Maryse Wolinski, la veuve du dessinateur Georges Wolinski, tué le 7 janvier dans l’attaque contre la rédaction de Charlie Hebdo et qui s’est en juillet dernier constituée partie civile pour comprendre les “failles” dans la sécurité qui ont, selon elle, abouti à ce drame, écrit actuellement un livre faisant état de sa “contre-enquête” sur l’attentat et dont la sortie, vient-elle d’annoncer, est prévue le 7 janvier 2016, jour anniversaire de la tuerie, livre dans lequel elle racontera aussi “qu’est-ce que c’est d’avoir perdu Georges Wolinski“.
“J’ai eu plusieurs phases, une phase de sidération, une phase de déni, et puis ensuite j’ai eu une phase de colère donc je me suis dit, il faut que je fasse une contre-enquête, pourquoi une scène de guerre a eu lieu dans les bureaux d’un journal satirique“, a-t-elle expliqué mardi sur RTL.
“Pourquoi (…), alors que la standardiste recevait de très nombreux appels de menace, pourquoi il n’y avait plus de fourgonnette de police, le journal n’était plus du tout gardé. Charb avait son garde du corps, mais qu’est-ce qu’il pouvait faire ? D’ailleurs j’ai interviewé des policiers et la question est quand même de savoir (…), les policiers face aux kalachnikovs de ces extrémistes (…), qu’est-ce qu’ils peuvent faire ? Je me pose la question“, s’est demandée la veuve du dessinateur.
Maryse Wolinski doit faire face à de nombreuses difficultés personnelles. Très seule depuis le décès tragique de son époux, elle a été contrainte de déménager, ajoutant : “Je ne sais pas du tout où je vais habiter.” “Il faudra ranger les affaires de Georges, ce que je n’ai pas fait, je n’ai touché à rien“, a-t-elle avoué.
Durant tout le mois de septembre, le théâtre parisien Dejazet rend un vibrant hommage au dessinateur, avec la pièce “Je ne veux pas mourir idiot” ainsi qu’avec une exposition de ses dessins, aussi bien politiques que portant sur des sujets de société, dont une quarantaine ont été prêtés par Maryse Wolinski qui a souhaité montrer l’évolution du trait de son mari et qui seront exposés dans le hall du théâtre.
Wolinski avait signé avec Georges Confortes, dans la foulée de 1968, cette pièce qui se voulait un témoignage sur les événements et qui mettait en scène une étudiante, un jeune ouvrier et un guitariste voulant faire la révolution face à un policier et à des “réactionnaires”.
“Lorsque le directeur du théâtre Jean Bouquin m’a proposé cet hommage, j’ai trouvé cela extraordinaire parce que j’ai précisément rencontré mon mari au moment où il a écrit la pièce en 1968“, a confié à la veuve du dessinateur. Après les 30 représentations parisiennes qui auront lieu du 1er au 26 septembre prochain, la pièce partira en tournée. Elle est ponctuée de chansons écrites par Evariste et Wolinski, et s’inspire des dessins parus à l’époque dans “L’Enragé“. Elle est reprise aujourd’hui avec les principaux protagonistes de l’époque. Claude Confortes assure de nouveau la mise en scène, sous “l’oeil bienveillant d’Anne Bourgeois“. Les comédiens qui jouaient autrefois les “jeunes”, Georges Beller et Philippe Ogouz, seront cette fois les “vieux réacs” de la pièce, explique Maryse Wolinski. L’étudiante est incarnée par Séverine Ferrer, le flic par Guillaume Ede et Fabien Martin reprend les chansons d’Evariste.
“J’ai demandé à ce que le texte soit respecté mais la chanson finale, qui sera jouée après les applaudissements, a été réécrite par Evariste pour inclure un hommage aux victimes de l’attentat, Cabu, Wolinski…“, précise Maryse Wolinski. Pour le directeur du théâtre Dejazet Jean Bouquin, “47 ans plus tard, cette pièce est toujours un symbole de la liberté d’expression et du refus de la perdre”. “Le rebelle par définition” Georges Wolinski “osait dessiner tout haut ce que nous pensions tout bas“, souligne-t-il.
Du 1er au 26 septembre “Je ne veux pas mourir idiot” + une exposition des dessins de Georges Wolinski sont présentés dans la célèbre salle qui jouxte la place de la République.
Théâtre Déjazet
41 Boulevard du Temple, 75003 Paris