L’exposition « Chrétiens d’Orient. Deux mille ans d’histoire » éclaire l’histoire d’une communauté plurielle et son rôle majeur au Proche-Orient, aux plans tant politique et culturel que social et religieux.
Si la rencontre de Jésus de Nazareth avec ses premiers disciples est située par le Nouveau Testament au bord du lac de Tibériade qui, à l’époque, abritait des villages de pêcheurs où se déroulèrent de nombreux épisodes de la vie de Jésus que l’on peut lire dans les Evangiles, le christianisme s’est implanté entre la Méditerranée et l’Euphrate, le long du Nil, sur les rives du Bosphore avant de se répandre de par le monde.
C’est pour cela que l’on peut affirmer aujourd’hui que les chrétiens du Proche et du Moyen-Orient, ne sont pas des « vestiges » de ce passé mais des acteurs à part entière de ce monde arabe dont ils sont l’une des pierres fondatrices.
C’est dans cette optique, et afin de raconter leur histoire au sein de l’Égypte, de la Syrie, de l’irak, du Liban, de la Jordanie et de la Palestine, que l’Institut du monde arabe leur consacre son exposition à l’automne prochain, exposition qui débutera le 26 septembre et placée sous le signe de la diversité et du multiculturalisme.
A cette occasion, 300 objets parmi lesquels de nombreux chefs-d’œuvre patrimoniaux uniques et inédits en Europe, ont été prêtés par les communautés elles-mêmes, tels les Évangiles de Rabbula, un célèbre manuscrit enluminé syriaque du VIe siècle, les premières fresques d’églises connues au monde de Doura-Europos en Syrie, des mosaïques des premières églises palestiniennes et syriennes, des portraits de moines coptes du monastère égyptien de Baouit, des stèles et souvenirs de pèlerinages aux effigies de saint Ménas, saint Syméon et sainte Thècle, ainsi que des icônes illustrant la magnificience du Sacré.
Cette exposition permettra au public de revivre l’histoire religieuse, politique, culturelle et artistique de ces communautés chrétiennes, de l’Antiquité à nos jours grâce à :
- L’évocation de l’apparition dans l’empire romain païen d’une religion nouvelle qui, en trois siècles, prend la place des anciens dieux et qui fera une place importante au développement du monachisme.
- L’histoire des Églises grecque, copte, assyro-chaldéenne, syriaque, arménienne et maronite à travers leurs débats théologiques fondateurs, qui seront repris à l’époque moderne sous l’impulsion de missions catholiques et protestantes venues d’Europe.
- L’explication de la diversité des rites, saints, traditions, lieux, langues sacrées, architectures et représentations iconographiques de ces différentes églises.
Face aux chrétiens, la conquête arabe des quatre premiers califes (632-661) est rapide ; une religion nouvelle s’installe face à eux, et, même si liberté leur est faite de conserver leurs croyances, ils ne peuvent vivre cette situation autrement que comme un défi. Sous les différents califats que dans l’Empire Ottoman (1453-1923), et en dépit de leur statut de dhimmis (protégés), le nombre des chrétiens diminuera ; ils conservent cependant un rôle primordial au sein de l’administration et de la vie intellectuelle et sociale :
- Par la traduction, ils sont des passeurs culturels.
- Par leur place dans les arts, l’architecture, l’artisanat, ils participent à l’essor de la nouvelle civilisation dont ils adoptent progressivement la langue. Leurs Églises y restent vivantes comme le montre la poursuite des créations architecturales et artistiques.
L’un des objectifs de l’exposition est de démontrer, sans naturellement omettre les questions les plus brûlantes de l’actualité, la participation active des penseurs chrétiens, souvent laïcs, au nationalisme arabe, confirmant par là-même l’ancrage historique de leurs communautés dans le monde arabe en exerçant un rôle majeur dans la vie sociale, la politique, l’économie, les arts, les lettres des pays auxquels ils appartiennent.
Aujourd’hui, les chrétiens sont menacés dans leur existence même, au Proche et au Moyen-Orient. Un drame humain s’y déroule chaque jour, et le patrimoine matériel et immatériel deux fois millénaire est également en danger. Face à ces atrocités, l’éveil d’une conscience nouvelle séculaire, citoyenne est en train de se développer au sein des sociétés arabes, laissant espérer les possibilités d’un avenir possible.
Brûlante d’actualité et au cœur des enjeux actuels, cette exposition se déroulera en parallèle de la deuxième édition de la Biennale des Photographes du monde arabe contemporain, d’ une programmation de spectacles et concerts entièrement repensée sous la forme de focus thématiques et toujours des rendez-vous, échanges et débats avec les grands acteurs de notre temps.
Infos pratiques
Chrétiens d’Orient 2000 ans d’histoire