Fin de Fiesta à Séville au Musée International des Arts Modestes

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Fin de fiesta à seville
Fin de fiesta à Séville

Depuis quelques années, le Musée International des Arts Modestes (MIAM) tente de dessiner une nouvelle cartographie du monde et de ses créateurs, de ses cultures savantes, modestes et populaires. C’est d’abord le partage des découvertes et des rencontres faites aux quatre coins du monde. Il fallait inventer de nouvelles routes pour vous y conduire et de nouvelles frontières pour essayer de comprendre. Pour vous présenter ces capitales où l’art s’invente à profusion, les historiens d’art, commissaires d’exposition, conservateurs ou ethnologues auraient conçu des expositions scientifiques, exhaustives, prétendant à un panorama complet. Seul un artiste peut donner une alternative à cette description méthodique d’un lointain inconnu ou d’un voisin que l’on croit connaître. Séville ne nous paraît pas aussi inaccessible ou exotique que Manille ou Winnipeg. Sa culture populaire et son imagerie baroque, déversées par les agences de voyage et la littérature touristique nous paraissent à tort familières. Le regard de Curro González vous entraîne loin des clichés colorés et envoûtants loin des ors et du sang du taureau, loin des guitares et des castagnettes. Grâce aux artistes qu’il a sélectionnés, Séville dévoile des visages insoupçonnés et déroutants! Une vraie chance pour nous de découvrir la belle endormie. Curro González andalou depuis toujours et Sévillan toute sa vie, n’a jamais caché sa perplexité devant ma proposition. Et c’est avec beaucoup de courage et de confiance dans le MIAM qu’il a pris en charge cette troisième exposition consacrée à une ville et à ses créateurs. Hervé Di Rosa

 Fin de Fiesta à Séville

Si un catalogue imaginaire de l’art modeste pouvait inclure les souvenirs que les intellectuels européens ont collectés pendant leur Grand Tour, il faudrait réserver un chapître pour les collections de ceux qui passèrent par l’Espagne. Avec l’arrivée du romantisme, ces voyageurs, principalement français et anglais, qui se rendaient en Afrique du Nord à la recherche des valeurs primitives, authentiques et disparues dans la civilisation européenne, finirent par découvrir en Espagne un orient proche. De leur récit, il nous reste un territoire idéal, peuplé de personnages et coutumes qui, avec le temps, se sont popularisés jusqu’à devenir des clichés persistants. Dans le jeu rhétorique de leur représentation, l’Andalousie assumera l’image de l’Espagne toute entière, de la même manière que Séville o rira le scénario capital de ce monde du Sud alors « découvert ». On a déjà beaucoup écrit sur l’image de Séville, la ville dans laquelle le mudéjar se travestit de baroque, et vice-versa. Une ville, capitale mondiale après la découverte de l’Amérique, vivant, depuis, la décadence de ces lieux qui se retrouvent attrapés dans leur passé à force de l’ignorer. Malgré cela, depuis 500 ans, Séville n’a pas cessé d’être le principal foyer d’activité artistique du sud de l’Espagne. Or, il est probable qu’aucune production artistique n’a jamais eu autant de projection interna- tionale que celle qui s’est déroulée durant le XIXe siècle, l’école « costumbrista » sévillane, qui, au bout du compte, dressait le portrait et inventait ce qu’on attendait d’elle. Au XXe siècle, les timides essais de rénovation ont à peine pu dépasser les stéréo- types hérités de l’école costumbriste du XIXe. C’est plutôt le contraire qui arriva, avec la résurgence dans les années 30 et leur persistance plus tard durant l’isolement imposé par la dictature franquiste. Ce ne fut pas avant la fin des années 70 et les années 80, coïncidant avec la fin de la dictature et les débuts de la démo- cratie, que la scène artistique de la ville commença à secouer plus vivement ces clichés. C’est justement à ce moment du débat que se situe le regard proposé par cette exposition. L’exposition du MIAM montrera les travaux de plus d’une trentaine d’artistes liés à la ville de Séville. De Martinez de León, artiste singulier qui condensa dans les lignes agiles de son personnage Oselito l’essence du « Populaire », aux a ches que Daniel Alonso réalisera pour son groupe de musique, cette exposition voudrait montrer la scène créative récente de Séville. Centrée sur la génération d’artistes qui apparaissent dans la ville dans les années 80 – durant ces années est abordée ouvertement la problématique du genius loci dans le contexte international, l’exposition présente les œuvres et les auteurs qui incarnent le mieux un regard ironique et sans complexe sur les stéréotypes culturels. Un regard qui aidera peut-être à repenser, dans un monde culturel de profils dilués, la réalité et la fiction de toute identité établie. Curro González.

  • Exposition du du 11 avril au 21 septembre 2014

MIAM

Musée International des Arts Modestes

  • 23 quai Maréchal de Lattre de Tassigny
  • 34200 Sète France
  • www.miam.org