Deux artistes vont installer dans la galerie un réseau de bandes élastiques équipées de capteurs sonores qui feront émerger l’oeuvre avec la présence du public.
Esthétique épurée basée sur un élément constitutif élémentaire.
Un des éléments constitutifs essentiels du travail d’Anne-Flore Cabanis est le trait, dans sa plus pure représentation. Ses dessins reposent sur l’idée d’une ligne ininterrompue, véritable labyrinthe d’où émane une forme, un espace dans la feuille, une figuration (le cerveau de l’installation « connexions »). A l’échelle microscopique, c’est un jeu de densités, de textures, un fil d’Ariane sans fin qui s’offre à nous. A l’échelle macroscopique, ce chemin esquissé par la ligne courante crée un objet qui, confronté à notre imagination et notre mémoire, prend un sens beaucoup plus figuratif. En transposant dans l’espace ce jeu de lignes, l’artiste crée de véritables réseaux d’élastiques, jouant avec les perspectives, créant de nouveaux volumes et donnant vie au lieu investi. Nicolas Charbonnier envisage la composition musicale telle une sculpture sonore. La couleur et la texture prime sur la notion de narration et de mélodie. Le sinus, élément fondamental de tout son harmonique, et le grain forment ses deux matériaux de prédilections. Ces deux éléments synthétiques sont auto-‐générés et transformés via l’informatique pour parfois obtenir des textures organiques, de manière aléatoire. D’une fréquence pure et stable et d’un nuage de grains naît alors une sculpture, un landscape sonore. L’immersion dans un réseau, le mouvement au sein de ce réseau. Les tentatives de concrétiser physiquement ou sur le plan sonore un réseau et ses échanges parsèment le travail des deux artistes. La question de l’énergie et surtout du mouvement qui s’opère au sein de ces réseaux est palpable dans les installations d’élastiques d’Anne-‐Flore et les textures en perpétuel mouvement qui jonchent les pièces de Nicolas. Proposition : la notion d’émergence. En pénétrant dans l’installation, le public la nourrit, la fait vivre. Le passage des corps provoque des accidents, des accélérations et des ralentissements dans la production d’informations. Focalisation sur un noeud d’un immense réseau imaginaire en perpétuelle régénération. Saturation du réseau, mouvements d’informations, etc. Emergence, véritable émanation d’un résultat inattendu en fonction de la pièce, du temps, des accidents provoqués par le public.
ANNE-FLORE CABANIS / Biographie : Après une formation préparatoire avec l’artiste Annette Huster, Anne-‐Flore Cabanis suit les ateliers de Bernard Piffaretti, Sylvie Fanchon, Dominique Figarella (atelier P2F) & Philippe Cognée, ou encore Sophie Calle. Elle sort diplômée de l’École Nationale Supérieure des Beaux Arts de Paris en 2007. Elle a développé un univers plastique très personnel à partir de sa pratique du dessin. En 2001, elle commence un tracé aléatoire au stylo à bille sur papier. Il obéit à des règles simples : une ligne dessinée à main levée qui ne se croise pas et dont les angles sont toujours des angles droits. Le résultat est une écriture qui suspend l’attention et plonge l’esprit dans un flottement introspectif. Après l’expérience d’un voyage d’étude au Brésil, elle traduit ce langage dans l’espace en lui faisant prendre différentes formes : performance, pièce sonore, collages au ruban adhésif in situ, installation de spirales. Ses installations in situ cherchent à dessiner le bruit de l’espace et jouent avec l’architecture de lieux, privés ou publics. Ainsi les interventions d’Anne-‐Flore Cabanis imaginent la présence d’un invisible et le révèlent en rompant un silence visuel. Elle produit des apparitions et disparitions de lignes et de couleurs qui ouvrent une lecture, donnent une direction, proposent un mouvement. Elle a fait son premier collage in situ au ruban adhésif lors d’une exposition dans le Terminal 5 de l’aéroport JFK à New York en 2004.
NICOLAS CHARBONNIER / Biographie : Nicolas Charbonnier s’intéresse aux textures musicales, aux nouvelles technologies, ainsi qu’à de nombreux aspects de la science contemporaine et de la création humaine. Les éco-‐systèmes biologiques ou encore les échanges de données sur internet, sont des influences majeures de ses projets. Des patchs interconnectés se renvoient des données créant un réseau musical dynamique et quasi-‐autonome. Entre performance et installation, l’artiste définit avant tout les contours au sein desquels la machine peut improviser librement créant de ce fait des allers-‐retours instables entre l’humain et le binaire. Le matériau est considéré comme quelque chose de volatile, constamment renouvelable et contrôlable dans une certaine mesure. Le travail de Nicolas Charbonnier en tant que musicien, repose à l’origine sur un double désir : utiliser l’ordinateur non comme un outil pratique mais pour sa puissance de calcul, et aboutir à une esthétique très organique. Il a donc créé son propre outil compositionnel, véritable réseau inspiré aussi bien d’internet que des écosystèmes biologiques (chaque élément est interconnecté et les transformations de l’information et du matériau sonore sont perpétuelles et instables). Il ne se concentre donc pas sur une écriture figée mais redéfinit à chaque nouvelle interprétation les frontières dans lesquelles va se mouvoir l’outil, laissant à l’auditeur la possibilité de découvrir de nouveaux chemins au sein d’une même oeuvre. Chaque impulsion provoquée humainement peut changer radicalement la trajectoire du développement d’une pièce. Il s’agit donc de mettre en place un flux sonore, fourmillant et dense, vivant et organique, évoluant en permanence dans des directions inattendues. Des réminiscences peuvent naître de ce flux mais elles seront toujours floues et versatiles. Le manque de repères marquants nous incite à nous concentrer sur un instant présent en perpétuelle évolution. Chaque son, chaque événement, naît et meurt quasi instantanément, évoquant ainsi le caractère éphémère de toute chose. Il en résulte une musique fragile qui fait à la fois appel à nos souvenirs, nos sensations, par sa sensualité, mais également en jouant sur des codes de l’inconscient collectif. De ce fait l’artiste a pu créer des paysages sonores, inspirés de ses différents voyages.
- Exposition du 1er au 16 septembre 2012
- Vernissage le 6 septembre 2012
Galerie Talmart
- 22, rue du Cloître Saint-Merri
- 75004 Paris
- www.galerietalmart.com