Albums : Bande dessinée et immigration 1913-2013

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    ALBUMS est une exposition d’histoires. Histoires de ces auteurs d’origine italienne, sénégalaise, algérienne, portugaise ou vietnamienne venus vivre et travailler en France mais aussi histoires de ces émigrés européens partis au début du siècle aux États-Unis tels que Georges McManus ou plus tard Goscinny qui ont contribué à créer un 9e art. ALBUMS ce sont aussi les récits de vie réels ou imaginaires d’Aya de Youpougon, d’Abdulah, Petit Polio, Bouzid, Jiggs, Igor, Malamine, Bekame, Louis le Portugais

    Tous ces récits, histoires de personnes et de personnages, se croisent pour écrire une autre Histoire de la bande dessinée depuis un siècle. Science-fiction ou récit historique, funnies ou bande dessinée – reportage, quel que soit le genre, chaque auteur enrichit son art, de son expérience personnelle mais aussi des collaborations qu’il a pu nouer au gré de ses pérégrinations, de ses références visuelles ou langagières, des techniques qu’il a apprises. L’exposition s’attarde ainsi sur la « fabrique de la bande dessinée ». À l’instar de toutes formes de langage, la bande dessinée, depuis ses débuts, construit des images et archétypes de la figure de l’émigré. Les commissaires relèvent, analysent, questionnent les oeuvres au prisme des migrations, sur l’existence d’une écriture graphique construite sur des représentations communes.

    Autour de 117 artistes, l’exposition présente plus de 500 documents originaux dont de nombreux inédits, planches, esquisses et croquis préparatoires, objets, films d’animation, entretiens filmés et autres photographies et documents d’archives… On pourra découvrir 14 planches du prochain album de Halim Mahmoudi, Un monde libre, des inédits de Pahé, Zeina Abirached, des planches originales de Bilal, Muñoz, Baru, Shawn Tan, Pedrosa, Clément Baloup… Des originaux de Will Eisner, des story boards du film Persépolis ainsi que des objets et photographies personnels de dessinateurs et de scénaristes.

    L’exposition se découpe en trois séquences :1. BULLES D’AUTEURS

    La première partie de l’exposition présente, au regard de l’histoire de l’immigration, les trajectoires spectaculaires de certains auteurs. Tout au long des XIXe et XXe siècles, des auteurs migrants ou bien issus de parents migrants ont façonné l’histoire de la bande dessinée. Certains ont également mis le thème de l’immigration au coeur de leur oeuvre.

    Au fil des différentes « bulles », les visiteurs découvrent les histoires, objets personnels et créations de ces artistes. Chaque univers est différent, teinté des expériences, d’histoires et d’anecdotes emportées dans leurs valises. L’immigration y est abordée de manière plus ou moins frontale.

    Les trois premiers, George McManus, Will Eisner et René Goscinny peuvent être considérés comme des précurseurs. José Muñoz est issu de l’école argentine développée dans les années 1940. Le destin de ces quatre artistes est lié aux grandes vagues migratoires entre l’Europe et le continent américain et à la grande histoire de la bande dessinée au début du XXe siècle.

    Baru, Farid Boudjellal et Enki Bilal font partie de la génération suivante. Chacun d’eux a publié dans la revue Pilote, pépinière de l’école française de la bande dessinée. Leurs récits sont liés à la recherche d’une mémoire et de sa transmission.

    Enfin, Marjane Satrapi, Clément Baloup, Pahé, Marguerite Abouet et Clément Oubrerie illustrent le phénomène contemporain de la mondialisation et de la « planète nomade » et en montrent également les contradictions.

    2. SUR LA PLANCHE

    Ici, l’exposition envisage les enjeux de la représentation et le choix des genres utilisés : de l’auto-fiction à la BD-reportage. Elle détaille les sources de documentation, les références visuelles et les différentes ébauches nécessaires à l’élaboration de la planche de bande dessinée.

    En un siècle, la bande dessinée a connu de nombreuses transformations. Les auteurs reflètent les goûts et les préoccupations de leur époque et doivent également s’adapter à l’apparition de nouvelles technologies. Les compilations de strips de bande dessinée parues dans la presse ont fait place à des albums complets puis à des romans graphiques. Au début de son histoire, la bande dessinée cherche avant tout à distraire par l’humour, puis elle adopte peu à peu de nouveaux genres dans le sillage de la littérature et du cinéma. Les genres traditionnels comique et animalier, la science-fiction et le Western se développent successivement tout au long du XXe siècle.

    Dans les années 1960, la bande dessinée connaît des transformations importantes, devenant à la fois plus graphique et plus littéraire. A partir des années 1970, elle développe les récits de vie, souvent entre fiction et autobiographie. Cette période d’avant-garde favorise également l’interaction avec l’actualité. Dans les années 1990, apparaissent les premières BD-Reportages inspirées des méthodes d’investigation journalistiques. Quelques éditeurs publient des collectifs militants en faveur des droits des immigrés. En Afrique, des organisations non gouvernementales font de ce médium un instrument pédagogique mettant en garde contre le danger des traversées clandestines. Au fur et à mesure que le thème de l’immigration a envahi les grilles médiatiques, les tabous sont tombés. La bande dessinée s’est approprié le sujet et, les auteurs et dessinateurs disposent aujourd’hui d’un panel très varié de formes, de genres et de techniques pour l’aborder.

    3. TRAVELLING

    Pour finir, l’exposition envisage images et archétypes de la figure du migrant et analyse les différentes phases migratoires, depuis le départ jusqu’à l’éventuel retour et aborde le voyage, l’arrivée sur place et l’installation.

    Des raisons politiques, économiques ou personnelles poussent le migrant à quitter son pays d’origine pour s’installer ailleurs. Dessinateurs et scénaristes racontent ces parcours par le biais d’images caractérisées par des constantes. La figure dessinée de l’immigré à changé au fil du temps, le travailleur masculin laissant peu à peu place à des figures plus variées et notamment féminines.

    Cependant, la représentation des trajets et des parcours présentes des similarités. Les récits sont souvent rythmés en trois temps : le départ, le voyage et l’arrivée sur la terre d’accueil.

    Les transports, parmi lesquels les embarcations de fortune ou l’avion, apparaissent dans de très nombreuses planches. Ce sont à la fois les symboles d’un déplacement vers une autre vie et la description d’un dangereux voyage. Deux éléments scandent ces récits, la mer et l’horizon, qui matérialisent avec force cette notion de frontière physique, et illustrent en outre la frontière mentale qui sépare les cultures. À l’arrivée, les immigrés doivent s’intégrer au pays d’accueil, s’adapter à son climat, à sa culture, en comprendre les subtilités administratives et politiques, et les codes sociaux. Un quatrième temps peut éventuellement s’ajouter : celui du retour au pays. Ces constantes et ces similitudes permettent de dessiner un parcours type des migrants et des migrantes.

    Au-delà des genres, des styles et des techniques différentes, les bédéistes dessinent ainsi des destins divers et posent en même temps la question de leur universalité.

    • Exposition du 16 octobre 2013 au 27 avril 2014
    PERSEPOLIS
    ÉQUIPE DU FILM PERSEPOLIS, MARJANE SATRAPI ET VINCENT PARRONAUD, SÉQUENCE 71 DU PREMIER STORYBOARD : SUPERMARCHÉ, COLLECTION CINÉMATHÈQUE FRANÇAISE © 2.4.7. FILMS

    MUSÉE DE L’HISTOIRE DE L’IMMIGRATION
    PALAIS DE LA PORTE DORÉE
    293 avenue Daumesnil – 75012 Paris
    www.histoire-immigration.fr