Exposition Dado au centre d’art contemporain de l’abbaye d’Auberive

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Dado
Dado, Triptyque d’Hérouval, 1972, huile sur toile, 146 x 342 cm, Fonds de l’abbaye d’Auberive

Au cœur du plateau de Langres en Champagne-Ardenne, le centre d’art contemporain de l’abbaye d’Auberive présente, comme chaque été depuis 10 ans, les œuvres d’artistes appartenant à sa collection. Cette année, c’est une exposition événement puisqu’il s’agit de la première grande rétrospective française consacrée à l’artiste Miodrag Djuric dit Dado (né en 1933 à Cétinje au Monténégro et décédé en 2010 à Pontoise en France) et qui présente un ensemble exceptionnel d’une cinquantaine d’œuvres, peintures et sculptures…dont certaines inconnues du public, et provenant de son fonds ou de collections privées.

Certains critiques ou amateurs d’art ont parfois été choqués par les œuvres de Dado, à la fois peintre, dessinateur, graveur et sculpteur , allant jusqu’à qualifier son travail d’insoutenable. Il est important de passer outre cette première approche pour saisir la profondeur de la recherche artistique de Dado. Né à Cetinje, petite ville du sud du Monténégro, celle-ci est restée profondément ancré en lui, par ses reliefs, son sol, son paysage montagneux de calcaire friable et surtout par les monstruosités et tortures que les hommes ont fait subir aux autres hommes, qui lui ont été racontées et qu’il y a vues .

Ceci explique cela, et l’univers artistique de Dado va se mouvoir en monde fantastique, proche des contes pour enfants d’Europe centrale et d’Allemagne, révélant au monde les drames et atrocités du vingtième siècle avec, violence certes, mais une violence hurlante de vérité. Dado est un artiste de son temps, ancré dans son époque et la violence qu’il transcrit dans ses toiles à haute dimension historique, n’est que le reflet de la profonde compassion qu’il ressent pour les victimes de toute cette barbarie.

Dado fera très tôt des rencontres décisives tel Roberto Matta, Hans Bellmer…et vers 1958, grâce à Horst Egon Kalinowski et Jean Dubuffet, il rencontre Daniel Cordier qui devient son galeriste et présente sa première exposition personnelle. Le succès remporté par l’accrochage lui permet de rencontrer Bernard Réquichot dont il devient l’ami. Si le dessin était le moyen de prédilection de Dado qui conjugua dans ses oeuvres et notamment dans ses immenses collages la mine de plomb, l’encre de Chine, et la gouache, au fil du temps l’artiste s’est s’emparé de nouveaux médiums d’expression, s’essayant à la gravure, pour commencer à la pointe-sèche puis développant les techniques telle la taille douce et l’eau-forte. Il produira également des lithographies et la sculpture, dont observe les prémices vers 1962, tiendra une place tout à fait particulière dans sa vie et jusqu’à sa mort.

Deux importantes rétrospectives lui ont été consacrées à Paris (1970) et à Rotterdam (1974) et Dado participe en 1991 à la première Biennale d’art contemporain de Cetinje, sa ville natale où l’on crée également un « anti-musée Dado » qui deviendra en 2002 l’Atelier Dado, résidence d’artistes et lieu d’expositions temporaires. Après 2002, Dado travaille en dehors de tout système marchand. Quelques années avant sa disparition, il représente le Monténégro à la Biennale de Venise. E n 2010, Dado reçoit le Prix du 13 juillet, la plus haute distinction nationale monténégrine avant de disparaitre fin novembre à Pontoise.

Dado s’est exprimé durant presque 60 ans, et au cours de ces six décennies se sont succédées de très nombreuses sculptures et toiles, quelques acryliques sur bois et métal, mais principalement des huiles de très grand format et des peintures murales où, si l’univers pictural de l’artiste demeure reconnaissable entre tous, il évolue en style et en technique, se faisant plus vif, plus intense et témoin d’un indéniable dynamisme artistique et d’un sens inné de la composition. Dado peignait vite car chaque moment de sa vie était empreint d’une profonde réflexion créatrice que le maître n’avait plus qu’à coucher sur la toile, son esprit repartant ensuite vers de nouvelles pensées.

Commissaire de l’exposition : Alexia Volot, directrice de la programmation artistique de l’abbaye d’Auberive

Photo : Dado, Triptyque d’Hérouval, 1972, huile sur toile, 146 x 342 cm, Fonds de l’abbaye d’Auberive

En parallèle de cet hommage à Dado, l’abbaye présente une sélection de ses dernières acquisitions signées Paul Rebeyrolle, Ernest Pignon-Ernest, Gao Xingjian, Myriam Mihindou, José Garcia Tella ou Du Zhenjun.

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Fondée en 1135, l’abbaye cistercienne d’Auberive a été rachetée par la famille Volot en octobre 2004 afin d’y exposer sa collection riche de plus de 1500 œuvres. Jean-Claude Volot y a trouvé ainsi un écrin pour abriter sa collection explorant l’expressionnisme contemporain figuratif et l’art singulier et réunissant des œuvres de Paul Rebeyrolle, Pierre Bettencourt, Anselme Boix-Vives, Robert Combas, Louis Pons, Raphaëlle Ricol, Stani Nitkowski ou Dado.

En 2005, l’abbaye ouvre pour la première fois au public. A l’été 2006, les nouveaux propriétaires créent le centre d’art contemporain afin de faire vivre l’art contemporain « comme à la maison » dans les salles en enfilade typiquement 18e siècle de cette abbaye cistercienne.

Véritable centre culturel, l’abbaye propose également de nombreuses activités estivales : visites historiques du site, spectacles, ateliers d’art, découverte de ses 3 vergers implantés dans un parc de 6,5 hectares, abritant un patrimoine écologique important.

Exposition du 7 juin au 27 septembre 2015

Centre d’art contemporain de l’abbaye d’Auberive

1, Place de l’abbaye 52 160 Auberive
www.abbaye-auberive.com