S.A.P.E. Société des Ambianceurs et Personnes Elégantes

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    Héctor Mediavilla
    Héctor Mediavilla

    La SAPE est née dans les rues de terre battue de Brazzaville au temps de la colonisation française, et a pris son essor après l’Indépendance du Congo. Comme le dandysme, la SAPE n’est pas seulement un phénomène de mode, ou plutôt, c’est la mode dans ce qu’elle a d’essentiel : l’expression d’une réalité intérieure, un discours politique, une affirmation de l’individu dans la société. C’est un état d’esprit, un style de vie, une esthétique… Construction rigoureuse, couleurs contrastées, dynamique interne des images : Héctor Mediavilla propose une écriture photographique adaptée à ce phénomène aussi fier qu’explosif. Le sapeur est élégant. Amateur de grands couturiers, c’est aussi un aventurier de la couleur, qui suit une typologie précise pour mieux en exploser les règles. On a vu, sur les catwalks des défilés, des créateurs comme Paul Smith s’en inspirer et lui rendre hommage.

    Le sapeur prône le multiculturalisme. Amoureux de Paris, le sapeur voyage entre les continents, au gré des migrations économiques, mais aussi en «voyage d’étude». La SAPE est un pont entre Paris et Brazzaville.

    Le sapeur est politique. Après l’indépendance, le rejet du costume occidental est général, il devient même un mot d’ordre politique dans l’ex-Congo belge du général Mobutu. Le dictateur du Zaïre prône l’abacos, abréviation de « à bas le costume ». La SAPE est à la fois une réappropriation des codes occidentaux et un rejet des structures autoritaires de la société congolaise. La SAPE est une résistance. Le sapeur est non violent. Née dans la brutale société de la colonisation, la SAPE a survécu à des années de guerre civile meurtrière. Les attitudes hédonistes qui l’accompagnent sont une proclamation pacifiste. Et les défis entre sapeurs sont des affrontements dont les armes sont le goût et l’audace. « La S.A.P.E est un vecteur de cohabitation pacifique dans nos sociétés claniques », ainsi que le résume Malenga Capata, politicien congolais et ancien sapeur.

    Le sapeur est gai. La présence colorée de sapeurs est indispensable à toute manifestation réussie. Brillantine contre la morosité, la SAPE propose un modèle d’émancipation fantaisiste pour masquer les réalités parfois difficiles de la migration.

    En résumé, la SAPE est un art – un art de vivre à tout le moins. C’est déjà presque une utopie. Depuis 2003, Héctor Mediavilla suit les traces des sapeurs, de Brazzaville à Paris. Il s’intéresse à l’ensemble des significations politiques, culturelles et sociales que recouvre ce mouvement. Loin des clichés et de l’exotisme facile, il est allé au coeur du quotidien des sapeurs, révélant notamment, sous le vernis, la complexité des identités post-coloniales. Il dévoile la véritable tension dramatique du phénomène.

    Né en 1970, Héctor Mediavilla vit et travaille entre Barcelone et Guanajuato (Mexique). Il documente la vie des hommes et des femmes des pays d’Afrique et d’Amérique. Pour ce travail, il a reçu une bourse Fotopres de la Caixa en 2005, un prix Picture of the Year en 2006, ainsi qu’une aide à la production de Géo Allemagne. Les photographies de l’exposition ont été exposées au Musée Dapper de Paris, au Musée De Markten de Bruxelles et au Museum der Weltkulturen de Francfort. Héctor Médiavilla est membre de l’agence coopérative Picturetank depuis 2003.

    Masasam

    suit et promeut le projet de la S.A.P.E depuis 2009 en tant que commissaires d’exposition

    • Exposition du 15 au 19 janvier 2013

    Egalement pendant l’exposition :

    • Mardi 15 janvier à 19 h : Conférence autour de la s.a.p.e avec plusieurs intervenants + signature du livre S.A.P.E aux éditions Intervalles par Héctor Mediavilla
    • Vendredi 18 janvier à partir de 18h30 : fête en présence de sapeurs
    • Samedi 19 janvier de 16h à 19h : Studio photo par Héctor Mediavilla

    Galerie La petite poule noire

    • 12 boulevard des Filles du Calvaire
    •  75011 Paris