Julien Salaud : Armée de lʼair, armée de terre, tout le monde dehors !

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    Julien Salaud, Guerrier faisanglier, 2012 – Trophée de sanglier, peau et plumes de faisan de Cochilde femelle, clous, colle, 59 x 60 x 64 cm

    Une galerie peut-elle être le terrain d’un conflit, le champ d’une bataille, un territoire d’affrontements entre la terre et le ciel ? Peut-on s’y trouver projeté comme au coeur d’une collision entre quelques créatures tombant de l’azur et d’autres surgissant des forêts ?

    Avant tout récit, la force de l’oeuvre de Julien Salaud tient justement à ce qu’il ne pose jamais une pièce dans un espace, comme on le ferait d’une marchandise dans une boutique. Il se place au contraire sous le régime de l’occupation, de la colonisation du lieu qui l’accueille, retournant les murs comme des gants, pour qu’ils fassent corps avec ce qu’il faudrait envisager comme le théâtre des opérations, avec la galerie pour frontière, de ces armées supposées qui, pour cet épisode, se jaugent et se combattent.

    Au-delà de cette lutte qui serait probablement ici la scène de l’exposition, Julien Salaud travaille sur la transformation, il sonde, il explore, il éprouve cette transformation. Toujours, ses oeuvres parlent d’un saisissement entre deux états, comme un mi-chemin, comme s’il ne nous était donné, à nous, que le droit d’accéder à ce moment entre l’avant et l’après. Beaucoup des figures animales hybrides qu’il élabore semblent n’avoir pas encore atteint leur état final, mais ont déjà quitté leur apparence originelle. Comme suspendues entre deux existences. On retrouve aussi souvent cet état “indéterminé” dans les dessins de l’artiste, qui mêlent des motifs abstraits oniriques à des figures humaines ou animales.

    Assurément, on ne peut s’empêcher de penser, devant ses oeuvres, à ces deux concepts qui sont fondamentaux au chamanisme : la perméabilité et la fluidité. Fluidité entre la nature et la culture, et non pas “opposition”, telle qu’on nous l’enseigne. Et perméabilité entre le monde réel et celui des esprits, de l’au-delà, qui tous les deux s’entremêlent.

    Pour bien regarder les pièces de Julien Salaud, il faut donc accepter de lâcher quelque chose de notre rationalité hygiénique, abandonner nos réflexes trop cultivés de formes, bousculer les cloisons de ce que l’on s’est inventé comme “bon goût”. Il nous faut, nous aussi, nous jeter dans la lutte et muer nos jugements. Gaël Charbau

    Né en 1977, Julien Salaud vit et travaille à Orléans. Ses études en biochimie, histoire et ethnologie guident aujourdʼhui sa pratique artistique. Il a obtenu le prix du 55eme Salon de Montrouge en 2010 et a participé à de nombreuses expositions telles que Rituels en 2011 à la Fondation Ricard et Les Maîtres du désordre au Quai Branly en 2012, exposition itinérante qui sera présentée à la Kunst-und Ausstellungshalle der Bundesrepublik Deutschland (Bonn, Allemagne) du 31 août au 2 décembre 2012 et à “La Caixa” Foundation (Madrid, Espagne) du 7 février au 19 mai 2013. Enfin, Julien Salaud a investi la salle Alice Guy du Palais de Tokyo, à l’occasion de la Triennale 2012, visible jusqu’au 31 mars 2013.

    Julien Salaud

    Can a gallery be a war zone, a battlefield, a territory where earth and sky clash? A place where one is projected into the heart of a clash between creatures that came down from the heavens and others that leap out of forests?

    Born in 1977, Julien Salaud lives and works in Orléans. His artistic practice is strongly influenced by his studies in biochemistry, history and ethnology. He won the first prize at the 55th Salon de Montrouge en 2010 and his many exhibitions include Rituels (2011) at the Fondation Ricard and Les Maîtres du désordre at the Quai Branly museum (2012), which show will tour to the Kunst-und Ausstellungshalle der Bundesrepublik Deutschland (Bonn, Germany, 31 August to 2 December 2012) and “La Caixa” Foundation (Madrid, 7 February to 19 May, 2013). Julien Salaud has taken over the Salle Alice Guy at the Palais de Tokyo for the Triennale 2012, (on show to 31 March 2013).

    • Exposition du 13 septembre au 10 novembre 2012
    • Vernissage le jeudi 13 septembre 2012 de 18h à 21h
    • Nocturne dans le cadre de la Biennale de Belleville le samedi 15 septembre 2012 de 18h à 21h

    Galerie Suzanne Tarasieve – LOFT 19

    • Passage de l’Atlas / 5, Villa Marcel Lods
    • 75019 Paris