Pierre Bergé , Laurent Fabius, Erik Orsenna, et Jérome Clément en présence de nombreuses personnalités ont lancé à la Cité de la Musique à Paris, en avant première, la 2ème édition du Festival Normandie Impressionniste. Cet événement pluri-culturel, grand public, se déroulera du 27 avril à 29 septembre 2013 sur les 2 territoires normands et sur 5 départements. Fort du succès de 2010, en rassemblant près de 1 million de visiteurs, cette nouvelle édition rassemblera plus de 600 manifestations autour de ce courant de l’Art mondialement connu, et né en Normandie : Impressionnisme.
Peinture, art contemporain, cinéma, photographie, musique, littérature… Avec sa programmation ouverte à tous les arts, mais aussi avec ses animations festives et conviviales, le premier Festival Normandie Impressionniste a remporté un vif succès en 2010. Succès populaire, avec plus d’un million de visiteurs, issus d’un public large, divers et familial. Succès médiatique et touristique également, imposant la Haute et la Basse-Normandie dans le trio de tête des régions les plus visitées de France.
L’eau, un thème qui irrigue la deuxième édition du festival
La seconde édition du festival est placée sous le signe de l’eau. Un élément cher aux artistes et indissociable de la Normandie, berceau de l’Impressionnisme. En effet, la région, avec ses ciels changeants, ses vertes vallées traversées par la Seine et ses quelque 600 kilomètres de côtes maritimes, est indéniablement une terre d’eau. Eclaircies soudaines, vagues grondantes, boucles plus tranquilles du fleuve, mais aussi étangs et bassins d’agrément… dans cet élément miroitant, toujours changeant, les Impressionnistes, peintres de l’éphémère et de la lumière, ont toujours trouvé un puissant moteur d’inspiration. Entre paysages et scènes de la vie quotidienne, cette édition de Normandie Impressionniste rendra donc hommage à un thème qui figure au coeur de leur oeuvre.
Un programme de Maîtres
A l’affiche de cette nouvelle édition, quatre expositions majeures co-produites avec la Réunion des Musées Nationaux. La couleur réfléchie – L’Impressionnisme à la surface de l’eau, proposée par le Musée des Beaux-Arts de Rouen, réunira les plus grands peintres (Monet, Pissarro, Caillebotte, Renoir et Sisley, entre autres) autour du motif du plan d’eau.
Le Musée des Beaux-Arts de Rouen accueillera par ailleurs, en préfiguration du Musée des Pêcheries de Fécamp, l’exposition Les Falaises de Monet, ces autres cathédrales. Un événement qui nous permettra de découvrir certains des tableaux les moins connus de Monet, qui comptent pourtant parmi les plus beaux et les plus aboutis réalisés par l’artiste en bord de mer et en milieu extrême, ici les précipices. Un été au bord de l’eau – Loisirs et Impressionnisme, au Musée des Beaux-Arts de Caen, témoignera en 80 tableaux d’une tendance en plein essor dans la seconde moitié du XIXe siècle, celle des loisirs en lien avec l’eau. On découvrait alors les joies des bains de mer, du canotage et des régates… des activités de plein air qui permirent aux Impressionnistes d’intégrer la figure humaine à leurs chers paysages. Enfin, Pissarro dans les ports, au Musée d’art moderne André Malraux du Havre, nous présentera un Pissarro à l’inspiration résolument urbaine.
D’autres hauts lieux culturels du territoire normand s’empareront de ce thème à multiples facettes. Aussi le Musée des Impressionnismes de Giverny proposera-t-il successivement Signac, les couleurs de l’eau et un hommage aux célèbres Nymphéas de Monet par le peintre japonais contemporain Hiramatsu Reiji. La Seine dans l’oeuvre de Victor Hugo, l’élément aquatique chez Maurice Denis, la sensibilité impressionniste de Christian Dior, le motif de la pluie chez les peintres, les premières photographies de la Côte fleurie, ou encore la vallée de l’Orne vue par le photographe Olivier Mériel seront quelques-unes des nombreuses autres expositions à découvrir à Granville, Cherbourg, Vernon, Evreux, Pont-Audemer, Saint-Lô, Trouville ou Jumièges.
Plus de 600 manifestations sur tout le territoire normand
Et parce que Normandie Impressionniste se veut ancré dans son temps et ouvert à tous les arts, le festival donnera également la parole aux créateurs d’aujourd’hui, toutes disciplines confondues. D’avril à septembre 2013, plus de six cents événements seront proposés au public, couvrant tous les domaines : photographie, art contemporain (avec les installations d’artistes d’envergure internationale dans les rues de Rouen pour le Festival Rouen Impressionnée), musique, avec les Musicales de Normandie, cinéma (avec notamment des représentations de La Belle Nivernaise, film muet de Jean Epstein, accompagnée en live par le médiatique pianiste Jean-François Zygel et l’orchestre de l’Opéra de Rouen Haute-Normandie), lectures, conférences et colloques, performances, mais aussi événements festifs, comme les Fêtes de la Peinture ou les guinguettes et les déjeuners sur l’herbe au bord de l’eau.
