Le musée national de la Marine vous invite à découvrir un ensemble remarquable de photographies issues de l’atelier photographique de l’arsenal de Brest réalisées entre 1860 et 1914. À travers plus de 80 épreuves sur papier albuminé et de négatifs sur plaque de verre, ce patrimoine photographique offre, par le prisme de l’image, une vision des infrastructures, des sites majeurs et de l’activité d’un arsenal aujourd’hui disparu. En effet, créés à l’initiative des directeurs des Constructions navales, autour de 1860, à Cherbourg, Brest, Lorient, Rochefort et Toulon, les ateliers photographiques des arsenaux avaient pour mission de documenter l’activité des ports militaires afin de permettre au ministre de la Marine à Paris d’être informé de l’avancée des travaux entrepris pour moderniser la flotte. Les photographes – anonymes – ont tiré parti de la géographie du site afin de produire des vues grandioses. Le parcours de l’exposition s’inspire de l’emprise topographique de l’arsenal sur la ville de Brest et les alentours. Il est ponctué de descriptions contemporaines publiées dans la Revue maritime et coloniale de 1866.
Ce fonds photographique, présenté pour la première fois au public, est composé de tirages sur papier albuminé et de négatifs sur plaques de verre et forme un ensemble exceptionnel au sein des collections du musée national de la Marine. Invention majeure de la première moitié du XIXe siècle, la photographie commence à être employée au sein de l’arsenal de Brest à partir de 1860, date à laquelle débute la nécessaire modernisation du site. Endogène à l’arsenal, cet ensemble photographique est remarquable tant par son iconographie que par son état de conservation. Cette production permet d’appréhender les travaux engagés pour moderniser l’arsenal de Brest, comprendre son maillage territorial, son organisation spatiale et son emprise intra et extra muros.
Loin de la seule charge nostalgique d’un urbanisme industriel disparu, les photographies sélectionnées ont été choisies pour leurs qualités visuelles et leur aspect esthétique. Les auteurs anonymes de ces photographies ont tiré parti de l’architecture austère de l’arsenal pour construire des images d’une grande rigueur formelle. L’absence d’ouvrier et de marin peut surprendre le spectateur contemporain car l’arsenal à cette époque est loin d’être un lieu dépeuplé. Cela s’explique tant par une contrainte technique, le temps de pose est trop long pour saisir en instantané l’effervescence du site que par une injonction du ministre de la Marine, F. Hamelin, stipulant en 1859 de n’utiliser la photographie que pour « reproduire les objets relatifs à la Marine. »
L’utilisation de la photographie au sein de l’arsenal de Brest correspond au moment où la Marine, suite aux enseignements de la guerre de Crimée (1853-1856), s’engage dans trois innovations technologiques : la propulsion à vapeur, l’obus explosif et la construction métallique. Cette mutation impose aux arsenaux de Brest, Cherbourg, Rochefort et Toulon d’entreprendre de lourdes transformations de leurs infrastructures : creusement de nouveaux bassins et agrandissement des anciens, créations d’ateliers d’ajustage, de forges ou de fonderies.
Au cours de la seconde révolution industrielle, l’image photographique semble offrir une représentation conforme de la réalité. Elle est donc considérée comme le moyen d’enregistrer de façon objective et rigoureuse les bouleversements que connaît l’arsenal.
« De bonnes épreuves photographiques mises sous les yeux du ministre en diront beaucoup plus que les rapports les plus longs et les plus détaillés. Ce nouveau mode de communication est appelé à rendre de grands services (…) Avec son secours le Ministre s’il le veut, peut voir pour ainsi dire comme dans un miroir, tout ce qui se passe dans les ports. »
La topographie et l’architecture du port militaire offrent aux photographes de l’arsenal un sujet remarquable de sorte que le bâti industriel occupe une place principale dans le corpus de papiers albuminés : vues d’architecture, aménagements des bassins, vues de la rade, bois flottants ou l’exceptionnel Pont Impérial photographié dès la mise en route de l’atelier. Ce corpus est de première importance pour comprendre l’implantation des bâtiments, la disposition des lieux et son insertion sur le territoire. Reportés sur une carte, les clichés conservés par le musée couvrent une vaste étendue géographique débordant la ville vers Kerhuon ou l’anse Saupin. Les monuments et sites majeurs de l’arsenal sont représentés en images : le pont tournant, la grue du viaduc, le Magasin général, La Consulaire, le plateau des Capucins ou encore le Parc à bois de Kerhuon.
- Exposition du 31 mai au 12 novembre 2013
Musée national de la Marine
Château de Brest
- Boulevard de la Marine
- 29200 Brest
Horaires d’ouverture
- tous les jours de 10 h à 18 h 30 d’avril à septembre
- tous les jours de 13 h 30 à 18 h 30 d’octobre à mars
- fermé le 1er mai