La nouvelle émission “Le Grand 8*” diffusée sur la chaîne D8 tous les jours (du lundi au vendredi à 12h15) nous promettait du beau, du lourd, du top of the top. On s’était même dit que 5 femmes sur un même plateau, cela allait certainement être une vraie révolution, « the revolution of the Paf » !
C’est vrai qu’avec 5 têtes de gondoles, hors de prix, installées dans un bel aquarium hors d’âge, on ne pouvait s’attendre qu’à du grandiose !
Positif nous étions, dans l’idée que ces 5 femmes, (pas des ménagères de + de 50 ans), allaient nous en mettre plein les mirettes et du coup améliorer le QI des téléspectateurs, tant la réflexion allait être de qualité.
Et bien non ! Nous l’affirmons après déjà plusieurs diffusions, aucune d’entre elles n’a défloré l’once d’une quelconque nouvelle ère : ce grand 8 est tout simplement un grand flop.
Et de fait, nous découvrons 5 « couineuses » qui gesticulent de long en large sur un mauvais bateau et qui en quelques minutes vous donnent vraiment l’impression d’être remonté dans le temps. Un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Et s’il n’y avait que cela, on pourrait se dire que… Mais re-non !
L’actualité passée au blender ?
Emission exclusivement féminine, entre « amies » ! C’est le credo du Grand 8. Et pourtant, quand on regarde la chose, on n’y trouve que des bribes de commentaires inodores et incolores. Le temps passe, on se lasse, on pourrait faire mieux chez soi avec nos propres copines…
Laurence Ferrari passe du statut de super présentatrice du 20h de TF1 à celui de super commentatrice de la vie ordinaire. Dommage, pour celle qui voulait incarner la vraie information. Mais que s’est-il passé, comment expliquer ce revirement de situation ? Le manque d’argent ou la peur du chômage, peut être ? On n’ose y croire…
L’impression générale qui se dégage est d’assister à une sauterie entres anciennes journalistes qui, de fait, sont leurs propres invités : elles conversent entre elles telles des collègues** se connaissant de longue date et qui, dirons-nous, déjeunent ensemble.
Sans compter que ce magazine, au lieu de présenter les spécificités d’une approche féminine de la société et une autre ouverture, tend justement, à l’inverse, à réduire l’image de la femme, à qui il ne manque plus que les tupperware et les viennoiseries pour faire à fond dans le cliché et le passéisme. Les stylistes de l’émission ont, dans le même style, paré la bande « girly » pour l’hiver et on ne voit que des jambes qui se croisent et des talons aiguilles de 15 cm, peut-être pour donner plus de « corps » et de « hauteur »à l’actualité du jour. On va se souvenir longtemps de « l’immersion en talons hauts » de Roselyne Bachelot qui continue à faire le buzz sur la toile, et surtout de sa remarque très classe : « j’ai un peu l’air d’une pute ». Finalement on se dit que Laurence Boccolini n’avait pas tort de tweeter ceci : “Je n’aurais jamais pu présenter ou participer au grand 8… J’ai pas de belles jambes! Et avec ce décor nul : ON NE VOIT QUE ÇA!!!,” a-t-elle écrit, avant d’ajouter : “Le Grand 8 c’est un peu Aujourd’hui Madame relooké par The Kooples et Zadig & Voltaire, mais sans le générique cool avant et sans Daktari après.”
En bonne et due forme ? Pas tant que ça !
La mise en forme n’est pas digne du budget colossal de Canal Plus (qui prévoit dans un délai de 3 ans un budget annuel de 120 millions d’euros). Le décor révèle tous les objets du quotidien utilisés par la ménagère : couleurs et objets domestiques sont là pour que l’on se sente chez soi : vases, blender, machines à café, ventilateurs, etc, … Bref, ni mieux ni pire que dans une émission de type « matinale » : du déjà vu, re re re vu.
Malgré tous les efforts des producteurs et décorateur, une fâcheuse habitude casse bizarrement la mise en scène du plateau : c’est le jeu des chaises musicales entre les coprésentatrices Hapsatou Sy, Élisabeth Bost et Roselyne Bachelot qui, sans cesse, migrent à l’extrémité de la banquette à chaque arrivée et départ d’un invité : est-ce pour montrer une dynamique de groupe ? Il faut dire qu’à elles cinq, elles ne parviennent tout simplement pas à couvrir les différents thèmes de l’émission, c’est pourquoi elles passent leurs temps à appeler à la rescousse d’autres nanas qui font le boulot à leur place : gonflées, les vedettes ! Total délire, totale daube !
Mais la cerise sur le gros gâteau est le « prix de revient » de ces dames. Alors là non plus, on n’a pas fait dans la dentelle, on a même fait dans du lourd, du gros lourd, du lourdingue. Elles s’expriment tellement peu sur le fond qu’on peut considérer que c’est la salive de ces dames qui vaut de l’or : ramené à un ratio mots/temps (c’est à dire quelques 5 mn de prise de parole par chacune de ces présentatrices) , nous arrivons à des rapports dignes de champions du monde du tennis.
