Prix Carmignac du photojournalisme 2017 la photographe Lizzie Sadin a réalisé un incroyable reportage sur le trafic des femmes et des jeunes filles au Népal, vers l’Inde, l’Asie et les différents pays du Golfe.
Le jury, présidé par Monique Villa, a choisi de donner la voix aux femmes népalaises en récompensant par le Prix Carmignac du Photojournalisme, le travail de Lizzie Sadin. Après 4 mois de reportage sur le terrain, de février à mai 2017, la photojournaliste a ramené un témoignage bouleversant sur un trafic humain basé sur le genre, et intégré dans la société népalaise. Une exposition lui est actuellement consacrée à l’Hôtel de l’Industrie à Paris jusqu’au 12 novembre 2017, ainsi que l’édition d’un ouvrage monographique aux éditions Skira. Viols, abus, exploitation, esclavage, il ne fait pas bon être pauvre et femme au Népal. D’après les ONG, 20 000 d’entre elles seraient exploitées dans l’industrie du sexe ; et 300 000 contraintes à des « emplois » de bonnes à (vraiment) tout faire dans les pays du Golfe. L’Organisation internationale du travail (OIT) estime à plus de 2.5 millions de personnes les victimes de l’esclavage moderne et les femmes sont en première position. Elles représenteraient, selon Amnesty International, 80% de la traite des êtres humains, dont près de 50 % seraient mineures. Les types d’exploitation sont nombreux : sexuelle, travail forcé, esclavage domestique…
Les femmes sont d’autant plus vulnérables qu’elles sont peu protégées. Les pays d’Asie du Sud et du Sud-Est ainsi que les pays d’Europe centrale et de l’Ex-Urss sont les principaux fournisseurs de ces esclaves des temps modernes. Les femmes sont le plus souvent enlevées, quand elles ne sont pas vendues par leur propre famille ou embrigadées dans des réseaux.
Les conflits armés exacerbent les comportements discriminatoires et violents à l’égard des femmes. Au Liban, en Jordanie, en Turquie, de nombreux camps de réfugiés syriens ont vu le jour. Ces réfugiés constituent une proie facile pour les réseaux à l’affût de «marchandises». Au Nigéria, dans la région du Darfour, à l’ouest du Soudan, en République démocratique du Congo, des femmes et des fillettes sont l’objet de rapts, pour servir d’esclaves sexuelles ou de domestiques à leurs ravisseurs.
Après le tremblement de terre dévastateur qui a tué 9 000 personnes et déplacé 650 000 autres en 2015, le quotidien de nombreux népalais a été bouleversé. Le chômage et cette extrême précarité attirent tous les jours de plus en plus de trafiquants qui se rabattent sur les femmes, particulièrement fragilisées.
Pour Lizzie Sadin, ce trafic basé sur la vente et la prostitution forcée des femmes et des filles par des « amis» ou même des membres de la famille, n’est pas seulement économique, il est culturel. Il touche le droit des femmes : le droit à recevoir une éducation adéquate, le droit de choisir son destin, le droit de vivre sans la peur de violences physiques ou psychologiques par son propre conjoint, le droit de ne pas être vendues … C’est tout un système de croyances qui doit être renversé, celui qui, au Népal, définit les femmes comme inférieures aux hommes.
De février à mai 2017, Lizzie Sadin a parcouru le Népal en vue de témoigner d’une traite humaine fondée sur le genre où elle montre comment les jeunes filles et les femmes sont vendues et prostituées de force.
Lizzie Sadin
Née en France, Lizzie Sadin est spécialiste des sujets de société portant sur les Droits humains. De 1993 à 2002, elle a collaboré à l’agence photographique Rapho et à partir de 2002, elle a travaillé pour l’agence Editing. En 1998, elle a publié Est-ce ainsi que les femmes vivent ? une série sur les violences conjugales en France. De 1999 à 2007, elle a enquêté sur les conditions de détention des mineurs dans douze pays donnant lieu à la publication de « Mineurs en peines » (Actes Sud), reportage pour lequel elle a reçu le Visa d’or. Lizzie Sadin collabore avec des organisations humanitaires comme Human Rights Watch, UNICEF, Terre des Hommes, Fondation Abbé Pierre, Médecins du Monde, etc…
le Prix Carmignac du Photojournalisme
Créé en 2009, le Prix Carmignac du Photojournalisme se donne pour mission de soutenir « la production d’un reportage photographique et journalistique d’investigation sur les violations des droits humains dans le monde ». Sélectionné par un jury international, le Lauréat reçoit 50 000 euros lui permettant de réaliser un reportage de fond sur le terrain avec le soutien de la Fondation Carmignac qui finance ensuite, à son retour, une exposition itinérante et l’édition d’un livre monographique.
Photo : Saru, 27 ans, Dance bar, quartier de Gongabu, Katmandou – Avril 2017 © Lizzie Sadin pour la Fondation Carmignac
Esclavage et traite des femmes au Népal
Exposition jusqu’ au 12 novembre 2017
Hôtel de l’Industrie
4, place Saint-Germain des Prés 75006 Paris
Entrée libre tous les jours de 11h00 à 19h00
Nocturnes les vendredis jusqu’à 22h
- Editeur : Skira
- Collection : PHOTOGRAPHIE
- Langue : Français
- ISBN-10: 2370740612
- ISBN-13: 978-2370740618