Eva Ionesco : Une Jeunesse Dorée. 3 invitations à gagner avant le 14 janvier 2019, dans le cadre de notre jeu-concours!
L’histoire : Paris 1979, au cœur des années Palace. Haut lieu de la nuit où se retrouvent artistes, créatures et personnalités, guidés par une envie de liberté. Rose, une jeune fille de 16 ans issue de la DASS, et son fiancé Michel, 22 ans, jeune peintre désargenté, vivent leur première grande et innocente histoire d’amour. De fêtes en fêtes, ils vivent au jour le jour, au gré des rencontres improbables de la nuit. Lors d’une soirée, Rose et Michel font la connaissance de Lucille et Hubert, de riches oisifs, qui vont les prendre sous leur aile et bousculer leur existence.
Questions à EVA IONESCO
À la sortie de My Little Princess, vous parliez de trilogie. Une jeunesse dorée en est donc la deuxième partie ?Eva Ionesco :
Oui, ce sont des histoires qui se suivent, mais qui existent aussi indépendamment les unes des autres. Et cela croise aussi mon roman, Innocence, qui était une extension de mon premier film. C’est une autofiction : je pars de la bande du Palace, à laquelle j’appartenais. Je voulais me souvenir de ces années-là, qui m’ont énormément marquée, et qui n’ont pas été tellement racontées. J’avais en tête l’histoire d’une fille qui cherche à s’émanciper de son premier amour de façon violente, parce qu’elle l’a vu commettre une faute à laquelle elle l’a poussé. Elle l’entraîne elle-même à se vendre à une femme riche et plus âgée, qui tombera amoureuse de son talent de peintre. Des gens jeunes qui rencontrent des gens plus âgés, comme un apprentissage, une fable qui, in extremis, devient morale. Il y a une part de pure fiction: Lucille et Hubert, que jouent Isabelle Huppert et Melvil Poupaud, sont des personnages inventés. Au début, je voulais partir de La Chienne de Renoir, de l’idée du michetonnage. C’étaient les mœurs de la nuit, elles faisaient partie de son charme : voler, se droguer, michetonner. Les filles de la bande le faisaient pas mal. Moi, non. Enfin, si, une fois, dans un hôtel, j’ai montré mes seins contre une boite de caviar!
Pourquoi avoir choisi d’écrire le scénario avec Simon Liberati ?
Eva Ionesco : J’avais envie d’écrire avec quelqu’un, c’est triste de travailler seule. Simon et moi nous sommes rencontrés après qu’il a écrit Anthologie des apparitions, qui était en partie inspiré de ma jeunesse. Je me suis dit qu’il pouvait être un camarade. Je voulais un écrivain. Il a écrit des choses fulgurantes, qui m’ont plu. Les scénaristes professionnels me paraissaient trop professionnels. Peut-être que les gens de cinéma ne vivent pas assez… Ou alors les scénaristes fulgurants ne veulent pas de moi ! Avec Simon, on s’est mis au travail et le partage des tâches s’est fait naturellement: Hubert, c’est beaucoup plus lui qui l’a écrit, Lucille, beaucoup plus moi. Et puis, il se trouve aussi qu’on s’est aimés et mariés.
L’héroïne de My Little Princess s’appelle Violetta, celle d’Une jeunesse dorée, Rose. Mais c’est vous ?
Eva Ionesco : Des noms de fleurs, à chaque fois… Les filles me ressemblent, j’avais envie de personnages qui pourraient être moi, sans être directement moi. Le film commence à la sortie du foyer où l’on voyait partir l’héroïne de My Little Princess. La petite a grandi. On ne parle plus de sa mère. Elle n’est pas là, dans l’incapacité de s’occuper de sa fille. Rose retrouve son fiancé, majeur, donc capable de veiller sur elle, qui est encore mineure. C’est ce qui m’est arrivé, à la sortie de la DDASS : j’avais 16ans et demi, «mon » Michel, c’était l’artiste Charles Serruya, qui, en réalité, avait dix ans de plus que le personnage. Vous reconstituez fidèlement le Palace d’il y a quarante ans ? C’est une chronique de l’époque, le premier film de cinéma sur le Palace. Un conte cruel. Les parcours des personnages ressemblent à ce que – 7 vivaient à l’époque les gens de la nuit, perdus au cœur de cet énorme « after ». Mais c’est aussi un Palace réinventé, vu à travers des êtres à l’imagination fantasque, des petits gremlins. Un Luna Park, un truc de pacotille, un peu comme dans La Femme et le Pantin, avec Marlene Dietrich.
