Christophe Ono-dit-Biot : Croire au merveilleux

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Christophe Ono-dit-Biot - Croire au merveilleux
Christophe Ono-dit-Biot - Croire au merveilleux

César a décidé de mourir. Mais une jeune femme sonne à sa porte et contrarie ses plans. Etudiante en architecture, grecque, elle se prétend sa voisine, alors qu’il ne l’a jamais vue. En est-il si sûr ? Croire au merveilleux de Christophe Ono-dit-Biot chez Gallimard.

Je veux bien avoir été distrait ces temps-ci, mais je sais que si j’avais croisé cette fille-là dans l’ascenseur ou le hall d’entrée, je m’en serais souvenu. Et puisque je me souviens d’elle, c’est que je l’ai vue ailleurs“. César a décidé de mourir. Mais une jeune femme sonne à sa porte et contrarie ses plans. Etudiante en architecture, grecque, elle se prétend sa voisine, alors qu’il ne l’a jamais vue. En est-il si sûr ? Pourquoi se montre-t-elle si prévenante envers lui, quadragénaire en deuil de Paz, la femme aimée, persuadé qu’il n’arrivera pas à rendre heureux l’enfant qu’ils ont eu ensemble, et qui lui ressemble tant ? Pourquoi est-elle si intéressée par sa bibliothèque d’auteurs antiques ? D’un Paris meurtri aux rivages solaires de l’Italie en passant par quelques îles proches et lointaines, Croire au merveilleux, en dialogue intime avec Plonger, est l’histoire d’un homme sauvé par son enfance et le pouvoir des mythes. Un homme qui va comprendre qu’il est peut-être temps, enfin, de devenir un père. Et de transmettre ce qu’il a de plus cher.

Christophe Ono-dit-Biot
Journaliste et écrivain, Christophe Ono-dit-Biot est né en 1975. Agrégé de Lettres, il est directeur adjoint de la rédaction de l’hebdomadaire Le Point, où il est notamment en charge des pages Culture. Écrivain, il a déjà publié quatre romans : Désagrégé(e) (2000), prix La Rochefoucauld, Interdit à toute femme et à toute femelle (2002), Génération spontanée (2004), prix de la Vocation, Birmane (2007), prix Interallié.

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Croire au merveilleux commence comme l’histoire d’une déchirure…
César est un être coupé en deux. Il lui manque, littéralement, sa moitié : la femme qu’il aimait, et qui est morte. Il vit avec l’enfant issu de leur amour, mais il est persuadé qu’il ne pourra pas être un bon père pour lui, tant il est ramené, dès qu’il le regarde, au souvenir de cette femme que le sort lui a enlevé. Alors il a décidé d’en finir. Mais au moment où il glisse sous l’effet des médicaments, on frappe à sa porte de manière insistante. Il finit par ouvrir. La jeune femme qui entre chez lui, d’un pas décidé, va aussi entrer dans sa vie. Elle est étudiante, grecque, se prétend sa voisine alors qu’il ne l’a jamais vue. Enfin, c’est ce qu’il croit. Jusqu’à ce que les souvenirs lui reviennent…

C’est le début d’une histoire d’amour ?
S’agit-il d’amour ? Cet homme en deuil ne vit que dans le souvenir de la femme disparue. Mais cette jeune femme qui a la vie devant elle est si à l’écoute, si avide de culture, qu’il s’attache, lui qui pensait ne plus pouvoir s’attacher. Disons que c’est l’histoire d’un réveil aux sentiments. D’un retour à la vie. Croire au merveilleux est aussi un roman sur les rapports que nous entretenons avec nos morts, sur la façon dont ils vivent en nous.

La mythologie grecque va jouer un grand rôle dans cette relation…
En effet, par l’intermédiaire d’un livre qu’elle a repéré dans sa bibliothèque. Plus largement, la mythologie imprègne tout le roman, de façon limpide ou cryptée. Il est question de la demeure supposée des sirènes, sur la côte amalfitaine où César va devoir retourner ; d’Orphée et de la « catabase », le chemin vers les enfers… César se vit comme l’un des derniers représentants d’une civilisation humaniste, branchée sur l’Antiquité, dont notre époque nous dit qu’elle aurait fait son temps. Ce roman est là aussi pour mettre en doute cet enterrement programmé. J’y paye mes dettes aux professeurs qui m’ont ouvert les portes de ce monde qui a construit mon imaginaire en me faisant chevaucher Pégase. Le merveilleux est aussi un instrument de connaissance qui doit être transmis.

L’oncle de la jeune femme, Nikos Stygeros, est l’auteur d’une parabole qui conte les tribulations d’un satyre dans les monothéismes d’aujourd’hui. Il exalte le pouvoir du corps, du vin, de l’ironie.
Le polythéisme comme remède au fanatisme ?
Je ne sais pas si l’on peut parler de remède, mais ce qui est sûr c’est que les monothéismes s’expriment majoritairement sous la forme d’interdits alors que le polythéisme se fondait sur une relation beaucoup plus naturelle entre les hommes et les dieux, qui partageaient d’ailleurs les travers des hommes. Tout n’était pas idéal dans la cité grecque, mais on n’y a jamais assassiné au nom d’un dieu.

Une des particularités du roman est d’intégrer des citations en grec et en latin…
Je m’inscris contre la tendance actuelle à raisonner en mode binaire en séparant le monde ancien qui serait à jeter aux orties, du monde numérique supposé être la panacée. Pour moi, ces deux mondes ont beaucoup à se dire, surtout quand il s’agit de construire l’avenir. Les citations en grec ancien ont deux significations : formellement, j’aime la magie graphique de cet alphabet que j’ai découvert quand j’avais douze ans. Sur le fond, c’est une manière de faire comprendre que ces phrases riches d’enseignement et de poésie ont toute leur place dans un roman qui parle, avant tout, de notre monde.

«Aujourd’hui je vais mourir.
Je ne suis pas malade.
Je ne suis pas ruiné.
Je n’arrive plus à vivre, c’est tout.
Amputé à ce point, est-ce qu’on peut même employer le mot, vivre ?
J’ai longtemps cru que j’y arriverais. Cru tout ce qu’on m’a raconté : l’apaisement qui suit l’acceptation de la mort de l’être aimé, suivi de sa renaissance sublimée sous forme de souvenirs… Tu parles. Je ne pense plus qu’à ses cendres flottant sur l’eau. J’ai leur goût dans la bouche.
La nuit, on tend les bras et il n’y a plus personne, plus rien.»

Entretien réalisé à l’occasion de la parution de Croire au merveilleux.

Broché: 240 pages
Editeur : Gallimard
Collection : Blanche
Langue : Français
ISBN-10: 2070118320
ISBN-13: 978-2070118328
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