BLEXBOLEX dessins, peintures et éditions rares

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    1992 / 2012 … Il y a tout juste 20 ans que Bernard Granger – plus connu sous sa marque de fabrique Blexbolex – a publié « XXX », son premier ouvrage, imprimé en sérigraphie et tiré à seulement 50 exemplaires. La galerie Arts Factory ne pouvait passer à côté de cette date anniversaire et vient clôturer en beauté une année déjà marquée par la parution de trois remarquables livres *. Riche de plus de 200 oeuvres : dessins, peintures et éditions rares, cette exposition d’envergure revient sur deux décennies de production graphique captivante.

    Né en 1966 à Douai, Blexbolex vit et travaille désormais à Leipzig (Allemagne). Après un passage aux Beaux-Arts d’Angoulême, il découvre la sérigraphie au début des années 90 et apprend les techniques de l’édition sur le tas. Blexbolex va ainsi publier de nombreux ouvrages en utilisant cette technique d’impression – au Dernier Cri et aux éditions CBO notamment – avant de lancer chez Cornélius les collections Lucette et Louise. En octobre 2006 « L’Oeil Privé » paraît aux Requins Marteaux. Nominé au Festival d’Angoulême, le livre va connaître un très bon accueil critique, permettant à un public plus large de se familiariser avec son univers, l’un des plus singuliers de la bande dessinée et de l’illustration.

    En 2009, Blexbolex reçoit pour son album « L’imagier des gens » (Albin Michel Jeunesse) le très convoité Worldwide Best Book Design Award, récompensant en toute simplicité le plus beau livre du monde. Cet album au succès international sera très vite suivi par « Saisons » toujours chez Albin Michel et « Fétiches » ; une série de portraits à base d’extraits de carnets, réalisée pour Arts Factory et la collection Dans la Marge. Les éditions Cornélius publient en 2012 le diptyque « Crimechien » et « Hors-Zone », où Blexbolex se révèle au sommet de son art, jouant avec les matières et les formes, superposant les couleurs, pour livrer des images envoûtantes au service d’une tortueuse trame narrative.

    (*) « l’arrière-pays » chez orbis pictus club, « crimechien » et « hors-zone » aux éditions cornélius

    Blexbolex

    « Je ne suis ni peintre, ni écrivain, ni graphiste, et en fin de compte, peut-être pas auteur de bande dessinée non plus. Je n’ai souvent même pas une histoire derrière laquelle me réfugier. Le livre est en première ligne. Il est ce que je fais, en réalité. Mais je ne suis pas un artiste du livre pour autant, parce que je ne remets pas sa forme en question, ni son fonctionnement, ou son rôle. Si j’interroge certains de ses aspects, cela ne constitue pas une critique fondamentale. Disons que je me sers du livre pour formuler mes questions sous forme d’idées. Du coup, la réalisation d’un livre s’apparente à l’exécution d’un morceau de musique par un orchestre : il faut le jouer juste et le mieux possible. Et pour cela, il faut que j’aie connaissance des moyens qui sont à ma disposition : la qualité de l’impression, les encres, le papier principalement. Le reste est secondaire, sans être négligeable pour autant, car cela participe très activement au ton et à l’atmosphère, à la scénographie de l’ensemble.

    Pas besoin d’utiliser des matériaux forcément « nobles », d’ailleurs, des matériaux très modestes peuvent sonner étonnamment justes, et parfois à ma grande surprise ! Il ne faut pas perdre de vue que mon activité s’exerce dans les domaines mineurs que sont les livres pour les enfants et les récits en images. C’est là où je me trouve bien. Ma création est plus subordonnée au livre qu’elle n’est conditionnée par lui. Je ne désire pas autre chose, dans le fond.

    J’ai abandonné le trait d’une part parce que je n’en avais plus besoin, et d’autre part parce que je ne savais jamais où le placer. Il me gênait. Je m’en suis rendu compte en travaillant sur une sérigraphie, en positionnant le film du trait sur les couleurs imprimées, pour vérifier le repérage, et en constatant que l’image était moins forte. J’ai enlevé le trait, et l’image était finie. En voulant encrer un crayonné qui était correct, combien de fois ai-je ruiné mon dessin, en encrant soit trop à l’intérieur, soit trop à l’extérieur, avec des conséquences aussi déplorables que ridicules ? Un trait doit être parfaitement équilibré, il faut être très confiant, ce que je ne suis pas. Avec la gouache ou l’ordinateur, je peux modeler mon dessin jusqu’à ce que je le trouve satisfaisant. C’est une sorte de sculpture en 2D, c’est très amusant. Du coup, il m’arrive même assez souvent de me passer d’esquisse préparatoire, je peux me fier à l’image que j’ai en tête sans l’angoisse de la réalisation.

    Je trouve aussi que l’image ainsi faite a souvent une dimension plus mystérieuse que celle que je peux produire par le dessin, parce que mon geste devient invisible. Elle me donne l’illusion que ce n’est pas moi qui l’ai produite, qu’elle vient d’ailleurs, d’une dimension à laquelle je n’ai pas accès si je ne me perds pas dans l’image. » propos extraits d’une interview réalisée en avril 2012 par stéphane beaujean et victor maas pour le magazine chronicart

    • Exposition du 24 octobre au 17 novembre 2012

    arts factory x galerie lavignes-bastille

    – 27 rue de charonne 75011 Paris