La “sex recession” : “Arrête la 4 G et trouve le point G” (slogan féministe ; Paris 18ème – 2023)
« Arrête la 4 G et trouve le point G » (slogan féministe ; Paris 18ème – 2023)
A l’heure où le faible taux la natalité (INSEE, 2024) suscite un vaste débat sur les causes de la baisse des naissances en France, peu d’observateurs en ont cherché la cause du côté de l’activité sexuelle des Français(es), alors même que la fréquence des rapports a toujours joué, pour les démographes de l’INED, un « rôle dans la détermination du niveau de la fertilité des couples »[1]. S’il faut bien sûr relativiser le lien entre sexualité et procréation dans un pays à forte prévalence contraceptive, cette question se pose néanmoins quand on voit par exemple qu’un pays comme les Etats-Unis affiche des taux préoccupants en matière d’activité sexuelle comme de natalité. Réalisée dans le cadre de l’observatoire LELO de la sexualité des Français(es), cette enquête Ifop menée auprès d’environ 2000 personnes montre bien que l’Hexagone n’échappe pas au phénomène de « récession sexuelle »[2] observé ces dernières années dans nombre de pays occidentaux (ex : USA, GB…). Et si l’impact du temps passé sur les écrans pèse sur cette apathie sexuelle, celle-ci semble aussi être le produit d’un désintérêt de plus en plus marqué pour le sexe.
CHIFFRÉS CLES
A) L’ACTIVITÉ SEXUELLE ENREGISTRE UN RECUL SANS PRECEDENT DEPUIS UNE QUINZAINE D’ANNÉES
1 – La proportion de Français(es) ayant eu un rapport au cours des 12 derniers mois n’a jamais été aussi faible en cinquante ans : 76% en moyenne, soit une baisse de 15 points depuis 2006 (étude CSF). Le taux d’activité sexuelle annuelle tombe ainsi à un niveau encore plus faible qu’en 1970 (± 82% ; Rapport Simon).
2 – Cette montée de l’inactivité sexuelle affecte tout particulièrement la jeunesse : plus d’un quart des jeunes de 18 à 24 ans initiés sexuellement (28%) admettent ne pas avoir eu de rapport en un an, soit cinq fois plus qu’en 2006 (5%).
3 – L’activité sexuelle de la population perd aussi en intensité si l’on en juge par la baisse de la fréquence hebdomadaire des rapports sexuels des Français(es). Ainsi, aujourd’hui, 43% des Français(es) rapportaient avoir, en moyenne, un rapport sexuel par semaine, contre 58% en 2009.
B) CETTE CONTRACTION DE L’ACTIVITÉ S’INSCRIT DANS UN CONTEXTE DE DISSOCIATION CROISSANTE ENTRE CONJUGALITÉ ET SEXUALITÉ MAIS AUSSI PAR UN DÉSINTÉRÊT DE PLUS EN PLUS MARQUÉ POUR LE SEXE
4 – Dans un contexte marqué par une révolution du rapport au consentement, les Françaises acceptent beaucoup moins de se forcer à faire l’amour qu’il y a 40 ans : 52% des femmes âgées de 18 à 49 ans déclarent qu’il leur arrive de faire l’amour sans en avoir envie, contre 76% en 1981.
5 – Plus de la moitié des femmes adultes (54%, contre 42% des hommes) déclarent qu’elles pourraient continuer à vivre avec quelqu’un dans une relation purement platonique, soit une proportion en nette hausse sur une quarantaine d’années chez les femmes de moins de 50 ans (+ 14 points par rapport à 1981).
6 – La place qu’occupe aujourd’hui le sexe dans la vie des femmes est beaucoup moins grande qu’il y a une trentaine d’années si l’on en juge par leur désintérêt croissant pour l’activité sexuelle : 62% des Françaises accordent aujourd’hui de l’importance à la sexualité dans leur vie, contre 82% en 1996.
