En avant-première de la saison 2012/2013, trois spectacles créés dans le cadre du festival d’Avignon 2012

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    Six personnages en quête d’auteur d’après Luigi Pirandello, adaptation et mise en scène Stéphane Braunswcheig

    avec : Elsa Bouchain, Christophe Brault, Caroline Chaniolleau, Claude Duparfait, Philippe Girard, Anthony Jeanne, Maud Le Grévellec, Anne-Laure Tondu, Manuel Vallade, Emmanuel Vérité

    avec la participation :  d’Annie Mercier

    • du lundi 9 au jeudi 19 juillet 2012 Cloître des Carmes – relâche le samedi 14 juillet
    • Le spectacle sera repris à La Colline – théâtre national du 5 septembre au 7 octobre 2012

    Luigi Pirandello

    Extrait de «Comment j’ai écrit “Six personnages en quête d’un auteur”», paru dans La Revue de Paris, juillet-août 1925

    Une famille de personnages à moitié créés, laissés en plan par leur auteur, fait irruption dans un théâtre en réclamant à cor et à cri d’exister. Pirandello les confronte à une troupe de 1920, contemporaine de son écriture. Stéphane Braunschweig a choisi d’adapter cet aspect de la pièce, et de faire entrer ces êtres fictifs, intemporels, au milieu d’une répétition d’aujourd’hui. Ce qu’ils vont trouver, c’est une équipe artistique en crise qui s’interroge sur son travail : doit-on encore parler de personnage, de fiction ? Avec de tels outils, le théâtre sera-t-il en phase avec notre époque? À l’heure où les formes scéniques non narratives, non psychologiques, se multiplient sur scène – mais où, aussi, les récits de la vraie vie fascinent lecteurs et téléspectateurs – quel accueil recevront les Six et leur inextricable drame familial? Quelles réponses obtiendrontils d’acteurs qui ne croient plus aux personnages? Et quelle inspiration scénique pourra trouver le théâtre d’aujourd’hui dans les obsessions secrètes de l’auteur sicilien?

    Nouveau roman texte et mise en scène Christophe Honoré

    avec : Brigitte Catillon, Jean-Charles Clichet, Anaïs Demoustier, Julien Honoré, Annie Mercier, Sébastien Pouderoux, Mélodie Richard, Ludivine Sagnier, Mathurin Voltz, Benjamin Wangermee

    avec la participation amicale de : Geneviève Brisac, François Bégaudeau, Dennis Cooper, Charles Dantzig, Maxime Dambrin, Marie Darrieussecq, Alain Fleischer, Gilles Leroy, Mathieu Lindon, Éric Reinhardt, Lydie Salvayre, Philippe Sollers et Isabelle Huppert.

    • du dimanche 8 au mardi 17 juillet à 22h Cour du Lycée Saint-Joseph – relâches les mardi 10 et samedi 14 juillet
    • Le spectacle sera repris à La Colline – théâtre national du 15 novembre au 9 décembre 2012

    Lettre aux acteurs

    Alors, par où commencer? Ce sera un spectacle d’écrivains. Tous les personnages seront des écrivains. Ils auront tous été photographiés, sauf trois d’entre eux, au 7 rue Bernard Palissy le 16 octobre 1959 devant les Éditions de Minuit. Ils constituent le groupe dit du “Nouveau Roman”. Étaient présents ce jour-là : Alain Robbe-Grillet, Claude Simon, Claude Ollier, Claude Mauriac, Jérôme Lindon, Samuel Beckett, Robert Pinget, Nathalie Sarraute. Manquaient à l’appel Michel Butor et Marguerite Duras.

    Dans ces années-là, une jeune écrivain était bien plus célèbre et lue que tous ces écrivains réunis, c’est Françoise Sagan. Elle sera aussi du spectacle.

    Il n’y a pas de pièce écrite, mais il y a tous les livres écrits par ces écrivains, tous leurs articles, leurs prestations radiophoniques et télévisuelles. Il y a donc bien assez de mots pour remplir chaque personnage.

