“Au-delà du Street Art” à l’Adresse Musée de La Poste

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    L’exposition est segmentée en 11 espaces différenciés. La photographie d’une oeuvre et la biographie de l’artiste ouvre chaque espace. Au total plus de 70 oeuvres sur des supports très éclectiques : panneaux de signalisation, toile, palissades de bois, linoléum, boîtes aux lettres, tôle, fragments d’affiches, sont exposées. Pochoir, peinture aérosol, mosaïque, scotch, fusain, papier découpé, résine, tampon, gravure, peinture acrylique, aquarelle, gouache… sont autant de techniques et de matériaux utilisés aujourd’hui par ces artistes.

    Des vidéos montrent les artistes en action et des vitrines présentent le matériel de certains dans l’exposition.

    Les vidéos présentées :

    • Invader : « In bed with Invader », documentaire de 2011 réalisé par Raphael Haddad et produit par Extermitent Production.
    • Vhils : « Scratching the Surface Series #4 », 2012, produit par l’Adresse Musée de La Poste.
    • Swoon : « Street Art la rébellion éphémère », documentaire de 2009, réalisé par Benjamin Cantu et Anne Burger et produit L’Harmattan.
    • Shepard Fairey : « Rise Above Rebel », juin 2012, produit par la galerie Itinérance, la mairie du 13e et Butterfly.
    • Banksy : « Faites le Mur », 2010, produit par Paranoid Pictures Film.
    • L’Atlas : « Punitions », 2011, Skalitzers Contemporary Art, Berlin.

    Des univers et des thèmes très différents se côtoient :

    Travail sur la pixellisation pour Invader, dénonciation de la manipulation médiatique et de l’omniprésence publicitaire pour Shepard Fairey, critique de la société et humour noir pour Dran, créatures hybrides avec Ludo, portraits grandeur nature pour Swoon, boussole et labyrinthes calligraphiques avec L’Atlas, travail sur la négation avec Rero, jeux de mots et poétisation avec Miss. Tic, portraits de C215, visages creusés dans la matière pour Vhils et, enfin, l’énigmatique Banksy, légende du Street art à l’identité secrète.

    Banksy dont l’identité reste secrète serait né en 1974 et originaire de Bristol (Angleterre).

    Personnage mythique du street art, Banksy dépose ses pochoirs humoristiques et toujours incisifs sur les murs du monde entier. Il revendique la liberté, la justice en détournant les situations. Les rôles sont inversés, les enfants fouillent les policiers et les rats revendicateurs nous interpellent. C’est également le réalisateur d’« Exit through the gift shop » sorti en 2010. Entre documentaire et fiction, il apparaît visage masqué et voix truquée pour nous immerger dans l’univers du street art et nous amener à une réflexion sur le monde de l’art et ses dérives possibles.

    C215 Christian Guémy est né en 1973. Il vit et travaille à Vitry-sur-Seine (France).

    Universel et compris de tous, le portrait est le sujet de prédilection de C215. Il fabrique ses pochoirs d’après photographies et part à la recherche de morceaux de bois, tôles, bidons d’huile, pots de peintures, boites aux lettres… Il leur donne une deuxième vie en laissant apparaître ces visages et replace ainsi humanité et émotion au coeur des villes.

    Dran est né en 1979. Il vit et travaille en France.

    Avec ses crayons et pinceaux, Dran nous livre une vision corrosive de notre société de consommation. Teintés d’humour noir, ses dessins sont toujours percutants et terriblement grinçants. « Mon but est de défendre le dessin et avec de l’imagination, de donner de la magie aux choses ».

    Invader :  Né en 1969, Invader vit et travaille à Paris.

    Dès la fin des années 90, Invader entame un jeu vidéo grandeur nature et à échelle mondiale. Ses « space invaders », sortis tout droit du jeu vidéo éponyme de la fin des années 70, se matérialisent par des carreaux de mosaïques dans les villes du monde entier. Stratégie, plan d’invasion, référencement et photographies complètent son projet. Il poursuit son travail sur la pixellisation en créant des tableaux-objets en 3 D avec des Rubik’s Cubes.

     L’Atlas est né en 1978, il vit et travaille à Paris.

    L’Atlas réinterprète l’écriture et nous livre boussoles et labyrinthes. A l’aide de ruban adhésif noir, de tampons et de peinture, il nous ouvre les portes de son univers graphique qui a pris racines dans son apprentissage de la calligraphie géométrique koufi. En quête d’une écriture universelle, il utilise l’espace, travaille sur des grands formats et nous livre un art entre la calligraphie, l’abstraction géométrique et l’art optique.

    Ludo est né en 1976. Il vit et travaille à Paris.

    Les créatures hybrides de Ludo mêlent univers minéral et végétal. Il s’interroge sur la place de l’homme dans l’environnement à travers ses collages gris et blanc partiellement recouverts de peinture verte. Une autre facette de son travail porte sur le détournement publicitaire dénonçant ainsi son omniprésence dans notre paysage urbain.

    Miss. Tic : Née en 1956, Miss. Tic vit et travaille à Paris.

    Les silhouettes brunes et séductrices de Miss. Tic distillent leurs traits d’esprits sur les murs de Paris dès 1985. A travers ses pochoirs dont les supports sont multiples, elle joue simultanément sur l’intime et le public, dans un jeu de mystère et d’exhibitionnisme où se mêlent subtilement insouciance et provocation. Que ce soit dans la rue ou sur toile, Miss. Tic « prête à rire mais donne à penser » avec cet inébranlable amour de la vie, de la poésie et de la peinture. es ».

