Conférence Video Forever n°13 “Animal – Animaux”

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    Video Forever
    © Luzia Huerzeler, Il Nonno, 2009/10

    La convocation artistique de l’animal, de plus en plus intense dans le champ de l’art postmoderne, a une raison d’être « identifiante » : l’animal, à sa façon particulière, porte un peu de mon mystère d’humain, « son-corps », en une proportion délicate à établir, est « mon-corps ». L’humain, lui aussi, est un « animal ». Il dérive biologiquement du même rameau que le chien ou, en amont, que la méduse, très vieille ancêtre, au gré des accidents naturels, du « hasard » et de la « nécessité » de l’évolution, disent les biologistes François Jacob et Jacques Monod. « L’animal que donc je suis », admet le philosophe Jacques Derrida. Comment oublier que les premières sépultures humaines cumulent ossements humains et animaux ? Que la domestication graduelle des animaux a permis et accéléré, par l’apport d’énergie qu’elle autorise, l’évolution matérielle des hommes ? Qu’il est nous est arrivé à nous, humains, de nous comporter comme des « animaux », en reproduisant sans égard pour notre prochain le principe du Struggle for Life darwiniste : c’est là la thèse d’un Giorgio Agamben lorsque, évoquant les régimes totalitaires du XXe siècle, et le principe du droit du plus fort qui y prévaut, le philosophe italien décèle en ceux-ci une phase sans précédent d’« animalisation de l’humanisation » [1] ? Qu’une large part de notre potentiel affectif, loin de se diriger vers les humains, se destine aux animaux de compagnie, des zoos ou des réserves naturelles ? L’artiste qui réquisitionne à son profit la figure de l’« animal », et l’artiste vidéaste tout pareil, a tout ceci en tête. Convoquant ce dernier, c’est aussi la part animalis de lui-même qu’il fait remonter jusqu’à l’oeuvre – en espérant que plus de sens soit donné, par le truchement de l’animal, à ce qu’il est. Aucun doute, l’« animal-pour-l’art » est bien un prétexte, élément parmi d’autres d’une stratégie cognitive : « mon-corps » ne supporte pas de ne pas se connaître, de devoir supporter trop de doute. Animal, aide-moi à moins me méconnaître. Paul Ardenne

    [1] Giorgio Agamben, L’Ouvert de l’homme et de l’animal, Paris, Bibliothèque Rivages, 2002, notamment le ch. 16 (« L’humanisation intégrale de l’animal coïncide avec une animalisation intégrale de l’homme »).

    Conférence le 27 novembre à 19 Heures

    Merci de vous inscrire à conf-expo@chassenature.org – Please RSVP at conf-expo@chassenature.org

    Musée de la Chasse et de la Nature

    • 62 Rue des Archives
    •  75003 Paris