Depuis leur,arrivée à Marrakech en 1966, Yves Saint Laurent et Pierre Bergé n’ont cessé d’être fasciné par la culture et l’art berbères. Au cours des années, ils ont collectionné, admiré cet art qui s’étend sur plusieurs pays à la fois. À juste titre, les Berbères ont toujours été fiers de leur culture qu’ils n’ont cessé de revendiquer malgré les vicissitudes qu’ils rencontraient. À Marrakech, pays berbère, dans le Jardin Majorelle créé par un artiste qui a peint tant de scènes, d’hommes et de femmes berbères, c’est naturellement que l’idée de ce Musée s’est imposée.
Yves Saint Laurent et Pierre Bergé viennent d’emménager dans leur nouvelle villa à Dar Es Saada, villa qui jouxte le Jardin Majorelle dont ils deviennent, en voisins, de fidèles visiteurs, avant d’en faire l’acquisition en 1980 pour le sauver d’une destruction certaine. Le couple entame alors la restauration du Jardin Majorelle, comme celle de l’atelier de peinture érigé en son sein. Commandé par Jacques Majorelle à l’architecte Paul Sinoir en 1931, il restera en usage jusqu’à la mort du peintre en 1962. C’est au milieu des années 1980 que Pierre Bergé et Yves Saint Laurent décident de le transformer en musée d’art islamique. Le décorateur américain Bill Willis en assurera la muséographie.
C’est la première fois au Maroc, qu’un musée présente exclusivement une collection d’objets berbères provenant de diverses régions du Maroc, du Rif jusqu’au Sahara. Au cœur du Jardin Majorelle, l’ancien musée d’art islamique a été entièrement rénové pour devenir le Musée Berbère et abriter cette collection d’art berbère dans des conditions de présentation et de conservation conformes aux normes muséographiques internationales.Sur une surface d’exposition de 200 m2, le Musée présente plus de 600 objets, en un panorama exigeant sur la culture berbère au Maroc.
“Ce sont en majorité des objets en provenance du musée berbère que cette exposition présente. Si j’ai voulu qu’elle soit consacrée aux « femmes berbères » c’est parce que l’essentiel des objets les concerne. C’est aussi à cause du rôle prépondérant qu’elles assurent dans la transmission de l’identité : la langue, les savoir-faire, l’éducation des enfants. ” Pierre Bergé
Les Berbères, ou Imazighen, sont un ensemble d’ethnies autochtones d’Afrique du Nord ; ils occupaient à une certaine époque un large territoire qui allait de l’ouest de la vallée du Nil jusqu’à l’Atlantique et l’ensemble du Sahara et y fondèrent de puissants royaumes, formés de tribus confédérées.
Ils connurent la conquête romaine, la christianisation, l’invasion vandale, la conquête arabe et la conversion à l’islam. Ce sont ces conquêtes successives qui ont façonné le visage du Maroc et la mixité qui y est reflétée est caractéristique de ce pays.
Les Berbères ont une langue et une culture qui leur sont propres ; En tant que premiers habitants du Maghreb, ils préfèrent être nommés les Amazighs, les »hommes libres » plutôt que les Berbères qui désignent les « barbares ».
La reconnaissance de leur culture s’est faite attendre, mais sa majesté Mohammed VI, dont la mère est berbère, reconnait cette pluralité de l’identité marocaine et la nouvelle constitution prévoit dans son préambule une reconnaissance de la composante amazigh dans l’identité marocaine, et la langue berbère est consacrée langue officielle après l’arabe.
Les femmes sont naturellement associées à la production culturelle, en particulier dans le secteur traditionnel. Garantes de la pérennité des traditions et de la langue, elles ont assuré la sauvegarde de l’héritage culturel des tribus. Cette transmission passe par des symboles que l’on retrouve dans le henné, le tatouage, le maquillage, les bijoux, et comment ne pas établir de lien entre femmes et artisanat ? La poterie, le tissage, la décoration des murs, des jarres à grains, la broderie etc est principalement le fait des femmes.
