Les radios musicales étant toujours prêtes à réagir dès qu’un projet de loi sur les quotas est évoqué, elles viennent donc de lancer le 24 septembre un appel afin de pouvoir diffuser les musiques qu’elles veulent et quand elles le veulent ! Pour les encourager dans leur démarche, elles ont fait appel à leurs auditeurs en leur demandant de saturer le standard du Premier ministre Manuel Valls en y laissant pour tout message : « À la radio, j’écoute ce que je veux. »
Selon les 150 radios signataires de la tribune, un amendement à la loi sur les quotas aurait été voté « en catimini » à l’Assemblée nationale dans la nuit de mercredi 16 au jeudi 17 septembre, afin d’empêcher les radios de diffuser en masse les chansons françaises préférées des auditeurs, amendement qualifié de « liberticide » ! « Ne nous y trompons pas, il n’est question ici, ni de diversité, ni de défense de la francophonie », écrivent les dirigeants de RTL, NRJ, Lagardère (Europe 1, RFM, Virgin Radio) et des radios privées indépendantes. « Il est question de défense d’intérêts économiques particuliers : ceux de l’industrie du disque. L’effet recherché c’est de pousser les auditeurs des radios (…) vers des plateformes de streaming à la demande totalement dérégulées, payantes et dont ils sont actionnaires (les majors) », ajoute ce texte baptisé “Réforme des quotas francophones : la mesure de trop“.
Or, la Sacem qui est favorable à l’amendement pour plus de diversité à la radio, explique que le but de l’amendement est tout autre…Il vise à augmenter le nombre d’artistes diffusés sans que le nombre de passage d’une même chanson ne soit plafonné. Cet amendement a été adopté par les députés dans le cadre du projet de loi sur la liberté de création. Malgré les quotas qui imposent aux radios privées de diffuser 40% de chansons en français, les députés ont relevé que sur certaines antennes, “10 titres francophones peuvent représenter jusqu’à 75% des diffusions francophones mensuelles“, ce qui “ne permet plus aux nouveaux talents de rencontrer leur public”. L’amendement prévoit que si plus de la moitié des diffusions de chansons francophones est concentrée sur dix titres, les diffusions de ces titres au delà de 50% ne seront plus prises en compte pour les quotas imposés.
Pour les syndicats de producteurs et d’artistes, cette mesure est indispensable pour assurer la diversité, notamment en ce qui concerne les réseaux de radio s’adressant “à un public jeune”. “C’est une avancée capitale pour la création musicale qui n’entrave en rien la liberté éditoriale des radios mais ouvre la porte de leur programmation à 2 nouveaux titres par mois“, ont-ils estimé dans un communiqué commun notamment signé par le principal syndicat des producteurs Snep et la Sacem.
Mais les radios privées sont très mobilisées et demandent au gouvernement de refuser cette disposition, rappelant que la production francophone est délaissée par les producteurs, qu’elle s’est par ailleurs effondrée de plus de 60%”, et que les plateformes de streaming ne sont pas soumises aux quotas. La loi doit arriver lundi à l’Assemblée. D’ici là, les radios entendent mobiliser leurs auditeurs… Alors, cette guerre de communication, info ou intox ?
Voir aussi sur artsixMic : https://www.artsixmic.fr/pellerin-soutient-lamendement-sur-les-quotas-de-chansons-francaises-a-la-radio/
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