Ghada Amer : Red Bang - RFGA, 2014
Ghada Amer : Red Bang - RFGA, 2014

Ghada Amer une double exposition événement : Une exposition d’œuvres de ces 10 dernières années et un jardin de cactus monumental dans la nef.

Née au Caire en 1963, Ghada Amer arrive en France à l’âge de 11 ans. Elle suit une formation artistique à la Villa Arson de Nice. C’est au milieu des années 1990 qu’elle décide de s’installer à New York, où elle réside toujours aujourd’hui. En 2017, elle reçoit le Award for African Art (Smithsonian Institution, National Museum of African Art, Washington D.C., USA).

Après la grande exposition monographique que lui a consacré́ le ccc en 2000, Ghada Amer revient en France avec une proposition inédite qui met à l’honneur ses récentes productions new-yorkaises. Une occasion rare de redécouvrir le travail de cette artiste incontournable de la scène contemporaine internationale au travers de deux expositions au ccc od. Puisant ses sources dans des registres aussi divers que la mode, la pornographie, les contes enfantins, les textes et poèmes médiévaux orientaux, Ghada Amer nous parle d’amour, de sentiments et des images préconçues de la femme. Les messages qu’elle reprend, les corps nus qu’elle reproduit et qui empruntent des poses suggestives, livrées au regard du spectateur, sont autant de prises de position visant à l’ empowerment de la femme. Elle est représentée par les galeries Cheim&Read (New York), Kewenig (Berlin) et Kukje Gallery (Séoul).

Avec “dark continent” du 2 juin 2018 au 4 novembre 2018, Ghada Amer investit la galerie noire du centre d’art avec une vingtaine d’œuvres : ses toiles brodées, réalisées dans ce style si particulier qui a fait sa renommée depuis les annexes 1990, qu’elle fera dialoguer avec ses dernières recherches sculpturales dans lesquelles elle explore le métal.

dark continent

Depuis 1990, Ghada Amer recourt à la broderie pour s’attaquer à la peinture et s’inscrit dans la tradition de ce medium, employé comme outil politique par les femmes artistes depuis les années 1970. Puisant ses sources dans des registres aussi divers que la mode, la pornographie, les contes enfantins, les textes et poèmes médiévaux orientaux, Ghada Amer nous parle d’amour, de sentiments et des images préconçues de la femme. Les mots et les corps brodés s’inscrivent sur la toile, entre effacement et révélation. La beauté saisissante de son travail de coloriste vient se télescoper en second lieu avec le caractère brut des images et des textes qu’elle choisit. Ces pièges visuels nous révèlent un territoire théorique et esthétique insoupconné dont la femme constitue l’élément central. Le terme désigne communément la partie inapparente ou inconnue d’une chose et renvoie chez Amer à la part de secret contenue dans le dévoilement progressif du motif brodé. Il nous vient en fait de Sigmund Freud, pour qui « la vie sexuelle de la femme adulte est encore un dark continent (continent noir) pour la psychologie¹». C’est cette zone d’ombre que Ghada Amer expose à la lumière crue de la galerie noire grâce aux sujets qu’elle choisit. Les messages qu’elle reprend, les corps nus qu’elle reproduit et qui empruntent des poses suggestives, livrées au regard du spectateur, sont autant de prises de position visant à l’ empowerment de la femme. Les hommes sont parfaitement absents de ses compositions. Ses femmes n’ont besoin de personne.

Mais le « Dark Continent² » fait également référence à l’Afrique, terre d’origine de Ghada Amer. Née dans l’Egypte des années 60, elle est élevée dans une famille d’intellectuels musulmans. Elle grandit en regardant vers l’Ouest puis lorsqu’elle sera installée en France, elle sera témoin des changements de la société égyptienne. C’est cette culture hybride, entre Orient et Occident, qui a façonné son approche de l’art ainsi que son regard porté sur le monde et sur la place de la femme dans la société. Une vision critique et distanciée qui ne boude pas pour autant une recherche fondamentale de la beauté et de l’émotion.

1) Dans son texte en allemand datant de 1926, Freud emprunte ce terme anglais à Henry Morton Stanley, journaliste et explorateur britannique qui publie Through the Dark Continent en 1878
2) Parfois traduit par « Continent noir »

Et du 2 juin 2018 au 6 janvier 2019 avec “cactus painting“, dans la Nef, l’artiste a été invité à réactiver à une échelle monumentale son Cactus Painting, un jardin intérieur conçu comme une référence détournée et piquante à la grande tradition de la peinture abstraite américaine.

cactus painting

En parallèle à sa production picturale, Ghada Amer développe depuis 1999 un travail sur les jardins. Dès 2000, dans le cadre de son exposition «Ghada Amer, Monographie et Jardins» au ccc, invitation lui est faite de réaliser trois formes de jardin : l’une dans le jardin du Musée des Beaux-Arts de Tours, l’autre dans le parc du Château du Rivau et enfin, un jardin d’hiver au ccc, alors situé rue Marcel Tribut. C’est ce dernier jardin qui fait l’objet d’une réactivation dans la majestueuse Nef du ccc od en 2018.

Cactus Painting : du ccc rue Marcel Tribut à la Nef du ccc od

Des milliers de cactées aux formes et couleurs diverses impriment un motif virtuose sur le sol, référence détournée et piquante à la grande tradition masculine de la peinture abstraite occidentale. Expérimenté sous une première forme au ccc en 2000, cette réactivation d’un jardin hostile constitue une façon colossale d’aborder la question de la place des femmes dans l’histoire de l’art en faisant subtilement référence aux maîtres de la peinture abstraite américaine de l’après-guerre tel Josef Albers ou encore Frank Stella.

  • A signaler le dimanche 3 juin à 16h : Grande conférence de Ghada Amer, par Elodie Stroecken, chargée d’exposition.

Photo :  Ghada Amer : Red Bang – RFGA, 2014 – Courtesy Cheim & Read, New York

Ghada Amer : dark continent et cactus painting

CCC OD de Tours
jardin François 1er
37000 Tours

http://www.cccod.fr