Bill Cunningham, THE Gentleman Photographer

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Bill Cunningham New York poster

On ne peut pas présenter Bill Cunningham comme un photographe de mode même s’il en est un, car Bill Cunningham est plus que cela; c’est un photographe de passion qui a vécu son travail comme un culte et dont la personnalité unique et originale a forcé l’admiration de tous au fil des ans, qu’ils soient professionnels de la mode ou simples new yorkais.

Né en 1929 au sein d’une famille catholique de Boston, Bill, après avoir étudié à Harvard, s’installe à New York pour y assouvir sa seule et dévorante passion: la mode. Ce sont les années cinquante, celles où les femmes se font remarquer pour leur côté glamour chic, et Bill se fait engager “Chez Ninon”, élégante enseigne de l’époque où il y fait la connaissance de clientes fortunées.

Parallèlement, il crée des chapeaux sous le pseudonyme de William J, allant jusqu’à endosser la veste de serveur dans des restaurants et drugstores pour financer ses fournitures.

Bill Cunningham Photo: @nuthanks via Instagram.

Bill Cunningham Photo: @nuthanks via Instagram.

Son goût, indéniable et marqué d’une touche d’extravagance, fait déplacer dans son salon de la 54ème rue, Joan Crawford, Ginger Rogers et Marilyn Monroe toutes en admiration devant ses créations, certes délirantes, mais tellement innovatrices et exotiques.

La vie de Bill va basculer le jour où l’un de ses amis lui offre un Olympus Pen D et où il commence à photographier les passants dans la rue:

“La première fois que j’ai vu des jeunes en train de protester contre la guerre du Vietnam, je me suis aperçu que ce que j’aimais vraiment c’était le style des rues.”dit-il

Puis, les années passant, les années soixante se profilent, avec l’avènement du prêt à porter et le début pour Bill d’une collaboration avec le Chicago Tribune et Women’s Wear Daily.

Bill Cunningham Photo: @megandwally via Instagram.

Bill Cunningham Photo: @megandwally via Instagram.

1978 marquera un tournant dans sa vie; attiré par la beauté et le chic d’un manteau de fourrure, il en réalise toute une série de clichés et, en procédant à leur développement, s’aperçoit que le précieux manteau enveloppait… Greta Garbo! Présentant les photos à l’éditeur du New York Times, il s’en suivra la rubrique “On the Street” que Bill compose chaque semaine depuis lors.

De nos jours, et à plus de 80 ans, Bill Cunningham continue à arpenter les rues de New York sur son vieux vélo, appareil photo autour du cou, sourire aux lèvres et vêtu de son éternelle veste bleue par laquelle tout le monde le reconnaît et qui n’est pas sans rappeler celle des ouvriers, balayeurs,

policiers et vendeurs de hot-dogs qu’il côtoie et fréquente jour après jour dans la rue qui est, comme il aime à le répéter, son vrai bureau.

Bill Cunningham s’est imposé jusqu’à devenir aujourd’hui l’une des personnes les plus respectées et influentes du secteur de la mode. Après avoir été l’un des tout premiers à découvrir Azzedine Alaïa dans les années 1980, il a été décoré il y a quelques années du titre de chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres par le ministre de la culture français, et chaque semaine, les professionnels attendent impatiemment sa rubrique.

Anna Wintour, rédactrice en chef du Vogue américain et grande prêtresse de la mode, affirme qu’il connaît les tendances bien avant tout le monde; elle avait d’ailleurs renforcé l’aura du photographe en ignorant tous les paparazzis présents qui voulaient la prendre en photo à l’arrivée d’un défilé, ne s’arrêtant qu’un seconde devant l’objectif de Bill Cunningham!

Bill Cunningham Photo: @kimodonoghue via Instagram.

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Et pourtant que connaît-on de Bill Cunningham ? Qui est-il vraiment ?

De quoi sa vie privée est-elle faite ?

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Nul ne sait, nul ne peut le dire, car s’il a passé sa vie dans le monde de la mode, Bill n’a jamais voulu en faire partie.

Personnage énigmatique, mystérieux et tellement emblématique de New York, aussi réservé que l’était Greta Garbo, Bill Cunningham ne confie rien, ni sur ses goûts et son mode de vie, encore moins sur sa vie privée; c’est ce qui a poussé le documentariste Richard Press à lui consacrer un film: 10 ans pour le faire, dont 8 passées à tenter de le convaincre de passer devant la caméra! Le réalisateur a du se faire non seulement discret et silencieux mais quasiment invisible pour pénétrer dans l’univers de Bill qui, non seulement refuse toujours avec gentillesse et modestie de parler de lui, mais se révèle être un ermite vivant en dehors de tout luxe dans un modeste appartement au Camegie Hall au milieu de plus de quarante années de clichés.

Bill CunninghamPhoto: @soyoungson_ via Instagram.

Bill Cunningham Photo: @soyoungson_ via Instagram.

Grâce à ce film, nous parcourons New York avec lui en vélo, à la rencontre de personnes issues de
tous les milieux sociaux, un melting pot dans lequel Bill évolue à l’aise, toujours sur le qui vive afin de saisir les photos les plus insolites et originales des gens de la rue, dont il fera, non sans humour, une rétrospective de tendances.

Bill Cunningham at the Ralph Lauren S/S 2015 fashion how Photo: @norriporri via Instagram.

Bill Cunningham at the Ralph Lauren S/S 2015 fashion how
Photo: @norriporri via Instagram.

Comme il l’affirme: “Le meilleur défilé se tient dans la rue. Ça a toujours été comme ça, et ça continuera de l’être”.

Richard Press, en faisant appel à John Lurie et les Lounge Lizards pour la musique, a apporté à son film la touche rythmique la plus appropriée avec un fil musical qui traduit tout aussi bien la gaieté du personnage que la symbiose qui s’opère entre lui et New York, car raconter Bill Cunningham, c’est raconter l’évolution culturelle de sa ville depuis qu’il la parcourt inlassablement .

Le film “Bill Cunningham New York” lève le voile sur cette figure emblématique de la mode new yorkaise et internationale qu’est Bill; il nous fait découvrir un homme empreint de gentillesse et de gaieté, un homme dont la photographie est devenue un mode de vie à part entière, une religion.

Bill Cunningham est certes un photographe, mais c’est avant tout un esthète, un philosophe, un homme aussi passionné que passionnant.