Une dimension éducative et pédagogique forte Souhaitant donner un coup de projecteur aux jeunes talents du territoire et toucher des populations parfois éloignées de l’offre artistique et culturelle, Normandie Impressionniste a souhaité, en 2013, renforcer sa vocation éducative et pédagogique.
A travers le soutien du peintre et sculpteur à la réputation internationale Gérard Garouste et de son association à vocation sociale et éducative La Source-La Guéroulde, le festival est également fier d’accueillir en son sein une scène de spectacle mobile. Conçue et décorée par les enfants de la Source, avec l’aide d’artistes chevronnés, cette scène itinérante se rendra au-devant des habitants du territoire normand pour leur proposer lectures, conférences et concerts.
JEROME CLEMENT : « L’Impressionnisme est avant tout une démarche innovante ».
Vous êtes associé, pour la seconde fois, au Festival Normandie Impressionniste. Qu’est-ce qui vous plaît dans cette aventure ?
J.C. : Ma première expérience, il y a trois ans, en tant que Président du Conseil scientifique, m’avait tellement plu que j’ai voulu récidiver. La Seine et beaucoup de paysages normands sont au coeur de la naissance du mouvement impressionniste – par paysages, j’entends évidemment aussi les monuments, et en premier lieu les cathédrales. Valoriser ce patrimoine en mobilisant les forces vives de toute la région Normandie autour d’un grand événement culturel avait été une expérience passionnante. C’est donc avec une grande joie et beaucoup d’enthousiasme que j’ai accepté d’en être cette fois le Commissaire général, lorsque Laurent Fabius me l’a proposé. Si la première édition a remporté un succès magnifique, on a envie de faire encore mieux la deuxième fois !
Quel est précisément votre rôle dans l’organisation de cette manifestation ?
J.C. : J’ai la responsabilité d’animer l’ensemble, et de faire en sorte que tout se passe bien. Normandie Impressionniste est administré au quotidien par une équipe dédiée, conduite par Françoise Gaudin. Sont également impliqués dans l’événement des responsables politiques, et notamment des élus, au premier rang desquels Laurent Fabius, ainsi que le Conseil scientifique, présidé par Erik Orsenna. Mon rôle est de veiller à la bonne harmonie de l’ensemble, de résoudre les problèmes qui pourraient éventuellement se poser au niveau des prêts d’oeuvres, des financements, de la participation des uns et des autres, de veiller à la cohérence des programmes, d’opérer les choix quand c’est nécessaire… Bref, de donner au festival une impulsion qui correspond à celle souhaitée par les responsables politiques de l’événement.
Vous souvenez-vous de votre première rencontre avec l’Impressionnisme ?
J.C. : Il y avait chez ma mère un tableau de Boudin. Celui-ci était un faux, mais l’important est ailleurs : il a été mon premier contact avec ce mouvement artistique. Quand on est enfant, il y a parfois des affiches ou des reproductions qui vous frappent. Les coquelicots de Renoir, je m’en souviens également très bien. Ce devait être l’affiche d’une exposition, là encore accrochée chez moi. Et à force de l’avoir sous les yeux, je m’en suis imprégné… c’est souvent par des petits détails comme cela que, finalement, on se familiarise avec les chefs d’oeuvre, pas forcément dans les musées. Plus tard, mon premier contact direct avec une oeuvre a été la salle des Nymphéas, de Monet, à l’Orangerie. Un grand choc.
Quel esprit souhaitez-vous insuffler à cette seconde édition ?
J.C. : Une grande ouverture. Nous souhaitons élargir notre programmation à tous les arts et à tous les publics. Associer les jeunes à cet événement nous tient beaucoup à coeur. L’éducation artistique est un véritable enjeu de société ; éveiller le regard, attirer la curiosité, l’une des missions clé de Normandie Impressionniste. C’est pourquoi un accent particulier sera mis sur les projets pédagogiques. Dans cet esprit, nous nous réjouissons de l’engagement de Gérard Garouste, et de son projet mené avec son association La Source.
En 2012, peut-on dire que l’Impressionnisme est toujours vivace ? En quoi ce mouvement continue-t-il d’irriguer la création d’aujourd’hui ?
J.C. : L’Impressionnisme n’est pas seulement un produit, c’est avant tout une démarche innovante, donc un gage de modernité. L’invention de la peinture en tubes, qui a amené les artistes à travailler en extérieurs, et le fait qu’ils aient été les observateurs et les interprètes attentifs de tout ce qui se passait autour d’eux, sont des éléments qui témoignent d’un processus de rupture avec le passé. C’est ce chemin créatif que l’on veut soutenir et encourager. Celui de ceux qui créent, qui imaginent de nouvelles formes d’expression. « De l’audace avant tout », c’est le message de Normandie Impressionniste. Il y a des formes d’expressions originales comme l’art vidéo, les performances, les installations… et le croisement de toutes ces disciplines nouvelles constitue en lui-même un ferment d’invention et de créativité. C’est ce qui est intéressant. Artistes, visiteurs, allez-y, étonnez-nous !
- Le site du Festival Normandie Impressionniste : www.normandie-impressionniste.fr
Photo by Jean Marc Lebeaupin pour artsixmic