Le 2ème rapport publié ces derniers jours par l’assureur spécialiste Hiscox donne un coup de projecteur sur le marché de l’art en ligne et montre que les acheteurs actuels font de plus en plus confiance aux plateformes d’art en ligne. Le modèle « Click-and-buy » – où l’ensemble de la transaction s’effectue en ligne, de la découverte de l’oeuvre à son paiement – est en train de devenir un canal de plus en plus apprécié pour acheter des oeuvres d’art : pas moins de 40% des sondés ont acquis des objets d’art et des objets de collection de cette manière.
Voici les principaux enseignements révélés par cette étude :
- Une future génération d’acheteurs d’art semble faire sa première acquisition en ligne : près de 25% des 20- 30 ans indique qu’ils ont acheté en ligne leur première oeuvre d’art, sans l’avoir jamais vu physiquement.
- Si 39% des sondés déclarent que l’achat d’art en ligne leur parait moins intimidant que par l’intermédiaire d’une galerie ou d’une maison de vente aux enchères, une présence physique inspire davantage confiance :90% des acquéreurs en ligne ont acheté dans un lieu concret avant d’acheter sur Internet.
- 92% des acheteurs d’art en ligne sont satisfaits de leur expérience, dont 65% se disent « extrêmement satisfaits » ou « très satisfaits ».
- 44% des collectionneurs ont d’ailleurs déboursé plus de 10 000 euros pour acheter des oeuvres d’art en ligne jusqu’à présent, dont 21% qui ont dépensé plus de 50 000 euros.
- Les reproductions à tirage limité constituent un point d’accès très prisé des acheteurs d’art en ligne : pas moins de 55% des personnes interrogées ont acheté une reproduction directement par le biais d’une plateforme en ligne au cours des douze derniers mois.
- L’impossibilité de voir l’objet matériel demeure le principal obstacle : 82% des sondés affirment ainsi que, dans l’achat d’oeuvres d’art en ligne, l’aspect le plus délicat était l’incapacité à les inspecter physiquement.
Le Rapport Hiscox 2014 sur le marché de l’art en ligne estime que la valeur de ce marché en 2013 avoisinait 1,57 milliard de dollars et prévoit qu’elle atteindra les 3,76 milliards de dollars en 2018. Cela met en évidence les opportunités de croissance du secteur. Sur la base de ces chiffres, les achats d’art en ligne représentent encore seulement 2,4% de la valeur estimée du marché global de l’art, qui s’élevait à 65 milliards de dollars en 2013¹. En 2013, le géant de l’Internet Amazon Art a fait son entrée sur le marché et, d’après certains sources, eBay projetterait de lancer une plateforme en ligne concurrente d’oeuvres d’art et de objets de collection². La nette progression des investissements dans des plateformes telles que Paddle8, Artspace, Expertissim et Artsper témoigne de la confiance durable des investisseurs dans le potentiel à long terme de ces entreprises.
Le rapport observe les tendances en matière d’achat d’objets d’art directement via des plateformes de vente en ligne dont Paddle8, 1stDibs, Expertissim et Artsper ainsi que celles qui associent vente hors ligne et en ligne comme Christie’s et Sotheby’s. Le rapport s’est penché sur les oeuvres achetées, les montants dépensés ainsi que les principales préoccupations des acquéreurs lorsqu’ils achètent par ce biais. Il a aussi mis en évidence divers types de services qui pourraient être proposés afin d’améliorer la confiance des acheteurs existants et potentiels.
L’enquête de cette année a aussi fait apparaître que même si le marché de l’art en ligne inspire davantage confiance, il coexistera toujours avec les galeries et maisons de vente aux enchères tradtionnelles, 56% des sondés préférant toujours acheter dans un lieu concret et une proportion bien plus faible (10%) préférant acheter en ligne. L’impossibilité d’inspecter l’objet physique demeure le principal obstacle, 82% des personnes interrogées affirmant qu’il s’agit de l’aspect le plus délicat dans l’achat d’oeuvres d’art en ligne.