L’exposition s’articule autour de trois thématiques et espaces distincts :
- Portrait de la femme berbère du Maroc : découverte historique, géographique, sociétale et tribale des femmes berbères d’hier et d’aujourd’hui.
- Savoir-faire et artisanat : On retrouve dans les objets du quotidien ou de fête issus du tissage, de la poterie et de la vannerie les techniques et les décors propres aux femmes berbères marocaines
- Parures et costumes : Les groupes berbères, qu’ils soient sédentaires ou nomades ont chacun des tissages, couleurs, armes et bijoux qui leur sont propres, ce qui donne à leurs rassemblements une apparence chaleureuse et exubérante.
- Les parures des femmes, qui reflètent leur identité tribale ainsi que leur statut social sont aussi une forme d’épargne disponible selon les aléas économiques d’une société paysanne. Elles ont en commun d’être réalisées en argent selon trois techniques et décors propres à chaque région : moulage, ciselage et filigrane, puis émaillage, niellage, gravure et sertissages de cabochons de couleur. C’est le domaine d’artisans bijoutiers remarquables, souvent itinérants. Les colliers sont composés par les femmes qui associent, selon un mode propre à leur région, ambre, corail, amazonite et éléments d’argent. Autant de matériaux et de formes symboliques aux vertus prophylactiques.
- Commissariat : Björn Dahlström
- Scénographie : Christophe Martin
- Production : Fondation Pierre Bergé –Yves Saint Laurent
- Exposition du 21 mars au 20 juillet 2014
La Fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent
Cette fondation constitue le prolongement de l’histoire de la maison Yves Saint Laurent, dont l’activité haute couture a pris fin le 31 octobre 2002, après 40 ans de création. Elle retrace la mode créée par Yves Saint Laurent, une mode qui révèle les ressorts de la société. En se servant des codes masculins, il apporta aux femmes l’assurance, l’audace et le pouvoir, tout en préservant leur féminité. Ses créations ont accompagné les femmes dans tous les domaines de leur émancipation, privés, sociaux et politiques.
La Fondation s’est fixée trois missions :
- La conservation des 5 000 vêtements et 15 000 accessoires haute couture, et des 50 000 dessins et objets divers qui témoignent de la création de Yves Saint Laurent
- L’organisation d’expositions de mode, peinture, photos, arts décoratifs etc.
- Le soutien d’actions culturelles et éducatives.
En 2010, la Fondation a reçu dans son patrimoine le Jardin Majorelle de Marrakech au Maroc. Elle a été reconnue d’utilité publique le 5 décembre 2002.
Les travaux menés à la fermeture de la maison de haute couture en 2002 ont permis d’aménager 200 m2d’espaces d’exposition qui accueillent depuis 2004 deux expositions par an de mode, peinture, photographie, arts décoratifs, etc… Autour de chacune de ses expositions, un cycle de conférences ouvertes à tous : commissaires d’exposition, historiens, conservateurs, réalisateurs viennent approfondir et enrichir le regard que nous portons sur les sujets abordés par l’exposition en cours. La mission principale de la fondation étant de faire rayonner l’œuvre de Yves Saint Laurent en France et à l’étranger, elle organise de nombreuses expositions hors les murs de l’avenue Marceau.
Enfin, poursuivant son action en faveur de la création, la Fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent soutient des manifestations culturelles françaises et internationales. Elle conduit une politique de mécénat cohérente en apportant un soutien durable à certaines institutions tel : Le Festival d’automne à Paris , voué aux arts contemporains et qui présente des œuvres de référence et suscite des démarches expérimentales en passant des commandes à des créateurs. Le Palais de Tokyo : les Modules Fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent proposent chaque mois à deux artistes émergents de la scène française d’exposer dans le centre d’art.
La Fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent
- 5 avenue Marceau
- 75116 Paris
- www.fondation-pb-ysl.net
Femmes berbères du Maroc