7 – Désignée comme l’absence d’attirance sexuelle envers autrui, l’asexualité est une orientation sexuelle assumée par 12% des Français et jusqu’à 23% chez les femmes âgées de 70 ans et plus.
C) SI LES CAUSES DE CETTE RECESSION SEXUELLE SONT MULTIPLES, ELLE TIENT NOTAMMENT A LA CONCURRENCE D’ACTIVITES SEXUELLES NUMERIQUES
8 – Lorsqu’on interroge les jeunes de moins de 35 ans vivant en couple sous le même toit, la moitié des hommes (50%, contre 42% des femmes) reconnaissent avoir déjà évité un rapport sexuel pour regarder un série/films à la télévision (ex : Netflix, OCS…).
9 – Et on retrouve cette concurrence des écrans sur le sexe pour d’autres loisirs comme les jeux vidéo – préférés au sexe par 53% des hommes de moins de 35 ans vivant en couple – ou les réseaux sociaux de partage de photos ou de vidéos (préférés au sexe par 48% des hommes de moins de 35 ans vivant en couple).
En France l’analyse des taux en matière d’activité sexuelle comme de natalité laisse à penser qu’un haut niveau d’activité sexuelle va de pair avec un taux de natalité convenable.
Lecture : en 2023, 74% des femmes âgées de 18 à 69 ans initiées sexuellement ont été actives sexuellement au cours des 12 derniers mois (source IFOP – France métropole) tandis qu’il n’y avait que 9,9 naissances vivantes pour 1 000 habitants (source INSEE – France entière) là même année.
A) UNE ACTIVITÉ SEXUELLE EN NETTE RÉCESSION DEPUIS UNE QUINZAINE D’ANNÉES
Quelque soit l’indicateur utilisé pour mesurer l’activité sexuelle (ex : rapport dans les 12 derniers mois, nombre de rapports ces 30 derniers jours, fréquence « habituelle » des rapports au moment de l’étude…), l’enquête montre systématiquement une vie sexuelle moins intense qu’avant l’ère du smartphone et du haut débit.
1 – Un recul sans précédent de l’activité sexuelle : la proportion de Français(es) ayant eu un rapport au cours des 12 derniers mois n’a jamais été aussi basse depuis les années 70
Mesurant la proportion de personnes initié(e)s sexuellement qui ont eu au moins un rapport sexuel dans les 12 mois ayant précédé l’enquête, le taux d’activité sexuelle annuelle enregistre une baisse très conséquente : -15 points depuis 2006, année de la dernière grande enquête sur les comportements des Français (CSF). Et avec cette tendance à la baisse qui affecte autant les hommes (78%, contre 93% en 2006) que les femmes (74%, contre 89% en 2006), le nombre de Français(es) sexuellement actifs tombe à un niveau encore plus faible (76% en moyenne) que celui mesuré il y a plus de 50 ans (± 82% en 1970) par l’Ifop (Rapport Simon).
Au regard de cet indicateur (l’expérience d’un dernier rapport sexuel dans les 12 derniers mois), l’hexagone n’échapperait donc pas au phénomène de récession sexuelle (« The Sex Recession ») observé ces dernières années – notamment chez les jeunes – dans différentes enquêtes menées dans des pays comme les Etats-Unis (ESG, CDC…), le Royaume-Uni (NATSAL) ou la Finlande (FINSEX).
2 – En une quinzaine d’années, la part de la population inactive sexuellement a beaucoup augmenté, notamment chez les jeunes
La montée de l’inactivité sexuelle affecte, certes, l’ensemble de la population (+15 points en moyenne depuis 2006) mais la jeunesse est une des catégories les plus touchées : plus d’un quart des jeunes de 18 à 24 ans initiés sexuellement (28%) admettent ne pas avoir eu de rapport en un an, soit cinq fois plus qu’en 2006 (5%).