Cependant, cet obstacle pourrait au moins être en partie levé grâce à la mise à disposition d’informations plus détaillées. Respectivement, 94% et 84% des sondés évoquent les rapports d’état de conservation et les certificats d’authenticité comme outils pour améliorer la confiance des acheteurs. Robert Read, Head of Fine Art chez Hiscox : « Cette nouvelle génération de collectionneurs recherche des oeuvres d’art faciles d’accès et disponibles sur un large éventail de prix. Les plateformes d’art en ligne sont adaptées à tous les goûts et budgets. Elles le sont tout particulièrement pour ceux qui commencent à se constituer une collection, car elles ouvrent le marché de l’art à une dimension qui va au-delà des modèles traditionnels. »
Si le niveau de prix auquel les nouveaux acheteurs entrent sur le marché est assez bas, 42% indiquant qu’ils ont dépensé moins de 1 000 euros, parmi les acheteurs d’art expérimentés utilisant des plateformes en ligne, 45% sont prêts à débourser 5 000 euros ou plus. En général, les acquéreurs sont aussi très heureux de leurs achats en ligne. 65% d’entre eux précisent qu’ils sont extrêmement ou très satisfaits et seuls 8% se disent mécontents. Robert Read : « Le marché de l’art en ligne évolue rapidement parce que ses acteurs cherchent toujours la recette gagnante à même de séduire tous les collectionneurs, quels que soient leurs profils : de ceux qui commencent leur collection à ceux qui ont déjà de l’expérience. Les galeries et maisons de vente aux enchères traditionnelles ont l’occasion de mettre en avant la puissance de leur marque pour se développer sur ce nouveau canal. Il reste cependant à voir dans quelle mesure elles le feront vraiment et avec quelle ampleur cela influera sur leurs activités. » D’ailleurs, Jean-Baptiste Costa de Beauregard, expert marché Fine Art chez Hiscox France ajoute que « les prochaines années seront passionnantes parce qu’elles verront s’opérer une sélection naturelle entre ces différents modèles, et parce que des acteurs vont s’établir comme références locales et mondiales. Il est particulièrement satisfaisant de constater que le marché de l’art français est à la pointe de la vente d’art en ligne, avec plusieurs acteurs de qualité et des investisseurs reconnus. »
1 Source: rapport TEFAF 2014 sur le volume du marché mondial de l’art, mars 2014
2 The Art Newspaper – 5 décembre 2013, « Ebay to launch online art venture », C. Burns
(Source Hiscox)
A propos du Rapport Hiscox 2014 sur le marché de l’art en ligne
Le Rapport annuel Hiscox 2014 sur le marché de l’art en ligne en est à sa deuxième édition. Il s’appuie sur le rapport de l’an dernier, qui étudiait la manière dont les collectionneurs achètent toutes sortes d’oeuvres d’art « sur description », tant dans des galeries et maisons de vente aux enchères classiques que sur des plateformes exclusivement en ligne. Le rapport de cette année s’est penché plus particulièrement sur les tendances en matière d’achat d’objets d’art directement par le biais de différents types de plateformes de vente en ligne (« bricks and clicks » : présence physique et virtuelle, ou « click and buy » : vente en ligne exclusivement). Le rapport examine les oeuvres achetées, les montants dépensés ainsi que les obstacles à l’achat. Il a également interrogé des acheteurs d’art sur les modifications qui pourraient être apportées, ou sur les services qui pourraient être proposés, afin d’améliorer la confiance des collectionneurs, nouveaux comme existants. L’étude a été réalisée entre décembre 2013 et février 2014 par ArtTactic, un cabinet spécialisé dans l’analyse du marché de l’art. Les conclusions se fondent sur les réponses données par 506 acheteurs d’art internationaux (sélectionnés via le fichier de clients d’ArtTactic, Twitter et Facebook). Pour la plupart, les personnes interrogées l’an dernier ont aussi participé à l’enquête de cette année. Toutefois, l’échantillon a été élargi en privilégiant notamment la jeune génération d’acheteurs d’art (qui représente 42% de l’échantillon global).
Interview de Jean Baptiste Costa de Beauregard – Expert chez Hiscox
A propos d’ArtTactic
ArtTactic est un cabinet d’étude et d’analyse du marché de l’art basé à Londres, qui offre des recherches et observations dynamiques et réactives sur le marché de l’art en évolution rapide et constante. Créé en 2001 par Anders Petterson, ArtTactic a développé des méthodologies et des outils analytiques spécifiques au marché de l’art, souvent utilisés par des économistes et des spécialistes des marchés financiers. Parce qu’il associe des outils de recherche à la fois qualitative et quantitative à des connaissances approfondies du fonctionnement du marché, ArtTactic introduit une nouvelle dimension dans l’analyse du marché de l’art. Les études et analyses de marché publiées chaque semaine par ArtTactic sont disponibles sur www.arttactic.com.