Claude Manesse, l’Apocalypse selon Saint Jean au château de Monthelon

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    Détail : Dieu tenant le livre des 7 sceaux, entouré des 24 vieillards et des 4 bêtes. ©Cl. Manesse.

    Claude Manesse peint l’Apocalypse selon Saint Jean, trente ans après son oeuvre gigantesque La tentation de Saint Antoine. Un hommage à la mémoire de Max-Pol Fouchet (1913-1980), son ami qui lui conseilla de peindre d’abord les tourments de Saint Antoine (1) l’estimant alors « trop jeune » pour la vision de Jean.

    Le peintre s’est réinstallé dans son village natal de Montréal, en Bourgogne, pour réaliser ce thème de l’Apocalypse qui l’habitait depuis longtemps et qu’il considère comme très contemporain. L’oeuvre de 24 mètres de long sur 1 mètre 62 de hauteur est un parcours à travers tous les signes et symboles du texte de Saint Jean, de l’Ange exterminateur jusqu’à la Nouvelle Jérusalem. Elle permet de « lire » cette révélation sur l’avenir du monde… illustration remarquable de l’imagination humaine et message universel sur la crainte des Hommes. Claude Manesse a choisi d’exposer cette oeuvre en avant première dans son village, au château de Monthelon, lieu dédié à la recherche et à la création artistique depuis plus de 20 ans. L’exposition sera ouverte gratuitement au public du 24 juin au 24 août 2012, les vendredis, samedis et dimanches de 14 heures à 18 heures.

    L’Apocalypse rédigée par Saint Jean l’Evangéliste est le deuxième sujet religieux élu par Claude Manesse, peintre athée, pour ausculter les appréhensions de l’Etre sur la destinée du monde. Ce texte caractérisé par un symbolisme poussé laisse place aux interprétations nombreuses à toutes les époques. Il aurait été rédigé par Jean lors de son exil à Patmos (Grèce) sous le règne de l’Empereur Néron (54-68 ap. J.-C.). Jean y délivre un message à ses contemporains chrétiens pour les réconforter face aux persécutions subies dans la société païenne de Rome. Le document les avertit des évènements qui arriveront aux pêcheurs. L’Apocalypse comporte le récit des catastrophes de la fin d’un monde… la révélation que Jésus-Christ a reçue de Dieu « pour faire découvrir à ses serviteurs les choses qui doivent arriver bientôt, et qu’il a manifestées par le moyen de son ange, envoyé à Jean son serviteur (2) ».

    Claude Manesse peint l’Apocalypse sur 24 mètres. Un chiffre symbolique puisque multiple du chiffre trois, double des signes du zodiaque, nombre de vieillards présents autour de Dieu dans le texte de Jean. Il propose une interprétation personnelle des visions de Saint Jean et aussi universelle à travers les symboles explicites : Jésus Christ est représenté par l’Agneau, le dragon rouge est Satan, et l’Eglise est évoquée par la Nouvelle Jérusalem.

    1) D’après le poème de Gustave Flaubert

    2 ) Apocalypse de Saint Jean, Chapitre 1, al. 1.

    L’oeuvre de Manesse tisse des liens avec le monde contemporain car le thème de l’Apocalypse touche à des choses essentielles, éternelles et sacrées. Pour le peintre, les symboles sont des outils pour accéder au Vrai, derrière la réalité concrète. Son regard explore le thème au-delà de la représentation chrétienne. Cette Apocalypse est une forme de provocation dans le sens où le sujet religieux représenté est pour l’artiste « un prétexte à accéder à la Vérité universelle, à questionner le public et le responsabiliser ».

    L’Apocalypse est aussi un sujet « noble » dans la peinture. Il permet à l’artiste de s’inscrire dans la tradition de l’histoire de l’art. Aux Beaux-Arts, Claude Manesse étudiait les maîtres De Vinci, le Greco, Van Eyck, les Italiens : une base incontournable avant de s’émanciper en dehors de tout courant artistique. Claude Manesse se veut « peintre traditionnel », voire artisan, car il travaille lui-même son support et sa matière, ce qui participe à la qualité de ses oeuvres, au sens propre. Il aime à se placer dans la lignée des peintres des grottes de Lascaux, car les enjeux sont toujours les mêmes aujourd’hui : « réinventer sur la toile ce qui est vu, pour lui donner une dimension universelle, mystique et cosmique ». Pour Manesse, tout est abstrait et la peinture figurative n’existe pas « Si on regarde le détail d’une image, on trouve mille autres noms de choses qui sont derrière ». C’est ce qui faisait dire au Professeur D. Stephen Pepper (expert du trecento et du quattrocento italien) « ce sens du miracle […] est caractéristique de l’art de Manesse »

    L’Apocalypse selon Saint Jean pourrait être le testament artistique de Claude Manesse s’il n’avait d’autres projets « Cette oeuvre occupe mon esprit depuis 30 ans. Je devais l’assouvir ».

    La peinture de Claude Manesse a été exposée pour la première fois en 1958 alors qu’il avait 19 ans. Il a depuis exposé dans de nombreux pays européens (Allemagne, Belgique, Suède, France) ainsi qu’aux Etats-Unis (Art Wash, Washington DC, 1977) et au Japon (1er prix guest artist à l’exposition Kokusaï Bijutsu Shingikaï en 2000). La Tentation de Saint-Antoine (33 mètres), créée et présentée à Vézelay en 1978 a été ensuite exposée à la Cathédrale d’Aix en Provence, puis à Bruxelles, Ostende et Moissac. Viera da Silva (artiste peintre, 1908-1992) dont il fut conseiller technique et graveur disait de lui : « Pour Manesse, il n’y a pas d’impossible. Si doué, si actif, il ne finit pas de m’enchanter. Peut-être vient-il d’un autre monde ? » Avril 1975.

    « Peindre, c’est pour moi montrer ce qui se cache derrière une réalité visible par tous. La structure, les couleurs, les lumières, appartiennent à l’artiste sur sa toile, il utilise la nature mais n’est jamais son esclave. »Manesse

    • Exposition du 24 juin au 24 août 2012

    Le château de Monthelon est un lieu dédié à la recherche, à la création, et à la réalisation d’idées artistiques depuis plus de 20 ans. Des artistes sont accueillis en résidences de création dans diverses disciplines. http://monthelon.org