    Rero Né en 1983, Rero vit et travaille à Paris.

    Les messages d’erreurs de Rero – systématiquement barrés – sont réalisés au pochoir dans une police Verdana qu’il considère affranchie de tout a priori et connotations. En travaillant sur la négation, il soumet les mots à notre interprétation. A mi-chemin entre street art et art conceptuel, il interroge les codes de la propriété intellectuelle.

    Shepard Fairey (alias Obey) est né en 1970. Il vit et travaille à Los Angeles (USA).

    A travers ses oeuvres, Obey nous amène à une réflexion sur les mécaniques du pouvoir. Il dénonce la manipulation médiatique, l’omniprésence publicitaire, prône la paix et la liberté d’expression avec des symboles récurrents comme « l’oeil » de Big Brother ou la femme en rouge. Il privilégie l’affichage dans lequel il reprend les codes des propagandes russes, chinoises…en termes de couleurs, de formes géométriques et en plaçant le personnage au coeur de son oeuvre tel un héros.

    Swoon Née en 1978, Calédonia Curry vit et travaille à Brooklyn (USA).

    De ses voyages, Swoon ramène photographies et croquis. Elle grave les portraits sur linoléum et les imprime sur Mylar, papiers recyclés ou calques et les contre-colle parfois sur des objets récupérés. Sa vision humaniste du monde transparaît dans ses pièces grandeur nature.

    Vhils Alexandre Farto est né en 1987. Il vit et travaille à Lisbonne et à Londres.

    A l’image d’un archéologue, Vhils explore la matière et effeuille les couches. Toujours en quête de nouveaux procédés, il creuse les différentes strates du support. Burin, marteau piqueur, acide, eau de javel, cutter, explosif … sont autant de techniques qu’il maitrise. Des sillons se creusent, des ombres se dévoilent, la matière se libère laissant apparaître des visages de héros anonymes.

    • Commissaire de l’exposition : Céline Neveux
    • Scénographie : Jean-Claude Salliou

    De l’art à l’état urbain Magda Danysz, galeriste

    Comme tout mouvement en développement le simple fait de le nommer, de le réduire à un seul mot, fait débat. Graffiti, stencil art, street art… Comment définir le mouvement artistique le plus important de ce début de siècle ? Par respect pour les instigateurs du mouvement, nombreux sont ceux qui emploient le terme de graffiti, qui lui-même a supplanté l’ancien terme de spraycan art. Devenu réducteur face aux différentes techniques employées depuis par les artistes qui ont au fur et à mesure étoffé leurs pratiques, il ne correspond plus à la richesse du mouvement. Etant issu de la rue, la logique voudrait que l’on se cantonne à l’appeler urban art ou street art. Mais cette forme d’art doit-elle par définition être produite dans la rue. L’artiste serait-il prisonnier de sa pratique et de son environnement ? Si l’on veut utiliser aujourd’hui le terme de Street Art, cela implique de reconnaître les limites du terme. Par respect pour tous les artistes talentueux du mouvement, le spectre qu’implique le Street Art doit être entendu au sens le plus large possible. Il s’agit de réaffirmer l’influence indéniable de la rue, de ses vibrations qui ont pénétré, inspiré, challengé ces artistes depuis près de quarante ans tout en acceptant cette composante comme une partie nécessaire mais non systématique de chaque oeuvre.

    Le mouvement artistique le plus important de ce début de siècle ? Convaincue depuis près de vingt ans de cette affirmation je constate avec délice qu’il est aujourd’hui temps de se pencher sur ce qui fait la force du mouvement de l’art urbain, d’un point de vue artistique plus que juste social.

    En quoi consiste sa force ? Le street art est une pratique née d’un environnement nouveau (la ville développée à son paroxysme), avec des techniques propres (bombes, collages, pochoirs, etc.) aux effets particuliers, avec des messages forts (qu’ils soient individuels dans la simple signature ou plus militants) et par-dessus tout une culture commune indéniable et plus forte que n’importe quelle frontière. L’ « Internationale du Graffiti » existe. Les artistes du Street Art se rencontrent, s’affrontent et se respectent, de près ou de loin. Jamais un mouvement n’a autant généré de passerelles internationales et de documentation photographique que tous s’échangent. Art de la lettre et du mot à ses débuts, il est devenu l’art portrait d’une génération, où se mêlent l’aérosol, le pochoir, le collage, et bien d’autres techniques. A chaque artiste de se dépasser et de trouver sa voie originale. A force d’émulation entre les artistes, les années aidant, chacun des talents présentés dans l’exposition est l’incarnation d’une démarche personnelle nourrie par l’histoire et la culture commune du street art.

    Pour les petits Atelier en famille : Les p’tits grapheurs

    Après avoir découvert les techniques des street artistes, les enfants sont invités à s’interroger sur leur identité et ce qui les caractérise au sein du groupe. Après s’être créé une signature artistique qui peut prendre la forme d’un dessin, ou d’une typographie particulière, ils produiront une oeuvre collective pour que cohabitent les différents produits de leur expression. A la fin de l’atelier le groupe repart avec la fresque, souvenir de cette réflexion menée ensemble.

    DATES Mercredi 26 décembre 2012 Vendredi 4 Janvier 2013 Lundi 4, Vendredi 8 et Mercredi 13 mars 2013 HORAIRE 15h00 – PRIX 6,50 €