Angelique Ionatos en concert le 13 juin au Théâtre de la Ville

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    1882

    Les poètes sont en exil. “Ils portent le deuil du soleil et des années à venir”, mais ils ne meurent jamais. Ils veillent sur notre humanité. Comme ces Hommes-Livres dans l’oeuvre de science-fiction de Ray Bradbury “Fahrenheit 451” qui, dans la clandestinité, résistent en apprenant par coeur les chefs d’ oeuvre de la littérature dans un monde où les livres sont brûlés. Dans notre monde, soumis à une nouvelle barbarie celle de la ploutocratie, il nous faut interroger nos poètes pour retrouver la mémoire et l’utopie tout à la fois. En quittant mon pays en 1970, j’étais une adolescente qui se réjouissait à l’idée de connaître de nouveaux horizons. La Grèce était sous la dictature des colonels mais c’est en exil que j’ai appris ce qui s’y passait. Alors ma langue est devenue ma patrie ; la seule qu’on ne pouvait pas me confisquer. Il était vital pour moi de l’aimer, la cultiver et la défendre. Paradoxalement c’est en apprenant le français que j’ai pu découvrir la beauté de ma langue maternelle. La distance géographique et culturelle, m’a permis de réentendre sa musique. Et quelle musique! Cette nostalgie qui devenait de plus en plus forte, était faite de douleur (l’étymologie du mot le dit), mais il y avait “une si belle terre sur mes racines” qu’elle a permis à mes fleurs de pousser. Voilà pourquoi je me suis mis à composer et à chanter sur les mots de mes poètes. J’ai grandi avec eux et grâce à eux! Aujourd’hui mon pays est humilié. Lorsque je me sens découragée et impuissante je lis les poètes qui m’ont nourrie et l’espoir revient. Car la parole poétique et aussi une parole politique et souvent prophétique. Aussi indispensable que le pain. Alors l’espoir revient, comme “un chant de maquisards dans la forêt des aromates”. Angélique Ionatos

    Angélique Ionatos est née à Athènes. Depuis 1982, elle vit entre la France et la Grèce. Associée au Théâtre de Sartrouville pendant 15 ans, la plupart de ses créations ont été présentées en première au Théâtre de la Ville. Elle a enregistré 18 albums, composant sur les textes des plus grands poètes grecs (1984, Marie des brumes d’Elytis ; 1992, Sappho de Mytilène, prix Charles Cros). En 1995, Mikis Theodorakis lui confie l’interprétation de son oeuvre Mia Thalassa, inédite jusqu’alors. En 2006, elle crée en espagnol Eros y muerte, sur des poèmes de Pablo Neruda. Katerina Fotinaki l’accompagne dans son dernier album Comme un jardin la nuit (2007).

    • Angelique Ionatos: guitare & voix
      Katerina Fontinaki: guitare & voix
      Gaspar Claus : violoncelle