Cela peut paraître élevé mais cette tendance est très similaire à celle observée outre-Atlantique, la General Social Survey montrant une explosion du nombre d’inactifs sexuels au cours des 12 derniers mois chez les jeunes de 18 à 29 ans en général (23% en 2018, contre 8% en 2008) et chez les hommes de 18-24 ans en particulier (31% en 2018, contre 19% en 2008). Et outre-Rhin, une étude a constaté la même augmentation de l’inactivité sexuelle chez les Allemands âgés de 18 à 30 ans, les abstinents depuis au moins un an ayant été multiplié par 3 entre 2005 (7,5%) et 2016 (20,3%).
3 – L’activité sexuelle de la population perd aussi en intensité si l’on en juge par la baisse de la fréquence hebdomadaire des rapports sexuels des Français(es) entre 2009 et 2024
L’évolution du manque d’activité sur une année s’accompagne aussi d’une baisse de la fréquence des rapports au moment de l’enquête. Ainsi, en 2024, 43% des Français(es) rapportaient avoir, en moyenne, un rapport sexuel par semaine, contre 58% en 2009. Or, cette baisse d’intensité de l’activité sexuelle (-15 points en 15 ans) nous paraît d’autant plus significative statistiquement qu’elle repose sur les résultats de deux enquêtes au protocole méthodologique strictement identique (même formulation, même cible, même mode de recueil, même redressement).
Et cet indicateur montre lui aussi que les jeunes ont une activité sexuelle relativement faible par rapport aux autres générations : 52% seulement des jeunes (initiés) de moins de 25 ans ont en moyenne un rapport sexuel par semaine, ce qui est nettement en-deçà des personnes âgées de 25 à 50 ans. Cette « fatigue sexuelle » chez les jeunes ayant déjà fait l’amour est donc contre-intuitive quand on sait que les jeunes étaient jusque-là les plus actifs dans l’année et les plus en recherche de partenaires sexuels (cf. CSF 2006).
B) CETTE CONTRACTION DE L’ACTIVITÉ SEXUELLE S’INSCRIT DANS UN CONTEXTE DE DE DISSOCIATION CROISSANTE ENTRE CONJUGALITÉ ET SEXUALITÉ…
4 – Vers la fin du devoir conjugal ? Si les rapports non désirés au sein du couple restent fréquents, les Françaises se forcent moins à faire l’amour qu’il y a 40 ans
Dans un contexte marqué par une révolution du rapport au consentement, les Françaises acceptent beaucoup moins de se forcer à faire l’amour qu’il y a 40 ans : 52% des femmes âgées de 18 à 49 ans déclarent qu’il leur arrive de faire l’amour sans en avoir envie, contre 76% en 1981. Et très logiquement, c’est dans les rangs des femmes les plus féministes (50% chez les femmes très féministes) et les plus éloignées de la religion (49%, contre 58% des religieuses) que l’expérimentation de cette forme de « sexe non-consensuel » est la plus faible.
La déconstruction du concept de « devoir conjugal » est toutefois encore lente et inachevée au regard de la relative stabilité, ces 20 dernières années, du nombre de femmes ressentant une pression sexuelle au point d’avoir un rapport qu’elles ne désiraient pas vraiment. Par ailleurs, les femmes n’en ont pas l’apanage comme le montre le taux d’hommes (46%) déclarant avoir déjà eu des rapports non désirés.
5 – La perspective de vivre une union platonique rencontre d’ailleurs un écho croissant, notamment chez les femmes qui sont de moins en moins gênées à l’idée d’une vie de couple sans sexe
La dissociation croissante du lien entre conjugalité et sexualité transparaît aussi dans la popularisation du principe selon lequel on peut vivre avec quelqu’un sans avoir de rapport sexuel.
En effet, plus de la moitié des femmes adultes (54%, contre 42% des hommes) déclarent qu’elles pourraient continuer à vivre avec quelqu’un dans une relation purement platonique, soit une proportion en nette hausse sur une quarantaine d’années chez les femmes de moins de 50 ans (+ 14 points par rapport à 1981).
