Le musée du château des ducs de Wurtemberg de Montbéliard propose une rétrospective de l’œuvre de Henry Valensi (1883-1960), peintre de la modernité aux confins de l’orphisme et du futurisme, chef de file du mouvement Musicaliste.
Né à Alger en 1883, le peintre français Henry Valensi a commencé, dès son plus jeune âge, à peindre. Arrivé à Paris, il entre à l’académie Julian dans les premières années du XXème siècle pour y étudier la peinture, Étienne Dinet lui permettant ainsi quelques années plus tard de faire sa toute première exposition au Salon des Orientalistes. Si, à ses débuts, Valensi est impressionniste, il ressent très vite le besoin de libérer son art pictural, rejetant toute objectivité et immobilisme. Jeune hériter, n’ayant pas de problèmes financiers, Valensi se veut libre, tournant le dos au marché de l’art ce qui l’empêchera de se faire connaître. Il adhère à la Société des artistes indépendants et y expose chaque année.
Valensi veut dynamiser sa peinture, aller de l’avant en lui conférant un rythme inédit. Des éléments abstraits apparaissent dans ses toiles alors qu’il se lie d’amitié avec Marinetti et les peintres futuristes ; en 1913, l’artiste trouve enfin sa voie dans le “musicalisme”. Il multiplie les voyages, en Russie et sur le bassin méditerranéen, exposant autant en France qu’à l’étranger.
En 1932, Henry Valensi fonde l’Association des Artistes Musicalistes avec trois autres peintres, Charles Blanc-Gatti, Gustave Bourgogne et Vito Stracquadaini et organise en la Galerie Renaissance) le premier des vingt-trois Salons Musicalistes. Attentif et passionné par l’art et les sons, il pense que la musique, par son rythme et son dynamisme est l’art le plus à même de rendre compte des subtilités de l’âme humaine, et les peintres qui utilisent les couleurs comme des sons, afin de faire vibrer la matière sont des peintres musicalistes, créant subjectivement une “musique” de couleur sur leur toile. Aussi, tel un compositeur, il met en musique les couleurs sur ses toiles.
Valensi franchit ensuite la dernière étape de sa réflexion en introduisant le mouvement réel dans l’espace de la toile, l’art pictural est ainsi bouleversé, débouchant sur la cinépeinture allant jusqu’à nommer symphonie, prélude ou fugue ses œuvres les plus accomplies. A partir de ce jour, Valensi travailla seul, avec une camera installée en banc-titre dans une chambre de bonne-studio, élaborant un film abstrait en couleur qui n’aboutira qu’en 1959 : La Symphonie printanière1trente minutes, 64 000 dessins à partir d’un tableau peint en 1932.
Mais Valensi n’ayant jamais voulu s’intéresser au marché de l’art et à ses acteurs, demeura méconnu. Il sortit de l’ombre il y a quelques années grâce à un livre sorti à l’automne 2013, commandité par les ayants droit et écrit par Marie Talon sous la forme d’un dialogue imaginaire. L’ouvrage contient de nombreux documents d’archives inédits et a été rendu possible grâce à la lecture de thèse de doctorat de Claire Euzet, “le musicalisme, une tendance de l’abstraction”, soutenue en 1996 à La Sorbonne, puis grâce aux confidences de Christiane Vincent Laforce, (âgée de 90 ans en 2014) peintre musicaliste et collaboratrice accompagnatrice de Valensi, (de 1957 à sa mort) et enfin grâce à l’aide d’une jeune étudiante en Histoire de l’Art, Monika Lilkov , qui travaille sur Valensi en 2012 pour son mémoire de master : “La peinture en mouvement”.
C’est ainsi qu’2013, sept des tableaux que l’artiste avait légués à l’État, ainsi que le film de “cinépeinture” La Symphonie printanière ont été présentés pour une durée de 14 mois du 23 octobre 2013 au Centre Pompidou à Paris au 5 janvier 2015, et qu’ensuite Benoit Sapiro et Alain Le Gaillard exposent tableaux et film de Valensi dans leur galerie respective, rue des beaux arts et rue Mazarine à Paris.
Du 15 avril au 17 septembre 2017, le musée du château des ducs de Wurtemberg de Montbéliard propose donc une rétrospective de l’œuvre de ce peintre de la modernité, chef de file du mouvement Musicaliste, que fut Valensi. Cette exposition, intitulée La musique des couleurs, apporte un nouveau regard sur cet artiste singulier du XXème siècle, qui suscite un intérêt grandissant et qui fut à la fois peintre, illustrateur, grand voyageur, penseur éclairé mais aussi théoricien et conférencier intarissable. Une centaine d’œuvres sont présentées au public, des peintures, documents, objets, photographies et films documentaires, la majorité des toiles provenant de nombreux prêts de collectionneurs privés, permettant ainsi de découvrir majoritairement des œuvres inédites.
Rencontres, projections de films, ateliers pour les enfants et conférences seront proposés tout au long de l’exposition. Parallèlement à cette exposition, le château des ducs de Wurtemberg proposera, jusqu’en janvier 2018 , un nouvel accrochage de Jules- Émile Zingg, peintre originaire du Pays de Montbéliard. Et à proximité du musée du château et face au temple Saint Martin, l’Hôtel Beurnier-Rossel, lieu de mémoire de la ville édifié en 1773, propose jusqu’ au 31 décembre 2017 une très belle exposition sur les fossiles.
Henry Valensi – La Musique des Couleurs
Exposition du 15 avril au 17 septembre 2017
Musée du château des ducs de Wurtemberg
25200 Montbéliard
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