“Caché derrière les apparences” à la Galerie du 5ème

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    Fabien GIRAUD et Raphael SIBONI
    Fabien GIRAUD et Raphael SIBONI – The Spoiler (Séminaire 01), septembre 2009 – Vidéo, couleur, sonore – Durée: 30’ – © Fabien Giraud et Raphaël Siboni – Collection FRAC Provence-Alpes-Côte d’Azur

    Le réseau Marseille expos revient avec sa programmation à la Galerie du 5ème avec “Caché derrière les apparences“, une exposition proposée par le Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur et le CIRVA (Centre internationale de recherche sur le verre et les arts plastiques).

    L’EXPOSITION « CACHÉ DERRIÈRE LES APPARENCES » SONNE COMME UNE INVITATION AUX VISITEURS : CELLE DE REGARDER AU-DELÀ DES APPARENCES, DE LIRE ENTRE LES LIGNES, DE CHERCHER PLUS LOIN LE SENS ET LA MATIÈRE DU SENSIBLE, LES TRACES D’UNE PRÉSENCE, CE QUI PARAÎT INERTE, SE RÉVÉLANT ANIMÉ. C’EST AUTOUR D’UN DIALOGUE ENTRE LES OEUVRES ISSUES ENTRE AUTRES DES COLLECTIONS DU FRAC ET DU CIRVA QUE CETTE RÉFLEXION SE CONSTRUIT AU FIL DE L’EXPOSITION. TEL L’ÉCOULEMENT DU SABLE DANS LE SABLIER, LES OEUVRES RÉUNIES VÉHICULENT UNE CERTAINE IDÉE DE TRANSLATION ET DE FLUIDITÉ D’UN ÉTAT PHYSIQUE OU PSYCHOLOGIQUE À UN AUTRE. ELLES ONT TOUTES EN COMMUN DE RÉVÉLER L’EMPREINTE D’UNE MÉMOIRE, QU’ELLE SOIT MATÉRIELLE, IMPRIMÉE DANS LA MATIÈRE, OU IMMATÉRIELLE, TRANSMISE DANS LES MUTATIONS DE L’IMAGE. UN PARCOURS POÉTIQUE ET PHILOSOPHIQUE QUI NOUS AMÈNE VERS UNE MÉDMÉDITATION SUR LE TEMPS, LA TRANSMISSION, LE SOUVENIR.

    Les artistes :

    Ignasi Aballi

    Le travail d’Ignasi Aballi est à rapprocher de l’univers de Georges Perec. Comme l’écrivain, Aballi classifie, ausculte, décortique avec humour et ironie le monde qui nous entoure, dans ses aspects les plus anodins et insoupçonnés, explorant ce que Perec nomme effectivement l’infra-ordinaire. La pièce Disaparicions II qui reprend le titre d’un des romans de l’auteur (La disparition, celle de la lettre « e ») se compose de 24 affiches correspondant à des projets de films de Perec, aboutis ou non. La plupart des images utilisées proviennent de pièces anciennes ou récentes d’Aballi. Ainsi réalité et fiction se superposent en un territoire médian, entre le littéraire et l’artistique.

    Arnaud Vasseux

    Deux tables réunissent des pièces récentes d’Arnaud Vasseux, les plâtres photographiques et les résines craquées. De par leurs propriétés, la nature de ces pièces est d’enregistrer le résultat de la transformation de la matière, de l’état solide à l’état liquide. La mémoire du processus prend la forme d’une empreinte quasi-géologique au creux de la matière même.

    Lieven de Boeck

    Sur les murs, des ensembles de l’artiste belge Lieven de Boeck fonctionnent sur le mode de la classification. Ces travaux présentent dans les deux cas une succession d’images tel un inventaire. Le protocole procède soit par soustraction d’information (M.U.S.E.U.M.) ou encore par jeu de découpe d’images en pochoirs de papier blanc sur blanc (The museum of Modern Art, section of the lost eagles). L’information est dans un cas falsifiée pour transformer le message, dans l’autre, elle s’estompe et réapparaît par stimuli de la perception visuelle et mentale.

    Pascal Martinez

    Le travail de Pascal Martinez puise plutôt dans l’univers de l’intime, le plus souvent nourri de son entourage familier. L’installation Hortus Conclusus a été produite au Cirva dans le cadre d’un atelier de l’Euroméditerranée de Marseille Provence 2013. Il s’agit d’un jardin de secrets, ceux des amis de l’artiste, emprisonnés dans des blocs de verre. L’aspect encore visqueux du verre, la désintégration des petits messages renvoient aux fluctuations des émotions, à la précarité des sentiments et à l’inexorable temps qui passe.

