La BnF présente depuis quelques jours une grande exposition monographique consacrée au photographe suédois Anders Petersen. Les quelques 400 photographies en noir et blanc présentées site Richelieu constituent une magnifique et fulgurante traversée de l’oeuvre élaborée pendant un demi-siècle par l’artiste suédois, traversée qui nous fait revisiter, de façon non chronologique, un parcours tout en questionnements.
Né en 1944 à Solna (Suède), Petersen a quitté très jeune le confort familial pour partir à Hambourg où, livré à lui-même, il a cotoyé avec bonheur une population des plus interlopes. En 1970, revenu sur ses pas, il délaisse la peinture pour recevoir l’enseignement de Christer Strömholm qui a , tant sur son art que sur sa conception de la vie, une influence considérable. La vision du monde et l’approche de Petersen se dévoilent dans “café Lehmitz”; ne cessant de s’interroger sur lui-même sur qui il est et pourquoi, pour mieux se comprendre, il choisit ce lieu clos peuplé de marginaux qui forment une famille et un univers; il s’y sent accueilli, libre et apprécié.
L’expérience du contact humain, de ses épreuves et de ses joies, lui importe davantage que le souci de la belle image. Cette première série de photos fait spontanément son succès, et c’est sans doute leur sincérité qui a tout de suite mis en évidence la singularité de l’artiste. Ce premier essai est une oeuvre unanimement reconnue et saluée où l’on discerne ce qui sera maintenu d’une main sûre pendant plus de 40 ans.
Que les murs du café Lehmitz laissent la place à ceux de l’hôpital psychiatrique ou aux grilles de prison, l’intention reste la même : vivre l’expérience jusqu’au bout, être admis, rendre palpables les sensations et les émotions émanant du lieu et des personnes qui s’y trouvent. Petersen ne cherche pas la prouesse, l’image idéale, il cherche l’image adaptée à son intuition; il cherche le moment juste, celui où coïncident la pulsion, la vérité et la justesse.
Petersen n’a cessé d’évoluer au fil des rencontres et des voyages, sans renier pourtant le mode d’approche de ses premières photographies, ou leur ancrage dans le vécu et l’émotion personnelle.
Petersen et sa technique très personnelle du cadrage n’appartient à aucune école; ses photographies, voisines du documentaire, exigent une totale disponibilité mentale, un retour vers soi-même pour mieux se rapprocher de l’autre. L’un des aboutissements de son oeuvre se situe dans le livre; son dernier ouvrage, “City Diary” en est un parfait exemple : aucun texte, ni légendes, juste une collection d’instants et d’émotions .
Avec Petersen , le noir et blanc est à son apogée, univers en soi où peut se déployer l’imagination du spectateur. Il sait trouver le point de vue juste, à l’exact opposé de celui qui ne saurait pas regarder; “je ne cherche pas ce qui sépare, dit-il, je veux être proche.”
Anders Petersen
For the first time ever in Paris, a big monographic exhibition is devoted to Anders Petersen at the Bibliothèque nationale de France. The 330 photographs on display are not meant to be seen as a retrospective exhibition but a splendid searing journey through the work built up by the famous Swedish photographer during half a century. From the closed world of his debut to an opening up to the world, both a personal journey and the strength of an intuitive and sensual style are revealed to visitors.
- Exposition jusqu’au 2 février 2014
Bibliothèque nationale de France
- 5, rue Vivienne
- 75002 paris
- www.bnf.fr
Cette exposition est une coproduction de la BnF, de la galerie VU’ et de Fotografiska (Stockholm), avec le soutien de Iaspis.