Hamid Blad, William Gaye, Cédric Moimem «… sur Marne »

    0
    1649

    A l’occasion de son exposition « Jardins de lumière » (présentée au Centre Iris pour la Photographie jusqu’au 15 septembre 2013), Jacques Cousin a dirigé un stage de perfectionnement et d’expression consacré au collodion humide.

    Durant cinq semaines, au cœur de l’été, il a encadré et conseillé trois photographes : Hamid Blad, William Gaye et Cédric Moimem.

    Perfectionnement technique et maîtrise du procédé ont été abordés dans un premier temps.

    Puis, à l’instar de son approche documentaire sur le Printemps arabe en Tunisie, Jacques Cousin a proposé aux photographes de faire sortir cette technique ancienne d’une démarche purement esthétique, souvent liée au portrait, ou d’une approche patrimoniale historique. C’est autour de la Marne que les trois photographes ont mené leurs projets photographiques, en abordant différents aspects et différentes thématiques. C’est au début le prétexte pour expérimenter la manière dont cette technique oblige à regarder différemment, mais très vite l’implication dans le sujet lui-même a repris toute sa place. Au delà du procédé… Également à cause de lui.

    Hamid Blad a décidé de travailler sur le « fait divers », réel ou fictionnel, autour du fleuve. Son envie est de travailler de manière contemporaine avec ce procédé ancien, de l’expérimenter dans un domaine pour lequel il n’a jamais été utilisé. Ses images naviguent entre passé et présent, entre mémoire des lieux et actions à venir.

    William Gaye se concentre sur les « clichés » de la Marne. C’est une mise en abyme de la notion de « décor » qu’il propose à travers sa série d’images. Entre survivance du passé (les guinguettes, les anciens studios de cinéma), accélération économique (les parcs d’attraction et les centres commerciaux), il dévoile comment la Marne – et avec elle ses habitants ou entreprises – se met elle-même en scène, entre décorum et modernité.

    Cédric Moimem a orienté son approche de la Marne sous l’angle documentaire, en constituant un jeu de parcours, principalement autour des transports, de l’habitat et des loisirs. Il met en exergue la perpétuelle évolution architecturale autour de la ligne A du RER, tant du point du vue des infrastructures que des cadres de vie. Il y inclut une parenthèse sur les bases de loisirs qui jalonnent le fleuve.

    • Exposition du 20 septembre au 9 novembre 2013

    A l’occasion de “… sur Marne”, l’exposition Jardins de lumière de Jacques Cousin sera présentée dans un nouvel accrochage du 20 septembre au 8 novembre 2013.

    Ce sont donc deux réactions qui se combinent dans la série « Jardins de lumière » : une révolution historique, à l’échelle d’un pays, et un mouvement de révolte personnel et construit contre l’aseptisation du regard.

    Depuis plusieurs années, Jacques Cousin s’interroge sur l’acte photographique. Sur son « pourquoi » et son « comment » à l’heure de l’accélération folle induite par l’évolution technologique et la disparition de l’argentique.

    Son parcours photographique en agence l’a conduit dans de nombreux pays, principalement en Europe et au Proche-Orient. Ses sujets de prédilection sont liés à la religion et aux enjeux sociaux. En 2010, il ressent un besoin de « ralentir » le processus photographique pour mieux interroger ce médium. Le collodion humide sur verre* s’avérera être le procédé qui lui permettra de répondre au plus près à ce questionnement sur la photographie, sur la fabrication des images, sur leur finalité.

    * Le collodion humide (1850 – 1880) est le premier procédé photographique à côtoyer l’Histoire de près. Roger Fenton (1853-1855), suivi de Felice Beato et Robertson couvrent la Guerre de Crimée. Aux Etats-Unis Mathew Brady, Alexander Gardner, Timothy O’Sullivan, George Barnard et d’autres couvrent la Guerre de Sécession. En juin 1860, Gustave Le Gray photographie Garibaldi au moment de l’expédition des Mille en Sicile, Eugène Sevaistre est également présent et photographie les barricades de Palerme. Ce procédé s’est ensuite évanoui autour des années 1880 avec l’arrivée du gélatino-bromure d’argent qui a permis l’industrialisation de la photographie et conduit à une recherche constante de toujours plus de rapidité et toujours plus de miniaturisation.

    Centre Iris pour la photographie