    Laurent Montaron

    Lent portrait de Sainte Bernadette de Laurent Montaron opère sur le registre de la sculpture tout en convoquant l’image cinématographique. Lent portrait de Sainte Bernadette est un film 16 mm projeté au ralenti, sans fin. Il consiste en une lente mise au point allant de la bouche vers les yeux de la sainte. Laurent Montaron nous propose une lente et incessante mise en abyme de cette sainte dont l’image s’effacera au rythme des projections.

    Fabien Giraud et Raphael Siboni

    Fabien Giraud et Raphael Siboni tentent d’approcher une définition du cinéma comme pur acte de mesure du monde. Un cinéma qui ne réponde d’aucun théâtre ou d’aucun récit, mais qui s’affirme dans sa pure nature technique d’enregistrement. Lors d’un voyage en Australie, Fabien Giraud et Raphael Siboni ont été invités à faire une conférence pour présenter leur travail. Ils ont décidé de l’organiser dans le désert. C’est une conférence pour personne, il n’y a ni public ni conférencier, seulement le bruit du vent traversant le désert, que le système sonore amplifie..

    Jaki Irvine

    Jaki Irvine, à travers The Nightingale, nous plonge dans la pénombre. L’image fixe d’un monument classique (La Villa Borghèse à Rome) est éclairée par des petits halos apparaissant et disparaissant au gré du chant d’un rossignol. L’image n’est jamais perceptible dans sa totalité. « Je pensais au processus de l’oubli et du souvenir décrit par Borgès en même temps qu’à l’importance des photographies de temples, de belvédères, de monuments, de statues et de mémoriaux, dans les rayonnages d’archives.

    À cette période, j’ai retrouvé l’extrait d’un film que j’avais tourné à la Villa Borghèse à Rome et laissé de côté pendant quelques années. Au final, le temple finit par être révélé et fonctionne comme le chant du rossignol, tandis que le procédé permet au chant lui-même de devenir visible ».

    Evariste Richer

    CMYK d’Evariste Richer désigne, par leurs initiales, les couleurs basiques de l’impression : cyan, magenta, jaune et noir. Evariste Richer a trouvé des pierres semi-précieuses ayant ces mêmes tonalités : l’hémimorphite, du cobalt calcite, du soufre et de la tourmaline. Ces couleurs se trouvent souvent en marge de nos impressions photographiques ou bons à tirer, mais ici l’artiste les place aux bords de notre champ de perception sur une étagère suivant l’ordre du code d’impression. Il oppose ainsi l’immédiateté de l’image à la lenteur des éléments. Cette oeuvre est une association entre le rétinien et l’organisation rationnelle du monde suivant des catégories, en passant par la matière lente de la terre.

    Marcel Broodthaers

    Cette exposition ne pouvait s’imaginer sans la présence tutélaire de Marcel Broodthaers, une des figures majeures de l’art du XXe siècle. Son oeuvre touche à la fois à la littérature, à la poésie, au film autant qu’aux arts plastiques proprement dits. Dans la lignée de Duchamp et plus encore de Magritte, son oeuvre s’est en grande partie élaborée autour d’une réflexion sur la signification des mots et des images et sur leurs écarts sémantiques.

    Défense de fumer de 1969/70 présente, casquette gavroche sur le crâne, yeux plissés, sourire en coin, éternelle cigarette au bec, Marcel Broodthaers lui-même qui envoie des bouffées de fumée dans l’entrée du palais des Beaux-Arts de Bruxelles. C’est un film en noir et blanc, évidemment, mais l’artiste n’ignorait pas le pouvoir de l’image signifiante. « Défense de fumer » s’imagine comme une conclusion à cette exposition. Usant de la légèreté et de la banalité du geste, le film de Marcel Broodthaers ouvre sur de multiples significations ayant trait autant à la modernité qu’à l’actualité. L’interdiction de fumer aujourd’hui de mise dans les lieux publics lui aurait sans doute plu, sur le plan artistique : n’avait-il pas, pour son « Musée d’Art moderne, département des Aigles », prévu une série de panneaux de type « Défense de photographier » ou « Interdit aux enfants » ?

    • Exposition du 31 août au 14 décembre 2013
    • Vernissage le samedi 31 août de 18h à 21h

    LA GALERIE DU 5ÈME

    5ème étage des Galeries Lafayette Saint-Ferréol
    40 rue Saint-Ferréol 13 001 Marseille