    L’idée étant que chacun de vous s’approprie un écrivain. Ce sera le premier temps du travail. Découvrir ensemble ces écrivains, les lire, les regarder, les fantasmer, les réciter. À aucun moment, nous ne chercherons la vraisemblance. Il ne s’agit pas de faire de vous des marionnettes grimées. Non, nous devons nous forcer à être plus libres que ça. Plus intrépides, plus joyeux. Tout est permis. Parce que ces écrivains sont avant tout des inventeurs. Et aussi des membres d’un club clandestin. Et aussi des hommes de main d’une mafia littéraire. Et aussi les acteurs d’une stratégie de communication… Nous partirons de cette photo de 1959. Ces gens qui attendent un des leurs, la vedette du moment, Michel Butor, pour se faire photographier autour de lui. De quoi ça parle des écrivains au bord d’un trottoir attendant d’être photographiés? Comment ça se tient? Qui blague avec qui? Qui s’ennuie, se sent humilié, aimerait rentrer au plus vite chez lui ? À quoi ils pensent surtout? Aux livres en cours d’écriture, à leurs futurs lecteurs, aux écrivains qui leur succéderont, au succès? Cette situation, l’attente de la photo, doit nous permettre tous les détours, toutes les subjectivités, toutes les prises de pouvoir de l’individuel sur le groupe, tous les déraillements, dans le temps, l’espace, le sujet… Et il y aura deux 4 hors champs: Sagan et Duras. Sagan, dont les romans et la vie semblent à l’opposé de ce groupe réuni sur un trottoir, mais pourtant: beaucoup d’amis communs, pourtant Renais qui propose d’abord à Sagan d’écrire un scénario sur Hiroshima, pourtant Proust écrivain adulé par tous… L’autre absente, Duras, est celle qui n’est pas invitée, celle que Lindon considère trop “NRF”, trop Gallimard, celle qui ne cessera de répéter au fil des années qu’elle ne fait pas partie du Nouveau Roman, celle qui toujours refusera d’écrire un texte critique… Et celle qui dans l’esprit de la majorité des lecteurs, est aujourd’hui la déléguée de classe de l’école du Nouveau Roman… J’ignore encore le traitement des hors champs. J’ai l’espoir que nous pourrions travailler avec la vidéo. Mais j’aimerais une vidéo non montée, qui s’enregistre dans le temps de la représentation… Une image dont la fabrication serait prioritaire sur sa projection…

    Nous en reparlerons. Mais revenons au groupe, à ceux qui ont compris qu’il faut être plusieurs pour exister médiatiquement, à ceux qui commencent à tisser les réseaux d’une mondanité littéraire qui leur permettra d’atteindre les prix, d’être invités aux colloques… Ce groupe immortalisé par cette photo ratée (Michel Butor, comme toute vraie vedette, arrivera trop tard), ce “cliché” parfait d’un mouvement qui après une étude plus précise, vous verrez, se révèle bien incertain: pas de chef, pas de revue, pas de manifeste… Ce groupe donc, on le retrouve deux ans plus tard, dans l’appartement d’Alain Robbe-Grillet. Et, sous la pression de l’éditeur Jérôme Lindon, nos écrivains de la photo s’attellent à la rédaction incongrue “d’un dictionnaire du Nouveau Roman”… Une avant-garde littéraire qui mime l’activité la plus laborieuse de l’institutionnelle Académie Française… Trois réunions donc, pour tenter de définir ce qu’est selon eux un personnage, une intrigue, un dialogue, un récit… Réunions qui n’aboutissent à rien, tant leurs dissensions sont grandes, leurs orgueils extraordinaires et leurs amitiés minimes. Des archives existent, planquées au fond d’une armoire des Éditions de Minuit. Il faudra penser à aller les cambrioler, ça doit être une étape importante de notre travail. En plus, bien sûr, de réunir une anthologie critique suffisamment conséquente pour nous permettre un débat vivace et teigneux sur l’art du roman.

    Pendant ce temps, le hors champs ne désarme pas. Duras arrive avec le texte du bientôt “manifeste des 121”, sur le droit à l’insoumission dans la guerre d’Algérie, pensé et rédigé par Dionys Mascolo et Maurice Blanchot. Tous les écrivains français de la photo vont le signer, sauf donc Beckett et Pinget. Sagan aussi le signera, et comme les Éditions de Minuit, son appartement sera plastiqué par l’OAS. La Guerre d’Algérie, c’est le contexte essentiel de l’oeuvre de tous ces écrivains. Le manifeste est publié le 6 septembre 1960. Nous choisirons cette date arbitraire pour dissoudre notre groupe du Nouveau Roman. Christophe Honoré

    La nuit tombe… texte et mise en scène Guillaume Vincent

    avec : Francesco Calabrese, Émilie Incerti Formentini, Florence Janas, Pauline Lorillard, Nicolas Maury, Susann Vogel et la voix de Nikita Gouzovsky et Johan Argenté et le visage de Thibaut-Théodore Badin

    • du mardi 10 au mercredi 18 juillet Chapelle des Pénitents blancs – représentations le 10 juillet à 22h les 11, 12, 14, 15, 16, 17, 18 juillet à 17h et 22h – relâche le vendredi 13 juillet
    • Le spectacle sera repris au Théâtre des Bouffes du nord du 8 janvier au 2 février 2013

    En écrivant La nuit tombe…, j’ai cherché à retranscrire un monde non pas réaliste mais un monde qui vrille sous le poids du réel. Un monde où la réalité se substitue au fantasme. Le fantasme à part égale avec le réel. J’ai essayé de me souvenir de sensations très précises, de perte de repère, d’état limite… Et j’ai écrit en ayant pour seul objectif la scène et les acteurs. Je ne me suis pas inquiété de faire de la littérature, mon objectif n’est pas d’inventer une langue. Je voudrais faire une machine de scène, un scénario. Je n’ai pensé qu’au spectacle à venir. Guillaume Vincent