. L’itinéraire de cet artiste nous permet de comprendre comment travaillait un peintre « officiel » à l’époque de l’impressionnisme.
Actuellement, l’exposition qui y est proposée, permet aux visiteurs d’appréhender les goûts littéraires de l’artiste grâce notamment à sa bibliothèque et de découvrir les sources d’inspiration de nombreux dessins préparatoires à ses tableaux.
Sont ainsi confrontés dessins et extraits d’ouvrages littéraires possédés par Jean-Jacques Henner (Ovide, Théocrite, Virgile, Chateaubriand…) afin de mieux comprendre comment il pouvait s’en inspirer, parfois en en faisant une réinterprétation très personnelle.
La sélection de dessins et d’extraits littéraires propose d’explorer quatre grands axes:
Les Métamorphoses d’Ovide
Jean-Jacques Henner
s’est inspiré des Métamorphoses d’Ovide pour Andromède et Byblis, La Fée aux roches étant un dérivé d’Andromède. Andromède, enchaînée au rocher, attend sa libération par Persée. Byblis est transformée en source par des nymphes.
Les Bucoliques de Virgile et les Idylles de Théocrite
«Passé toute la journée au lit avec Théocrite. Charmantes Idylles.
Très naïves très vraies. Motifs à tableaux charmants. »
Tels sont les mots que l’on peut lire dans le journal de l’artiste le 2 mars 1875. L’idylle correspond à la poésie pastorale, genre poétique fondé par Théocrite (315-250 avant J.-C.), qui conte la vie rustique et les amours des bergers. Henner restitue plutôt l’ambiance des églogues des Bucoliques de Virgile (70-19 avant J.-C.) et des Idylles de Théocrite. Les deux flûtistes dessinées pour l’Églogue sont révélatrices de la liberté acquise par Henner et de la distance prise par rapport à ses sources. Il choisit de dessiner des femmes flûtistes à la place des bergers participant à des concours de chant ou jouant de la flûte.
Idylle, vers 1872, Jean Jacques Henner
Sara la baigneuse, 1902, Jean Jacques Henner
L’inspiration littéraire moderne
Jean-Jacques Henner a également pris pour sujet la littérature moderne et de ses contemporains. En 1902, Paul Meurice, pour l’ouverture du musée Victor Hugo, commande à Jean-Jacques Henner un tableau illustrant le poème Sara la baigneuse des Orientales du poète défunt. Jean-Jacques Henner représente la mort tragique de l’héroïne du roman de Chateaubriand, Atala, en la présence de son frère et amant Chactas et d’un vieil ermite dans une grotte. Enfin, dans la représentation d’Ophélie, en dehors des fleurs, rien ne rappelle la pièce de Shakespeare.
Les tableaux de Jean-Jacques Henner
Source d’inspiration à leur tour : Enfin, les poètes du xlxe siècle se sont inspirés des nymphes des tableaux de Jean-Jacques Henner. Ils lui dédient des poèmes, dont des exemplaires accompagnés de lettres sont conservés au musée. En 1885, Henry Gréville, l’épouse de Durand-Gréville, dédie son recueil de poèmes Idylles à son ami peintre dont elle fait un éloge. Le 29 mai 1901, Philippe Dufour envoie à Jean-Jacques Henner un article sur le Salon de 1901 publié dans L’Estafette, et le poème La Nymphe dédicacé « La Nymphe que vous avez bien voulu me donner en souvenir. »