Histoire de Banane dans le Marché de l’Art et du Cochon

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Banane invisible sur assiette blanche en porcelaine de Limoges by Fred Forest

Fred Forest : Pour un nouveau modèle de valorisation du marché de l’art, avec Banane invisible sur assiette blanche en porcelaine de Limoges.

En décembre dernier une banane inconnue, scotchée sur un mur par un célèbre artiste méconnu, a été vendu 120 000 dollars à un crétin inconnu, puis pelée et dévorée par un artiste américain d’origine géorgienne installé à New York.

Toute la valeur résidant dans le certificat d’authenticité, le fruit étant censé se faire remplacer régulièrement plutôt que de pourrir. Le préjudice n’est que très relatif, selon la galerie Emmanuel Perrotin, qui a vendu “Comedian”. “Il n’a pas détruit l’œuvre. La banane, c’est l’idée“, a expliqué son directeur,  au quotidien Miami Herald.

Emmanuel Perrotin sur CBS, qui représente l’artiste, a estimé que l’œuvre « nous force à nous interroger sur la valeur qui est accordée aux biens matériels ». Et d’ajouter auprès de CNN sur le fait que ces bananes sont « un symbole du commerce mondial, une ambiguïté et un instrument classique de l’humour ».

Selon 20 Minutes, il existe trois bananes “The Comedian”. Les deux premières ont aussi été vendues chacune 120.000 dollars à des français.

Dans ce monde salace et difforme où la connerie humaine se surpasse, tout devient possible. Le marché de l’Art ou le Financial Art pour d’autre, nous prouvent une nouvelle fois que l’argent des uns ne fait pas le bonheur de l’ensemble mais qu’il nourrit la voracité de quelques uns. Comme le dit Didier Vivien dans le Nouvel ObsN’était-ce pas la première fois qu’une œuvre ressortissant au Financial Art coûtait aussi peu chère à fabriquer.” Oui bien sûr. Mais si n’importe qui d’autre avait fait la même chose. Telle est la question.

Ce dont personne ne parle, c’est à qui sont allés les 360 000 dollars ? En tous les cas et à priori, pas pour les bonnes oeuvres.

Ce qui m’a fait écrire cette article, c’est que nous avons reçu un communiqué de presse qui nous indique que Fred Forest met en vente une création d’art sociologique intitulée “Banane invisible sur assiette blanche en porcelaine de Limoges“. Cette réalisation, pour disrupter les codes et les cotes du marché de l’art contemporain, et vendue au prix prix similaire de celui de “The Comedian” soit 108 120€ ou 120 000 $. Le montant de la vente étant entièrement reversé à l’association “Mains d’oeuvres de Saint- Ouen”

Fred Forest qui déclare « Le marché de l’art contemporain est opaque ; les cotes des artistes se font par quelques galeries, commissaires et collectionneurs. Mais le monde change. Partout les modèles de production, de consommation et de valorisation sont interrogés sauf sur le marché de l’art contemporain. Il est temps pour lui de se remettre en question et d’entrer dans une nouvelle ère ».

Bien que je trouve cette entreprise pas beaucoup plus intéressante que cela, c’est le nom de Paul Ardenne qui a retenue mon attention, car le communiqué indique que la vente fera l’objet d’un protocole critique spécifique mené par l’historien de l’art et écrivain. Peut-être auront nous là, avec Paul Ardenne, un point de vue, plus intransigeant. Rappelons, que 95% des artistes dans le monde gagnent souvent moins que le smic.

Cette vente se fait dans le cadre de l’exposition d’art participatif “SPACE MEDIA 2020” qui se tiendra à Paris dans la galerie S-Mortier, du 25 janvier au 19 mars 2020.