Inaugurée par Ulrika Strömbäck, jeune artiste suédoise vivant à New York, c’est depuis novembre dernier que l’artiste Eric Croes y a pris ses quartiers. Si Louis Lefebvre, galeriste passionné et fin connaisseur en son domaine, aime autant recevoir qu’échanger avec ses artistes, The Residency est ici l’outil privilégié pour « promouvoir un savoir-faire ancestral et permettre la création d’œuvres complexes et uniques » qui viendront bientôt prendre leur place dans le bel écrin de sa galerie. Située à Versailles, et créée en septembre 2015, The Residency accueille toute l’année artistes céramistes et plasticiens en résidence, pour une durée pouvant aller de 6 semaines à 3 mois selon leurs options, avec à la clé un « solo show » dans la galerie de la rue du Bac. Louis Lefebvre présente donc, jusqu’au au 18 février le fruit du travail d’Eric Croes. Intitulée Secret Handshake, l’exposition est le fruit du travail réalisé pendant son séjour versaillais à The Residency.
Eric Croes par Virginie Devillez
Le sculpteur Eric Croes (né en 1978 à La Louvière, vit et travaille à Bruxelles) s’attelle depuis plusieurs années à développer des thèmes qui lui sont chers au travers du médium de la céramique. De par ses intérêts personnels de même que par sa pratique, Eric Croes, comme de nombreux artistes de sa génération, manie de nouveaux outils et de nouveaux régimes de production, dépassant des oppositions longtemps structurantes : artisanat contre art, tradition contre modernité, art contre design, médiums et outils traditionnels contre technologies. Chez Eric Croes également, le « faire » prime et se traduit par un retour à l’atelier, à l’apprentissage de l’autonomie et au plaisir du bricolage et du geste. Cette tendance actuelle, qui est celle d’Eric Croes depuis ses débuts, renoue avec le monde d’avant les Lumières. Celles-ci avaient cherché à rationaliser, à classifier, pour aboutir à un XVIIIe siècle qui a séparé les Beaux-Arts des Artisanats, comme elles ont relégué à l’anecdote, voire au monde de l’enfance, un univers peuplant l’imaginaire de toute une société.
« Secret Handshake » le titre qu’Eric Croes donne à son exposition est une clef de compréhension qu’il nous confie avec bienveillance : poignée de main secrète… geste codé… signe d’allégeance ou d’appartenance, tout ce qui peut permettre à deux êtres a priori inconnus – l’artiste et le visiteur – de se reconnaître et de se retrouver dans une vision ou un langage commun.
L’univers mental d’Eric Croes trouve aujourd’hui un aboutissement dans une série de céramiques alliant la notion de jeu, de hasard, d’imaginaire, d’humour, d’accident et de merveilleuse maîtrise. Ses œuvres concentrent de nombreux enjeux propres aux avant-gardes, tout en étant aussi des sculptures dans le sens « classique » et « noble » du terme. Car ces objets hybrides ne doivent pas occulter la volonté de l’artiste de s’inscrire aussi dans une histoire, lui qui développe en parallèle la technique du plâtre, du bois ou du bronze, voire même une iconographie dite « traditionnelle ».
Photo : Cadavre exquis, monosourcil, 2016 Courtesy Eric Croes, Lefebvre & Fils, Sorry We’re Closed © Mario Simon
Eric Croes : Secret Handshake
Exposition jusqu’au 18 février 2017
Galerie Lefebvre et Fils
24, rue du Bac
75007 Paris