Il y avait plein d’aspects dans le Palace d’alors: la fête, la mixité, la liberté, mais aussi la violence, la drogue – ce long couloir avec des gens très abîmés. Je voulais garder un regard d’enfant. Mais oui, entre 1977 et 1983, la grande époque – Fabrice Emaer est mort en 1983 – il y avait énormément de soirées à thème, comme Monstres & Merveilles. Aller au Palace était un geste esthétique: une occasion de s’habiller, d’être beau et de croiser d’autres gens beaux. C’étaient des fêtes de la mode et de la musique. Beaucoup de créateurs nous ont prêté des pièces d’archives : Chanel, Azzaro, Jean-Paul Gaultier. Jurgen Doering et Marie Beltrami les ont cherchées pour nous très en amont. Mais c’est surtout les collections de Thierry Mugler qui sont à l’honneur. Pour nous, le Palace était aussi une énorme MJC, avec des fêtes, des dîners, qui nous permettaient de manger gratuitement. Et il y avait aussi des soirées plus lamentables, où Alain Pacadis faisait les poches de tout le monde, dormait par terre, etc. Moi, je suis vraiment montée sur scène pour danser un « cha cha » sur une chanson d’Yma Sumac. J’avais gagné 500 francs et, peu de temps après, j’ai quitté Charles. Je faisais partie de la « bande des jeunes » – on l’appelait comme ça, même s’il y avait des gens plus âgés. Nous nous inspirions des années 50 et 60, dans la vie nous voulions vivre comme au cinéma et nous étions persuadés que nous allions tous mourir jeunes. Il y avait la bande de Pauline Lafont, la bande de Karl Lagerfeld, etc. Tout le monde se mélangeait, c’est vrai, mais que ce soit un geste politique, nous, on s’en fichait un peu !
Comment avez-vous choisi Galatea Bellugi pour jouer Rose, votre double ?
Eva Ionesco : Galatea m’a plu dès la première rencontre. Je l’avais trouvée excellente dans Keeper, de Guillaume Senez. Ensuite, elle a joué dans L’Apparition, de Xavier Giannoli, où elle a déjà travaillé sur un personnage issu de la DDASS. Elle a 21 ans, un visage assez enfantin, une force assez « rock », une grande capacité à se transformer physiquement.
Isabelle Huppert
Eva Ionesco : Isabelle Huppert, c’était logique que l’on se retrouve. J’aime bien l’idée de troupe, l’idée de retravailler avec certains comédiens. Isabelle est, même si je n’aime pas ce mot, une icône. J’aime les grandes actrices, et elle en est une. Elle possède la folie – et une oreille ! – qui lui permettent de faire des choses qu’elle seule peut faire.
Melvil Poupaud, je lui ai fait rencontrer un ami des Beistegui, on est pas mal sortis ensemble, on a lu… J’aime son élégance, il a quelque chose d’italien. Je lui ai donné le nom d’un peintre du XVIIIe siècle.
Je voulais retravailler avec mon fils, Lukas, qui était dans My Little Princess, et aussi dans un court-métrage, Rosa Mystica, qu’on avait fait, avec Simon, pour Canal +. Il est très différent du personnage de Michel, introverti un peu autiste, qui n’arrive pas à prendre de décisions sans les femmes et préfère continuer à vivre une vie de bohème en compagnie d’une muse.
Alain Fabien Delon, je savais qu’il avait joué chez Yann Gonzales. Il a une tenue, quelque chose de l’époque où se situe le film, quelque chose de rock. Il ne joue pas « sympa », à la différence de beaucoup d’acteurs d’aujourd’hui.
Eva Ionesco
Eva Ionesco
est née en 1965. Après une carrière de modèle, elle fait des études théâtrales, puis intègre la troupe de Patrice Chéreau. Elle joue dans plusieurs longs métrages et pièces avant de réaliser son premier film, My Little Princess, en 2011. Elle se lance ensuite dans l’écriture de son premier roman, Innocence, qui paraît en août 2017 chez Grasset. Une jeunesse dorée est son deuxième long métrage.
Une Jeunesse Dorée : 3 invitations à gagner avant le 14 janvier 2019, aux trois premières personnes qui enverront leurs noms, prénoms et adresses à contact@artsixmic.fr
Distribution : KMBO – https://www.facebook.com/KMBOFilms/
Photo : © Macassar_Productions
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