Journaliste et écrivain américain, la vie de Hunter Stockton Thompson a fait couler beaucoup d’encre. Une ombre planait déjà quant à sa date de naissance… On le croyait de 1937 mais il se déclarait de 1939, un mensonge qu’il avait de toute pièce monté afin d’intégrer plus tôt une rédaction… Un mensonge qui en dit long sur la personnalité de cet homme connu pour être un épicurien halluciné, mythomane, toxicomane et psychopathe et grand défenseur des libertés individuelles.
De nature athlétique et précoce intellectuellement, ayant ainsi lu les classiques philosophiques et la tragédie grecque à l’âge de 8 ans, son côté rebelle, insubordonné et vandale l’ont hissé au rang d’icône internationale.
Au fil des ans, Thompson publiera des articles dans un grand nombre de journaux reconnus tels Le Time, le New York Herald Tribune, Rolling Stone, le National Observer, Esquire, Pageant, The Nation, pour qui il écrira entre autres un article sur le gang de bikers Hells Angels de Californie et The New York Times Magazine dans lequel il décrit le mouvement hippie, The Hashbury is the Capital of the Hippies, comme largement dominé par des “nouveaux-venus” dont le seul but est de se procurer de la drogue, et dénué selon lui de courage politique et de profondeur artistique, contrairement à la New Left et à la Beat generation, article qui restera dans les annales !
Il écrivit plusieurs romans, Prince Jellyfish, The Rum Diary, Fear and Loathing in Las Vegas en 1972, The Johnson File, un livre satirique sur Lyndon B. Johnson, et différents écrits consacrés à la mort du rêve américain ainsi que quelques nouvelles.
Hunter S. Thompson a popularisé le principe de « journalisme Gonzo », un journalisme de terrain datant des années 60, inventé par Bill Cardose et reposant sur une enquête journalistique axée sur l’ultra-subjectivité, faite de récits à la première personne, de rencontres, et de prise de drogues, tout cela combiné à une plume féroce et à un fort engagement politique. Le premier aperçu du journalisme Gonzo apparut à travers le livre Hell’s Angels: The Strange and Terrible Saga of the Outlaw Motorcycle Gangs qui fut plutôt bien reçu par les critiques et connut un grand succès auprès du public. Mais c’est le révolutionnaire article The Kentucky Derby Is Decadent and Depraved qui est considéré comme le texte fondateur du journalisme Gonzo dans lequel Thompson fait preuve d’un style nouveau, ultra subjectif, autobiographique et sarcastique qui deviendra sa marque de fabrique.
Il se suicida à son domicile avec sa propre arme à feu devant sa machine à écrire où était seulement écrit la date du 22 février 2005 et le mot “conseiller”.
Excentrique jusque dans la mort, Johnny Depp exauça son dernier vœu en propulsant ses cendres depuis un canon placé en haut d’une tour que Thompson avait fait construire lors de sa campagne pour l’élection du sherif d’Aspen.
Les éditions Nada, avec ce nouveau livre, nous entraine dans le mysticisme du journalisme « Gonzo », dans les pages les plus sombres de la politique américaine, au rythme d’une vie qui défraya toutes les chroniques, dépassant largement la fiction même.