Baccarat, Daum, Gallé : La maîtrise de l’Art verrier n’explose en Lorraine qu’à partir du XVIIe siècle, avec l’ajout du plomb dans la composition, et grâce au génie artistique d’Émile Gallé ou encore des frères Daum.
La maîtrise de l’Art verrier n’explose en Lorraine qu’à partir du XVIIe siècle, suite aux récentes découvertes techniques « l’ajout du plomb dans la composition », et grâce à l’émergence d’un génie artistique illustré par Émile Gallé ou encore les frères Daum.
La genèse de l’histoire du verre :
Autrefois, l’un des verres les plus répétés au monde était celui de Damas. Constantinople est alors un centre névralgique du commerce mondial. Sa grande influence va permettre de transférer capitaux et main d’oeuvre.
Dès le XIe siècle, le verre trouve toute sa vitalité à Venise. La verrerie vénitienne s’étend ensuite rapidement à tout l’Occident. Jusqu’au XVIIIe siècle, le verre de Venise, et plus particulièrement celui de Murano, va imposer la technique du verre à chaud, coloré, filigrané.
À partir du XVIIIe siècle, les artistes ne considèrent plus seulement l’élégance et le façonnement mis en œuvre, ils entrevoient la possibilité d’en faire le support de décors et d’ornements.
Peu à peu, le verre de luxe, considéré comme Vénitien, est surpassé par celui de Bohême. Murano sous-estimait le pouvoir des décors figuratifs ou ornementaux.
Les techniques de gravure et de taille résultent d’expérience sur le cristal de roche, autrefois réservé à l’aristocratie. La production de verre se concentre de plus en plus en Bohême et en Silésie.
En France, il faudra attendre l’année 1764 afin de voir la création d’une grande verrerie, capable de rivaliser avec les productions de Bohême. C’est Louis XV qui accorde cette autorisation au jeune Louis de Montmorency-Laval. Elle se dénommera « Baccarat ».
L’explosion de la verrerie d’art française en Lorraine :
L’Art nouveau, ce renouveau des arts décoratifs, a pleinement profité à nos verriers français. Ce foisonnement naturaliste touche tous les domaines de la société. Cet art dit Total s’impose à Nancy, capital de l’Est.
Suite à l’annexion de l’Alsace-Lorraine en 1870, la ville de Nancy va connaître un essor démographique sans pareil. La ville s’enrichit et de nombreux verriers s’y établissement. Pendant une vingtaine d’année, la verrerie d’art va connaître sa plus belle époque, vitrine des plus beaux chefs-d’oeuvre de verre jamais créés.
L’innovation technique est au cœur de la création : marqueterie sur verre, décor à l’acide, procédé de moulage à la cire perdue, les plus grandes avancés techniques sont le fruit de quelques verriers, artistes, mais aussi scientifiques, à l’instar du grand Émile Gallé.
Émile Gallé, chef de file de la verrerie d’art Lorraine :
Nul de doute qu’Émile Gallé est le plus talentueux verrier de sa génération. Cet artiste poète est l’unique verrier à présenter une véritable œuvre scientifique. Son œuvre botanique, salué par les scientifiques, fut une source essentielle de sa création. L’analyse poussée des espèces végétales ainsi que leurs évolutions lui ont permis de créer des œuvres d’une réalité et complexité étonnante.
Il sera l’un des principaux instigateurs du mouvement Art nouveau. Formé à l’apprentissage du verre à Meisenthal, il y fera exécuté un grand nombre d’oeuvres avant la création de sa verrerie à Nancy en 1894. Son œuvre est commune, fruit d’une collaboration fructueuse avec de grands artistes, bien souvent restés dans l’ombre : nous pouvons citer le grand émailleur Désiré Christian, ou encore Eugène Kremer.
Son œuvre a souvent été copié. Certains grands verriers se sont inspirés des créations de Gallé. Innovateur et chercheur, Gallé rencontra un vif succès lors de la commercialisation de ses premiers vases aux motifs floraux. Les frères Daum, dont Antonin, responsable du département artistique depuis 1901, va lui aussi rejoindre les arabesques de l’Art nouveau.
Les frères Daum, depuis 1878 :
L’histoire de la manufacture Daum s’écrit dès la migration de Jean Daum, originaire de Bitche, qui rejoint Nancy en 1878. Il rachète la manufacture qui devient « Verrerie de Nancy, services de tables, demi-cristal » et y associe ses deux fils, Auguste et Antonin.
Au départ, la production est utilitaire, mais l’apogée de l’Art nouveau et l’arrivée de son fils, Antonin, responsable artistique, va ouvrir des portes jusque là inconnues. Fervent admirateur d’Émile Gallé, c’est tout naturellement qu’Antonin Daum va s’inspirer de son modèle. En 1900, lors de l’Exposition universelle, la manufacture Daum reporte un Grand Prix !
C’est dorénavant une signature de Nancy, l’art rejoint la botanique. Le foyer artistique Lorrain impose son style, le Tout-Paris a les yeux fixé sur Nancy, ce courant artistique donnera naissance à l’École de Nancy, une alliance des artisans, artistes et industriels Lorrains.
Créé en 1901 par Émile Gallé, cette alliance a pour but d’unir ses forces, défendre des intérêts communs, et diffuser plus largement le foyer artistique Lorrain grâce à une production mécanisée.
Baccarat, le cristal des rois :
Quittons les rivages de Nancy pour rejoindre la ville de Baccarat, située à 45 minutes en voiture. C’est incontestablement la cristallerie la plus reconnue au monde. Sa création est le résultat d’une décision stratégique.
Suite aux fermetures des salines de Rozières, la monarchie se devait de trouver un nouveau débouché économique aux immenses forêts Lorraines. Ces forêts regorgent de matières premières nécessaires à la création du verre : le bois pour alimenter les fours, la silice, et la potasse issue des cendres de fougères.
Le consortium décisionnaire hésita longuement entre l’établissement d’une forgerie ou d’une faïencerie. Cependant, le cristal se révéla un excellent moyen d’exporter son savoir-faire à travers le monde, dont la demande ne cessait de croître.
En 1841, un modèle de verre voit le jour. Ce dernier va asseoir la réputation mondiale de Baccarat dans les Arts de la table. Harcourt, un verre d’apparat, taillé à côtes plates, va s’imposer dans les tables des grands de ce monde. Toujours disponible au catalogue Baccarat, ce modèle fêtait ses 250 ans en 2011.
Louis XV, Charles X ou encore Louis-Philippe, seront de fervents clients de la manufacture. Les grands gouverneurs étrangers ne seront pas en reste, citons le Maharadjah de Gwalior, ou encore le dernier Tsar de Russie, Nicola II.
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