L’eau, l’air, la vie, le feu, la technologie, c’est ce qui fait avancer Fabrizio Plessi ! Maître de son univers, il parcourt la terre à la recherche de nouvelles conjugaisons, pour inventer encore et toujours des mariages techniques et révolutionnaires. Dans un autre siècle il aurait certainement été un grand sorcier car dans notre monde d’aujourd’hui il est un merlin l’enchanteur qui met en scène et en œuvre ce qui l’attire le plus, c’est à dire l’eau et la vidéo, afin d’ “apporter une contribution positive à une société qui, apparemment, mais seulement apparemment, n’a aucun besoin d’art.” explique-t-il.
Flux et reflux, combinaisons et installations sont ses maîtres mots. L’artiste invente sans cesse de nouvelles structures pour que celles-ci s’acclimatent automatiquement au monde qui nous entoure et aime à provoquer le questionnement et la curiosité autour de créations qui ne sont pas là que pour faire joli.
Rencontrer Fabrizio Plessi, c’est faire un voyage dans le temps et dans l’espace, aux frontières du passé, du présent et du futur, rencontrer Fabrizio Plessi, c’est naviguer aux frontières du réel et de l’imagination… Bon voyage ! Un grand merci à la Galerie Pièce Unique pour sa précieuse aide et disponibilité.
artsixMic : L’eau, l’air, la vie, la mer, l’Italie, Fabrizio Plessi, quoi d’autre encore ?
Fabrizio Plessi : L’eau surtout a toujours été un élément naturel, atavique, originel ; la vidéo, en revanche, est un élément technologique lié au développement scientifique de notre temps. J’ai enquêté depuis plusieurs années entre ces deux réalités cherchant leur profonde et secrète complicité
artsixMic : De fait, qui est Fabrizio Plessi ?
Fabrizio Plessi : Un chercheur. Quelqu’un qui se pose continuellement des questions et cherche à leur trouver des réponses dans cet enchevêtrement compliqué de signes de l’art contemporain
artsixMic : Vidéo-artiste c’est quoi, Fabrizio Plessi ? un univers parallèle, une fiction qui n’en est pas une, un trait d’union entre l’homme, la vie et ….. ? Une perpétuelle aventure en recherche du saint graal de la virtualité ?
Fabrizio Plessi : Aujourd’hui nous vivons dans une époque virtuelle pleine d’incertitudes et de nébulosité mais si nous affrontons le futur avec la conscience historique de notre passé, tout deviendra plus clair et plus simple
artsixMic : Etre un des pères fondateur d’un art, (l’art vidéo) est-ce que cela fait du bien là et où cela fait-il du bien ? En résumé être Père a t-il du bon ?
Fabrizio Plessi : Parfois je pense être un archéologue de la vidéo ayant affronté l’avènement des nouvelles technologies avant les autres. Etre de 20 ans en avance n’est très souvent qu’un inconvénient car tu te trouves hors du contexte officiel de ton temps mais tu as l’excitation de voir des choses que les autres ne voient pas. En ce sens un « père » ouvre la voie à ses propres enfants.
artsixMic : Son savoir faire de vidéo artiste s’intègre en permanence dans des écrins de bois, de fer et autres matériaux qui donnent à ses oeuvres un côté précieux des plus captivant, des plus travaillé, des plus, dirais-je, apprivoisé ! Ses dessins préparatoires étant à eux seuls déjà, des mises en bouche des plus gouleyantes. Alors une recherche systématique du plus que parfait ?
Fabrizio Plessi : Mon travail est celui d’un étrange alchimiste atypique qui cherche à faire cohabiter, comme des vases communicants, les éléments opaques et pauvres du « naturel » avec ceux brillants et lumineux de l’ « artificiel ». Mon travail est d’abattre les frontières entre science et art et de réaliser des passages en diagonale ; ces contaminations, ces globalisations des langages rendront plus expressif le visage inexpressif de la technologie.
artsixMic : A t-il tout inventé ou les nouvelles technologies vont elles lui donner encore plus de possibilités de naviguer dans le temps et dans l’espace ?
Fabrizio Plessi : Il faut faire attention à l’usage impropre des technologies et nous devons absolument les dominer avec la raison et la poétique : autrement ce seront-elles qui nous domineront et alors nous deviendrons, sans nous en rendre compte, leurs esclaves
artsixMic : L’idée de la pièce unique est il une forme d’exutoire de l’âme de l’artiste ou a- t-il d’autres pistes qui le font également vivre et vibrer ?
Fabrizio Plessi : Encore une fois l’engagement de l’artiste est celui de donner une contribution positive à une société qui, apparemment, mais seulement apparemment, n’a aucun besoin d’art. Et c’est alors là le travail de l’artiste ; mon travail qui cherche à coudre, rassembler, recomposer la mémoire collective de la culture dans laquelle nous sommes plongés et dont nous sommes imbibés, créant finalement la vision contemporaine d’une humanisation des technologies.
Photo : Image extraite de la vidéo
Le site du Maître : http://www.fabrizioplessi.net/