La pauvreté sacrifie de plus en plus la santé des français. 64% des français indiquent avoir déjà rencontré des difficultés au moment de payer des actes médicaux. 53% des ménages modestes estiment que disposer d’une mutuelle santé est financièrement difficile. Près de la moitié d’entre eux disent ne pas avoir les moyens de se procurer une alimentation saine.
La dixième édition du baromètre Ipsos/Secours Populaire, met l’accent cette année sur la question de la santé. Tous les ans, le baromètre Ipsos / Secours Populaire de la pauvreté permet de faire le point sur la question de la précarité en France : la manière dont elle est définie, vécue et crainte par les Français.
Les principaux résultats de l’enquête :
En 2016, les Français considèrent qu’une personne seule est pauvre dans un pays comme la France quand elle dispose d’un revenu mensuel net de moins de 1068 € en moyenne. Ce seuil moyen était en recul depuis 2 ans, il progresse à nouveau, avec +14 € en moyenne par rapport à 2015. Il reste légèrement inférieur au SMIC mensuel net (1143 € depuis le 1er janvier 2016). Ce montant reste par ailleurs supérieur au seuil de pauvreté officiel calculé sur la base de 60% du revenu médian national (1000 € en 2013 selon l’INSEE).
Chaque individu se prononçant en fonction de son environnement et de ses propres conditions de vie, le seuil de pauvreté moyen varie de manière relativement importante selon le profil des répondants. Le seuil moyen cité est plus élevé pour les hommes (1125 € contre 1015 € pour les femmes), les personnes âgées de 35 ans et plus (1107 € contre 974 € pour les plus jeunes) et les plus favorisés (1122 € pour ceux dont le revenu mensuel net du foyer est supérieur ou égal à 3000 € contre 934 € pour ceux qui perçoivent moins de 1200 €). Le seuil cité varie également de manière importante en fonction de la région de résidence, reflétant les différences de coût de la vie (1092 € pour les Franciliens contre 1063 € pour les Provinciaux). Parmi les Français les plus pauvres, les personnes dont le revenu mensuel net du foyer est inférieur à 1 200 euros, la moitié a déjà renoncé ou retardé une consultation chez le dentiste, soit un bond de 22 points par rapport à 2008, et 4 sur 10 un rendez-vous chez un spécialiste (+3% par rapport à 2008) ou un ophtalmologiste (39%, +9 points), selon ce baromètre.
Les Français restent cette année encore très majoritairement convaincus (à 83%), et ce quelle que soit leur catégorie sociale, que le risque pour la génération suivante de connaître un jour la pauvreté est plus élevé que pour la leur. Cette crainte reste particulièrement forte chez les catégories populaires : 92% des employés et ouvriers sont aussi persuadés que le risque est plus élevé pour la génération de leurs enfants.
Quant à la peur de basculer soi-même dans la pauvreté, si elle décline légèrement par rapport à l’année dernière (55% ; -2 points déclarent désormais s’être déjà dit à un moment de leur vie qu’ils étaient sur le point de connaître une situation de pauvreté), cette proportion reste supérieure de 10 points à celle mesurée en 2007 à la veille de la crise qui a frappé l’Europe.
La proportion de Français qui déclare avoir déjà effectivement connu la pauvreté est par ailleurs en augmentation par rapport à l’année dernière : 38% (+3). Les Français qui sont les plus nombreux à en avoir déjà fait l’expérience sont les femmes (39%), les 35-59 ans (44%) et les personnes appartenant aux catégories socioprofessionnelles modestes (51% des employés et ouvriers). Les interviewés dont les revenus actuels sont les plus faibles sont par ailleurs une majorité à avoir été confrontés un jour à la pauvreté (68% ; +4 points par rapport à l’année dernière).
Dans le détail, une proportion non négligeable de Français fait face à de multiples difficultés au quotidien.
L’accès aux loisirs et à la culture est particulièrement problématique : 47% déclarent ainsi avoir des difficultés financières pour partir en vacances au moins une fois par an (73% pour les foyers dont le revenu mensuel net est inférieur à 1200 €), 41% pour accéder à des biens ou des activités culturelles et de loisirs pour eux et leur famille (72% pour les plus modestes).
Immédiatement ensuite viennent les difficultés d’accès à la santé, en particulier le paiement de certains actes médicaux mal remboursés par la sécurité sociale (36% des Français sont concernés, 64% chez les plus modestes). Disposer d’une mutuelle santé est d’ailleurs source de difficultés financières pour une proportion importante de foyers modestes (53%), tout comme se procurer une alimentation saine permettant de faire 3 repas par jour (48% des foyers modestes). Enfin, les dépenses de logement, d’énergie ou de transport sont également source de difficultés pour une majorité de personnes dont le revenu mensuel net du foyer est inférieur à 1200 €.
Les Français sont bien conscients que l’accès à la santé (qui recouvre à la fois l’accès aux soins et la prévention) s’est compliqué pour une partie de la population au cours des dernières années : 68% pensent que les inégalités en la matière se sont aggravées (dont 24% « beaucoup aggravées).
Étude réalisée online, du 11 au 15 juillet 2016, sur 1 000 personnes constituant un échantillon représentatif de la population française âgée de 15 ans et plus.
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