« Ce que j’aimerais faire, c’est de la peinture pure.
Toute émotion ne serait traduite que par la matière de la peinture, la matière physique… Un bouquet blanc sur fond blanc, rien qu’avec des différences de brillance et de matité. Rien qu’avec cela, pouvoir dire ce qu’on ressent ».
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Ces quelques mots de l’artiste pourraient à eux seuls exprimer l’impression éprouvée devant les oeuvres de Bernard Cathelin. OEuvres où la réalité, si elle reste toujours bien présente, se trouve ramenée à son contenu et à ses structures essentiels, sans anecdote ou bavardages. Dans chaque oeuvre de Cathelin, le tableau et son espace, la peinture et sa matière, la couleur et la lumière demeurent l’enjeu principal de l’oeuvre. Bernard Cathelin est né en 1919 à Paris où, de 1945 à 1948, il poursuit des études artistiques dans l’atelier du peintre Maurice Brianchon, homme de grande culture à qui il dit devoir beaucoup : son « métier », comme sa liberté et son refus des formalismes.
C’est dans la Drôme, où ses racines maternelles le ramènent chaque été dans la propriété familiale des Rebattières près de Valence, que Bernard Cathelin a puisé les sources premières de son oeuvre.
À sa mère, Madeleine Terrail, il doit l’envie de peindre : « Il y avait toujours dans notre maison une telle profusion de fleurs que j’ai eu très vite l’envie de les peindre, non comme des fleu-fleurs mais comme des portraits ».
Aux paysages drômois, construits en plans et surfaces imbriqués, comme pétrifiés par une intense lumière rasante qui en gomme tous les détails, il doit sans doute une part de la structuration de l’espace de ses peintures.
Peintre voyageur, Bernard Cathelin est aussi profondément marqué par les pays traversés lors de ses longs dépaysements : Mexique, Espagne, Ceylan… Pays qui tous apportent à son oeuvre couleurs, formes et textures, pensées et âmes des lieux – cette « palette de voyage » dont parle Jean-Baptiste Niel. Le Japon, dit Bernard Cathelin « est le pays qui m’a le plus enrichi, que ce soit du point de vue formel ou du point de vue spirituel ».Les nombreuses variations peintes du Palais impérial de Katsura et du thème du Tokonomo*, témoignent de cet apport fondamental, oeuvres toutes de méditations faites « d’une visible géométrie dans laquelle on enferme l’émotion ».
Ses peintures au premier abord constituées de larges aplats contrastés de couleurs pures, révèlent au regard attentif un long et subtil travail d’élaboration mêlant texture et couleurs. Dans chaque oeuvre se réalise un jeu de
nuances, de transparences, de matités et de brillances, de grattages et de recouvrements, d’empâtements d’une matière riche et sensuelle.
*Cellule de méditation dans les maisons japonaises, meublée d’une simple table et d’un bouquet.
Photo : Portrait de Madeleine Cathelin, 1948 – Huile sur toile © Eric Caillet, Ville de Valence
Composée de plus de soixante-dix oeuvres, pour la plupart conservées par Bernard Cathelin et sa famille, l’exposition Cathelin comme jamais propose une vision nouvelle de l’oeuvre de l’artiste drômois, à travers des oeuvres qui n’ont été que rarement, voire jamais, exposées en public.
De la Nature morte à l’aiguière et à la tomate ou du Portrait de Madeleine Cathelin (sa mère) peints en 1948, à l’Hommage au Japon de 2001, sa dernière peinture, l’exposition présente tous les grands thèmes qui reviennent inlassablement dans l’oeuvre de l’artiste drômois, à travers bouquets, portraits et paysages.
Elle dévoile, pour la première fois, le travail de croquis, de dessin et d’aquarelle qui accompagnait ses peintures.
Du 23 novembre 2014 au 22 mars 2015
Musée de Valence
4, place des Ormeaux
26000 Valence
Le site du musée de Valence : museedevalence.fr
Bouquet d’oeillets d’Inde au vase vert et au fond vert, 1976 – Huile sur toile © Eric Caillet, Ville de Valence