Homo capax par Mårten Medbo

    0
    1560

    Mårten Medbo
    Mårten Medbo

    Mårten Medbo puise son inspiration de l’île de Gotland, en pleine mer baltique, sur laquelle il vit. Son travail balaie le spectre de la nature, partant de la cellule organique d’origine, puis l’agglomérat cellulaire. Ses sculptures paraissent avoir été congelées pendant leur processus de croissance organique. Leurs structures semblent être sur le point de se détacher de leur propre logique ; elles se libèrent, s’élèvent et commencent même leur mutation.

    Puis les formes prennent vie par le biais de représentations d’ours en peluches ou de petits singes. La société apparaît au fil des scènes de la vie quotidienne dont ces espèces deviennent les acteurs principaux. Les nounours endossent à travers des tableaux le rôle de pompiers – Medbo est lui-même volontaire sur son île – confrontés au hasard de la vie, aux accidents, à la nécessité de sauver leurs frères d’armes… Les petits singes gris et noirs, eux, représentent la société des enfants, avec ses règles tantôt brutales, tantôt empreintes de solidarité et de compassion. L’artiste les met en scène dans les cours de récréation que nous avons tous connues : les uns cognent, tirent ou regardent, les autres encaissent les coups. On aperçoit dans un regard fuyant une larme au coin de l’oeil, quelques gouttes de sang qui coulent du nez dans une main ouverte.

    Dans ses dernières oeuvres présentées à la Galerie NeC, l’artiste articule son travail autour de la condition humaine. Dans cette série, qui est la continuité de Créatures (série réalisée pendant sa résidence au Centre d’Art de John Michael Kholer aux Etats-Unis), Medbo s’interroge sur la nature de l’homme, son enfermement et le regard qu’il porte sur le monde. Pour lui, l’être humain est prisonnier de la perception qu’il a de lui-même et par conséquent du monde dans lequel il vit et qu’il crée. Il s’interroge sur la morale et ses barrières, et l’isolement dans lequel l’homme peut s’engloutir en faisant allusion à la solitude humaine semblable à une île perdue dans l’océan. A force de manipulation de la matière et de destruction, Medbo laisse apparaître une forme humaine à l’aspect incertain au-delà de toute convenance figurative.

    Son choix de matériau se porte cette fois-ci sur le grès et attaché à la valorisation du sujet, il utilise une palette de teintes sourdes, le noir et le blanc.

    Plusieurs fois primé, Mårten Medbo consacre la plupart de son temps à réaliser des commandes publiques et à monter des expositions à travers le monde. Depuis 2010, il prépare une thèse sur la représentation de l’artisanat et des métiers d’art comme mode d’expression contemporaine, et non plus comme une opposition à l’industrialisme ou à une technique liée aux objets fonctionnels.

    C’est dans cette démarche que s’inscrit Homo Capax, soit un homme responsable de ses propres actions, qu’il présente dans une des salles de l’Institut suédois. L’installation illustre le souvenir de son premier job d’été, en 1987 à l’usine de porcelaine de Gustavsberg. Alors qu’il pensait oeuvrer avec les autres céramistes expérimentés à la création de formes inédites, il est finalement installé dans une cage de verre au beau milieu de la cafétéria du musée, avec une table de tourneur, pour divertir les visiteurs. Heureusement, l’un des anciens de la fabrique prend pitié de lui et consacre alors de longues heures à le former.

    Pour Medbo, cette oeuvre illustre ces souvenirs contradictoires d’un même endroit qui ont marqué durablement sa conception de l’artisanat, de la communication artistique et des métiers d’art. L’installation Homo Capax, éponyme d’ailleurs de l’exposition jumelée à la Galerie Nec et à l’Institut suédois, interroge le regard que la société porte sur le travail fait main, son usage et sa consommation, sur la relation entre l’exigence de la société pour les objets bon marché et les gens qui les fabriquent, ainsi que sur la valeur accordée aux connaissances pratiques et empiriques.

    Vernissage en présence de l’artiste. 14.02.2013 / 17:30 – 20:30

    •  à l’Institut suédois de 17h30 à 19h30
    •  à la Galerie NeC de 19h30 à 20h30

    Conférence autour de la céramique contemporaine le 26.02.2013

    Quelle est la place de la céramique dans l’art contemporain et le nouveau regard porté sur ce médium ? De quelle façon les artistes céramistes se l’approprient-ils pour le hisser au rang des arts plastiques ?

    Intervenants : Cilla Robach, conservatrice de Nationalmuseum de Stockholm, David Caméo, directeur général de la Cité de céramique et les deux artistes Mårten Medbo et Grégoire Scalabre. Inscription : institutsuedois@si.se

    Institut suédois

    • 11 rue Payenne
    • 75003 Paris

    Galerie Nec nilsson et chiglien

    • 20 rue Des Coutures Saint Gervais
    • 75003 Paris
    Mårten Medbo
    Mårten Medbo