Né dans la première moitié des années 80, Machowski s’est épanoui dans le Paris populaire. Tâchant de marier la rigueur protestante de ses origines et l’ambiance bigarrée d’un milieu traversé par les cultures, il grandit avec l’urgence de l’expression artistique.
Son oeuvre comporte beaucoup de zones d’ombre. Il multiplie à ses débuts les « attaques » expressives du tag parisien qui le font côtoyer la scène émergente de ce début de siècle. Il ne se laisse toutefois pas attirer par les chimères d’une bohème hypocrite – où les enfants oisifs et argentés attendent une reconnaissance flatteuse.
Machowski poursuit des études de médecine qu’il réussit brillamment. Il se souviendra dans ses oeuvres, de cette époque contrastée entre les efforts, d’une part à être un jeune homme « dans le moule », et d’autre part à garder un coeur contestataire voire provocateur.
Homme de rencontres, il reste cependant fondamentalement attaché à sa famille. C’est en rompant ses attaches avec Paris, dans ce qu’il voit comme l’épilogue triste de ses 25 premières années d’études et d’amours lépidoptèrienness, qu’il est aspiré par la peinture.
Cofondateur de l’Autre Ecole de Paris, il se met à peindre frénétiquement lors de son arrivée en Normandie ou il débute son internat de psychiatrie. Peindre est peut-être un moyen pour faire fuir les démons de la mélancolie et de la solitude. Il annonce lui même, non sans humour : « je peins pour rester en vie». Apparaissent alors, sur des scènes aux couleurs crues, frappantes, des personnages tantôt ingénus, tantôt lascifs. Ils laissent exploser des désirs, des passions. Jouant avec la lumière, collés sans perspective au support, ils jaillissent directement dans la rétine. S’il n’est plus question de tags ni de graffitis, Machowski sait libérer et faire voyager ses émotions provocatrices dans nos têtes comme sur les toiles.
P-Jean
Né à la fin des années 70, P-Jean a entendu la vacuité du monde. Agrippé à ses crayons ou ses pinceaux il a tenté d’ignorer le désenchantement du millénaire. Les animaux ont été pour lui les premières métaphores pour s’exprimer. Voracité, férocité, solitude… autant de sentiments intimes, interdits et précieux. Aiguisant son sens de l’esthétisme dans l’opulence alsacienne, ses premiers travaux, très graphiques, laissent clairement apparaître ses influences pop et télévisuelles.
Les études médicales, à la fin des années 90 et début des années 2000, dont il garde un souvenir aride, marquent les débuts colorés d’une mélancolie proche de l’école viennoise.
Un peintre grec l’initie à la peinture « intellectuelle », et aux joies de la recherche chimique. Les toiles de P-Jean vont alors se déconstruire et être le champs désorganisé de quêtes ultimes et inutiles, d’affrontement de pigments et liants acides.
Au début des années 2010, reviennent les monstres chéris de l’enfance, peut-être appelés par un quotidien en intimité avec la souffrance. Crocodiliens, poissons monstrueux ou fantasmatiques, fauves ressurgissent sous les abstractions. Dans un monde de réprimande, il les cloisonne dans des aquariums ou des cages murales. Il intègre l’espace des spectateurs. Les barreaux de ses vivariums, de son zoo, sont dessinés dans le vide des parois. Ainsi l’observateur plonge au milieu d’un bestiaire silencieux, épicentre de l’attention de créatures aux regards équivoques.
La Rencontre
En 2012, P-Jean rencontre Machowski, un confrère chez lequel il trouve son complémentaire. Là où P-Jean cherche à barricader ses monstres, Machowski les laisse exploser de sa toile. Là ou règne un silence froid, une émotion retenue chez P-Jean, des hybrides, mi-humaines mi-animales, lubriques et lascives apparaissent chez Machowski. La peinture primale, brute et brutale de Machowski, trouve un écrin dans les touches complexes et névrosées des pinceaux de P-Jean. Et vice-versa.
Après l’écriture d’un manifeste dont la première phrase « nous sommes des intersections » donne le ton, Machowski et P-Jean fondent « l’Autre Ecole de Paris », dont la première exposition se tient sur le lieu de leur rencontre, à Caen.
- Exposition du vendredi 26 Avril au jeudi 2 mai 2013
- Vernissage le samedi 27 avril à 16h
Galerie Place des Arts9 rue des Croisiers 14000 Caen