Conférence de presse du bilan d’étape de la mission culture-acte 2, en présence d’Aurélie Filippetti, ministre de la Culture et de la Communication, et de Pierre Lescure.
Discours d’Aurélie Filippetti, ministre de la Culture et de la Communication,
Ce point presse en présence de Pierre Lescure est l’occasion de vous présenter les travaux de la mission « Acte II de l’exception culturelle » que je lui ai confiée à la fin de l’été dernier, ainsi que les différents chantiers numériques de mon ministère.
1. La mission « Lescure »
L’enjeu de cette mission est, comme vous le savez, de réfléchir à la redéfinition des instruments de l’exception culturelle à l’ère numérique : les outils et les mécanismes mis en place dans les années 1980 pour favoriser la création et la diffusion des oeuvres culturelles (du financement du cinéma et de la création audiovisuelle, jusqu’au prix unique du livre…), sont bousculés aujourd’hui par les modes de création et de diffusion numérique, par la transformation qu’opère la révolution numérique sur les relations entre les créateurs, les usagers et les fournisseurs d’accès et de services par internet. Il faut donc refonder l’exception culturelle dans ce nouvel environnement numérique, c’est le sens de cet Acte II de l’exception culturelle. La culture, même – ou surtout – à l’ère numérique, reste un bien qui n’est pas comme les autres.
J’ai souhaité que la mission privilégie une approche globale. D’une part, la réflexion envisager tous les secteurs culturels numériques : musique, cinéma, audiovisuel mais aussi livre, presse, photos ou encore jeu vidéo. Ils sont en effet tous confrontés aux mêmes problématiques, le numérique posant des questions par nature transversales. On le voit bien sur des sujets tels que la protection des droits d’auteur, les débats sur le partage de la valeur, ou encore à travers les enjeux sur le plan communautaire. D’autre part, seule une approche large permet d’appréhender l’ensemble de « l’écosystème » culturel numérique, depuis les créateurs jusqu’aux internautes, en passant par les éditeurs de services en ligne. Elle est aussi l’occasion de reconstruire une vision, un intérêt collectif, entre des parties prenantes qui ont pu apparaître très divisées.
J’ai également demandé à Pierre Lescure de mettre en oeuvre une méthode privilégiant la transparence et l’interactivité, en utilisant, justement, les possibilités offertes par les technologies numériques – un site internet dédié, proposant la retransmission audio ou vidéo des auditions, et permettant à travers un blog de recueillir les avis et propositions des internautes. La mission a aujourd’hui bien avancé, et je laisserai dans un instant à Pierre le soin de vous exposer la méthode mise en place et les différents axes sur lesquels un premier diagnostic a été posé.
2. Les chantiers en cours
Avant cela, je voudrais indiquer que, pendant que la mission Lescure travaille, mon ministère travaille aussi. Il n’y a d’ailleurs pas de contradiction à ce que nous avancions sur certains dossiers, pour lesquels l’actualité impose une réaction rapide, tandis que la mission est chargée Beaucoup de chantiers sont en cours, comme les contrats numériques, ou la rémunération des éditeurs de presse pour le référencement de leurs productions sur internet, avec à la fois une négociation en cours entre les éditeurs de presse et Google, et un travail en parallèle sur un éventuel projet de loi si cette médiation n’aboutissait pas. Nous réfléchissons également à la rénovation du financement de l’audiovisuel, de la musique et du cinéma. L’enjeu est majeur pour nos créateurs mais aussi pour faire de l’Europe un nouvel espace public plus qu’un marché financier.
Je souhaite aussi ouvrir la réflexion sur la question de l’offre culturelle institutionnelle sur internet. L’espace numérique est aussi un espace public. L’enjeu est de le conquérir, c’est un vrai espace de création et de diffusion, dans lequel l’action de mon ministère doit mieux se déployer. Je mobilise le ministère et les institutions culturelles sur ce sujet, afin qu’ils s’engagent dans cette voie.
Ainsi, dans le cadre notamment des investissements d’avenir, j’ai engagé un nouveau plan de numérisation. Les premières réalisations porteront sur le musée Picasso et sur la mise à disposition des oeuvres indisponibles et aussi sur les archives, avec aujourd’hui près de 300 millions de pages numérisées par les services d’archives publics, Archives nationales et départementales. La commémoration du centenaire du premier conflit mondial sera l’occasion de développer encore cette politique en la ciblant sur les fonds d’archives relatifs à ce conflit, notamment les registres matricule conservés dans les services d’archives départementales. Ce nouveau chantier de numérisation sera mené en partenariat financier et technique entre les conseils généraux et le ministère de la culture. Plus largement, le ministère s’engage dans une réflexion sur la politique de numérisation et les modalités de mise à disposition du public de ces trésors. C’est un projet pour l’année 2013.
Il ne s’agit pas de faire des copies virtuelles des sites physiques, mais de traiter l’espace numérique comme un site à part entière, d’inventer par exemple, comme vient de le faire le Centre Pompidou, un véritable nouveau musée virtuel, qui est un musée à part entière.
Il faut proposer, dans l’univers virtuel, une offre culturelle publique qui soit adaptée aux usages du web aujourd’hui : je pense notamment à l’essor du web collaboratif, dont les outils sont encore très peu présents sur les sites institutionnels publics. Avec ce type d’outils, on peut non seulement permettre l’accès aux données culturelles, mais également donner la possibilité aux internautes de participer à des processus créatifs, d’accéder à la culture par l’expérience créative. L’espace numérique peut permettre de créer des projets inédits, qui ne peuvent se faire nulle part ailleurs et qui permettent un rapport renouvelé avec le public.
(Source ministère de la Culture et de la Communication)
Voir la conférence de presse en vidéo :
Photo by Jean Marc Lebeaupin pour artsixmic