hommage au talent de Jean- Baptiste Huet au Musée Cognacq-Jay

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Jean-Baptiste Huet - Un dogue se jetant sur des oies, vers 1768-1769, huile sur toile, Paris, musée du Louvre, département des Peintures © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Stéphane Maréchalle
Jean-Baptiste Huet - Un dogue se jetant sur des oies, vers 1768-1769, huile sur toile, Paris, musée du Louvre, département des Peintures © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Stéphane Maréchalle

Jean-Baptiste Huet (1745-1811) et le plaisir de la nature

Jusqu’au 5 juin 2016, le musée Cognacq-Jay met en lumière le talent de Jean-Baptiste Huet, auteur prolifique d’oeuvres peintes, dessinées et gravées, en lui consacrant sa première grande exposition monographique qui présente plus de 72 tableaux, oeuvres graphiques et objets décoratifs de sa main ou inspirés de ses meilleures inventions.

C’est au sein de son milieu familial que Jean-Baptiste Huet commence à se former avant de recevoir l’enseignement du peintre animalier Charles Dagomer et les encouragements de Jean- Baptiste Le Prince, un talentueux élève de Boucher. C’est grâce à ces deux artistes que Huet développera un style naturaliste et gracieux, incarnant le goût Goncourt, celui d’un XVIIIe siècle élégant, séduisant et insouciant des dernières décennies de l’Ancien Régime.

Artiste à la technique exceptionnelle puisqu’il maitrise aussi bien la sanguine, le pastel, l’encre et la pierre noire, et au style aussi talentueux que personnel, Jean-Baptiste Huet, outre ses premiers maitres, puisant également dans l’art italien, hollandais puis plus tardivement dans l’art antique ; il n’empêche que Huet demeure méconnu. D’où l’importance de l’hommage qui lui est ici rendu et qui s’articulera autour de 3 sections thématiques présentant la richesse de son œuvre.

Les oeuvres animalières ouvrent l’exposition, présentant quelques espèces exotiques mais surtout des locales, le bestiaire du maître se composant surtout d’animaux de la campagne, chiens, moutons et chèvres pour l’essentiel. Vient ensuite le tour des plantes, représentée essentiellement par des sanguines et à l’instar de la faune, Huet a puisé dans des variétés locales très communes, voire des « mauvaises herbes ». On rejoint ici la doctrine esthétique des Lumières, qui privilégiait la confrontation directe avec le motif et la fidélité au réel. De nombreuses œuvres sont datées et signées, laissant à croire que l’artiste les destinait avant tout au marché de l’art.

Au sein de la section suivante, sont présentées des images pastorales: badinages amoureux, flâneries campagnardes ou occupations journalières. Jean-Baptiste Huet s’inscrit ici tout à fait dans cette célébration par les Lumières de la vie au grand air, gage de santé, de quiétude et de simplicité, donc de bonheur. Cette appréhension heureuse du monde rural culmine avec les sentiments amoureux, qui s’épanouissent dans la plus parfaite sérénité et harmonie.

Enfin, la production décorative, présente dès les premières années de la recherche artistique de Huet, a assuré la pérennité et le succès des motifs qu’il a créés. Ses gravures et dessins d’ornement se rapportent à des toiles de Jouy et tapisseries bien connues comme des éléments de mobilier restés parfois à l’état de projets. Le répertoire de Huet dans ce domaine se rapporte aussi bien à l’art rocaille finissant qu’au répertoire antique remis à l’honneur, témoignant de l’inventivité renouvelée de l’artiste et de sa sensibilité aux différents courants de l’art de la fin du XVIIIe siècle.

L’artiste, ayant progressivement délaissé les commandes de la couronne, sa fourniture de décors ou de motifs décoratifs pour les cercles privés devait lui assurer une source non négligeable de rétributions, qui compensa ainsi l’absence d’un revenu régulier assuré par les requêtes des Bâtiments du roi. Mais c’est dans ces peintures ornementales que Huet a le mieux laissé éclater son imagination fertile, capable d’allier une sensibilité des plus personnelles aux tendances du moment.

La décennie 1780 correspond pour Huet à une intense période de production pour les tissus fi guratifs, qui peut notamment s’expliquer par la volonté de l’artiste de trouver une nouvelle vocation à son art après ses échecs répétés dans le genre historique

L’entreprise de Huet à Jouy est bien mieux connue, grâce à de nombreux documents, dont des lettres de l’artiste au directeur de la manufacture et un considérable corpus de textiles et dessins en rapport. De 1783 à la mort de Huet en 1811, s’établit avec la manufacture de Jouy une relation des plus fructueuses, qui contribua à sa vitalité et à son rayonnement. L’invention de motifs pour la toile de Jouy fut donc pour l’artiste une occasion exceptionnelle de laisser pleinement exprimer sa créativité. La quarantaine de dessins fournie par Huet à Jouy, qu’ils aient donné lieu à des tissus imprimés ou non, reflète un tempérament innovant jusqu’à la fi n de sa carrière.

Traduit sous forme de textiles de différentes teintes, ornant des murs ou du mobilier, l’oeuvre de Huet pour Jouy peut être considérée comme son héritage artistique : c’est par ces toiles imprimées que son nom reste surtout connu aujourd’hui et rime avec l’un des aspects les plus plaisants de l’art de la fin des Lumières.

Huet fut reçu à l’Académie en 1769, exposant régulièrement au Salon pendant plus de trente ans, et se voyant confier des cycles décoratifs faisant la part belle à la nature. C’est ainsi qu’il orna vers 1765-1770, en compagnie de Boucher et Fragonard, la maison du graveur Gilles Demarteau, ensemble aujourd’hui conservé au musée Carnavalet, et peint autour de 1776 un cycle de toiles à sujet champêtre actuellement au musée Nissim de Camondo.

Photo : Jean-Baptiste Huet – Un dogue se jetant sur des oies, vers 1768-1769, huile sur toile, Paris, musée du Louvre, département des Peintures © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Stéphane Maréchalle 

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Jean-Baptiste Huet (1745-1811) – Le plaisir de la nature
Exposition du 6 février au 5 juin 2016

Musée Cognacq-Jay

8, rue Elzévir – 75003 Paris

museecognacqjay.paris.fr

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