Camille Leherpeur est né à Paris (France) en 1990. Très tôt il est initié aux mondes de l’art et de l’artisanat, grâce à l’éducation de sa mère artiste peintre et son père menuisier.
Camille Leherpeur développe un travail artistique complexe où se rencontrent et se croisent les différents médiums de l’art contemporain, voire divers outils d’expression comme ceux de la performance, de l’impression digitale et de la musique électronique, avec le regard critique sur l’Histoire. La question que son travail pose est la suivante : comment écrire l’Histoire en se servant de modes d’expression propres à l’historiographie européenne, plus précisément,comment réactualiser ces modes d’expression en les appliquant au contexte contemporain ?
Politiquement marqué par la pensée anarchiste du sociologue Pierre Clastres et profondément affecté par la crise européenne, ces objets sont portés à l’occasion de performances, afin de faire parler un personnage de chef vaniteux et sans pouvoir, répondant aux figures de roi et de fou, à la fois ridicule et terrifiant, puissant et impuissant. Diplômé de la Cambre en 2014, Camille Leherpeur poursuit son travail de recherche dans le cadre d’un master Beaux-arts à l’école Central Saint Martin, à Londres (Royaume-Uni).
À l’heure où Google ou Facebook proposent (certains même diront imposent) leurs historiographies au travers du verre de nos écrans, tandis que le Louvre ou la National Gallery continuent de proposer leurs historiographies principalement au travers du verre de leurs vitrines, l’exposition Arts-Loi propose des pistes de réflexion sur cette transformation de l’historiographie. En mêlant les codes de l’historiographie muséale, celle qui raconte l’histoire des puissants d’antan, à ceux de l’historiographie anecdotique des réseaux sociaux d’internet, celle qui raconte nos histoires, l’artiste interroge les profondes métamorphoses politiques que traversent nos sociétés.
Ainsi l’exposition Arts-Loi pose la question de l’historiographie à travers les symboles du pouvoir : ces objets qu’arborent les puissants, à la fois attributs et justifications de leur pouvoir, ils confirment le statut de puissant par une translation dans le domaine du divin et de l’eternite. L’artiste, en fabriquant lui-même un jeu de regalia, se réapproprie ces objets de prestige, il s’autorise de les sortir de leur vitrine et les activer. Naît alors un personnage d’anarchiste couronné, le temps d’une performance artistique où la représentation théâtrale se confond avec la présentation de la vie quotidienne. Roi du fou et fou du roi, ce personnage incarne la folie des temps où les différences s’effacent, où l’impuissant devient puissant, où le bouffon est austère et où le ridicule terrifie.
Alors là où « La modernité, c’est le transitoire, le fugitif, le contingent, la moitié de l’art, dont l’autre moitié est l’éternel et l’immuable. » (Baudelaire, dans La vie moderne du peintre, 1863), le fugitif de la performance doit être complété par l’éternité de l’archive et Arts-Loi pose aussi cette question de l’archive numérique, de la pérennité des nouveaux médias, de leur restauration et, enfin, des multiples biais historiographiques de ces nouveaux
systèmes.
Situé à 50 m du métro Pigalle, Section Pigalle est un lieu de rencontres et de projets artistiques ouvert depuis avril 2014, proposant des expositions rythmées par des concerts, performances et autres manifestations. La galerie donne périodiquement carte blanche à des personnalités invitées à investir le lieu. On y présente aussi bien de l’art contemporain que des arts dits mineurs – ou des propositions pouvant déborder librement.
Exposition du 5 au 15 novembre 2014
Section Pigalle
10 rue André-Antoine 75018 Paris
Le site de Section Pigalle : http://sectionpigalle.wix.com/sectionpigalle