Globalement, on gâche du temps et de l’argent en salaires injustifiés. Il est tout de même scandaleux d’apprendre que Roselyne Bachelot, mais aussi et sûrement toutes ses « camarades », perçoivent un salaire équivalent à 20 000 euros par mois. Et pourquoi les rémunère t- on aussi généreusement ? Pour ne rien dire, pour n’éveiller aucune curiosité, aucun plaisir, aucun savoir et de surcroît nous prendre pour des …
Car, de notre côté, comment pourrions nous utiliser ces 100 000 euros***? En recrutant par exemple des gens compétents, payés de façon décente. Car à observer le monde du travail, nous avons tous connaissance du nombre de chômeurs, et pas des faux, comme ces superstars recyclées mais cumulardes d’autres jobs ailleurs. Oui, il faudrait vraiment embaucher de « nouvelles têtes », tant ces dames de plateau (hormis peut-être Hapsatou Sy ?) renouvellent peu le paf et ont si peu de choses à dire. Des personnes qui auraient des idées bonnes et pas chères, ce qui n’est sûrement pas facile à un tel niveau d’expérience ?!
Précisément, avec un tel budget, qui plus est mensuel, nous serions en mesure, chez artsixmic, de créer de nombreux et vrais emplois tout en réalisant de belles choses intelligentes !
La conclusion d’artsixmic
Une fois de plus, on a donné du caviar à des personnes qui n’ont plus les capacités de s’en rendre compte et qui ont pensé qu’en étant mal habillées, elles feraient une émission de mauvaise qualité. Et bien oui ! Elles ont rempli leur contrat, elles ont réussi à nous faire mal à la tête, mal à nos vies, mal pour rien, mais mal pour très cher.
Sérieusement : il y a un problème dans le microcosme audiovisuel.
On nous avait promis une émission différente, à la fois divertissante et informative, mais il n’en est rien. Laurence Ferrari a fait savoir qu’elle nous dirait ce qu’elle pense, mais il semblerait que sa neutre personnalité n’ait pas bougé d’un poil. Audrey Pulvar joue les équilibristes pour ne pas se prendre les talons dans le tapis. Seulement, cela n’est pas suffisant pour apporter ce regard « neuf et meuf» sur la société. Il s‘agit tout simplement d’une nouvelle émission qui vise le buzz avec -en plus et c’est dommageable – des noms qui ont aussi parfois été source de polémique. A force de voir les mêmes tronches dans le poste, on finit par zapper, on s’endort, on n’en peut plus, on ne veut plus les voir, car il n’y a rien à en apprendre.
Où est passé le triptyque : « informer, éduquer et distraire » ? Ce Grand 8 est du spectacle privatisé avec cette toute nouvelle Roselyne B qui tient le rôle de la «one woman show » et qui nous réserve sûrement d’autres phases « cul »tes… En fait et pour résumer : le Grand 8 devrait être crypté, car cela lui donnerait davantage de cachet et beaucoup plus de profondeur.
Et vous, chers téléspectateurs, et chers lecteurs, que pensez-vous de ce looping télévisuel ? Raté ou pas ?
On a donné notre avis, à Vous la parole !
Jean Marc Lebeaupin et Dahbia Acid pour artsixmic
*Le pitch de l’émission :
Autour de Laurence Ferrari piquante et spontanée, une bande d’amazones toutes aussi libres dans leur pensée que dans leurs paroles : les journalistes Élisabeth Bost et Audrey Pulvar, Hapsatou Sy, fondatrice des espaces de beauté HapsatouSy, et l’ancienne ministre Roselyne Bachelot, aujourd’hui membre de la Commission sur la moralisation de la vie publique présidée par Lionel Jospin.
Cinq forts tempéraments aux profils, aux cultures et aux horizons différents, dont les aspérités réunies devraient faire des étincelles.
Ensemble, elles réagissent à l’actualité dans toutes ses dimensions. Politique, société, santé, tendances, économie, culture… aucun sujet n’échappe aux tirs croisés de cette bande de complices qui, c’est promis, laisseront au vestiaire leur panoplie de professionnelles des médias ou de businesswoman pour laisser parler, tout simplement, la citoyenne qui sommeille en chacune d’elles. Avec une règle d’or : toujours laisser affleurer l’humour ! Chaque jour, notre bande de choc reçoit deux invités – un témoin ou un commentateur de l’actualité, et une personnalité – pour une interview collégiale, à bâtons rompus. Leur challenge ? Faire en sorte qu’ils tombent le masque et livrent d’eux un visage intime et personnel.
** Ce qui est de toute façon vrai
*** Hors coût de production