6 – Dans ce contexte, une vie de couple n’implique pas forcément une activité sexuelle : un quart des personnes vivant en couple admettent ne pas ou plus avoir de rapports
Contrairement aux idées reçues, les célibataires n’ont pas le monopole de l’abstinence sexuelle. En effet, les résultats montrent qu’une personne sur quatre actuellement en couple (c’est-à-dire 16% sur les 65% de Français(es) en couple) admet ne pas ou ne plus avoir d’intimité physique avec son conjoint. A l’inverse, le célibat n’est pas synonyme d’abstinence puisqu’un célibataire sur cinq a des partenaires sexuels occasionnels (soit 6% sur les 31% de Français(es) célibataires).
Le point de vue de François Kraus :Si le devoir conjugal n’a pas totalement disparu, cette enquête met en exergue la proportion croissante de Français(es) qui parviennent à s’affranchir d’une certaine « normalité sexuelle » et tout particulièrement des injonctions sociales qui lient forcément le couple à une vie sexuelle intensive.
C) … MAIS AUSSI PAR UN DÉSINTÉRÊT DE PLUS EN PLUS MARQUÉ POUR LE SEXE ET UNE CERTAINE VALORISATION DE L’ABSTINENCE ET DE L’ASEXUALITÉ
Loin d’être le fruit du hasard, cette baisse d’activité sexuelle est aussi à mettre en perspective avec une évolution des représentations culturelles du sexe qui a contribué à valoriser des notions comme l’asexualité et l’abstinence.
7 – La sexualité occupe aujourd’hui une place nettement moins grande dans la vie des Françaises qu’il y a une trentaine d’années
La place qu’occupe aujourd’hui le sexe dans la vie des femmes est beaucoup moins grande qu’il y a une trentaine d’années si l’on en juge par leur désintérêt croissant pour l’activité sexuelle : 62% des Françaises accordent aujourd’hui de l’importance à la sexualité dans leur vie, contre 82% en 1996.
A l’inverse, le sexe reste un enjeu plus crucial pour les hommes : les trois quarts d’entre eux (75%) accordent aujourd’hui de l’importance à la sexualité, en particulier les trentenaires (87%).
8 – Dans ce contexte, l’abstinence ne semble pas une période compliquée à vivre pour une grande majorité des femmes ; les hommes étant à quant à eux plus affectés en cas d’absence de rapports sexuels
La sexualité jouant un rôle moins fort dans l’identité féminine que l’identité masculine, un gender gap très prononcé ressort des questions relatives à l’abstinence. Ainsi, le manque en cas d’abstinence prolongée pose beaucoup plus de problème aux hommes (60%) qu’aux femmes (30%). Et l’absence de rapports sexuels est vécue facilement par deux femmes sur trois (69%) contre à peine la moitié des hommes (48%). Tout cela viendrait donc plutôt confirmer l’hypothèse selon laquelle « l’absence d’activité sexuelle remet (…) moins fondamentalement en cause l’identité féminine que l’identité masculine » [3].
9 – L’absence d’attirance sexuelle pour autrui : une orientation sexuelle assumée par une proportion non négligeable de la population, notamment chez les femmes âgées
Désignée comme l’absence d’attirance sexuelle envers autrui, l’asexualité est une orientation sexuelle à part entière qui est assumée par une part de la population significativement élevée lorsqu’on ne la mesure pas en concurrence avec les autres orientations sexuelles (ex : homosexuelle, bisexuelle…).
Et sur ce point, on note que cette forme d’exclusion de la vie sexuelle est beaucoup plus assumée par les femmes (15%) que par les hommes (9%), en particulier dans les strates de la population de plus de 50 ans.
Le point de vue de François Kraus : L’essor de nouvelles conduites sexuelles (ex : abstinence choisie) ou l’affirmation d’orientations sexuelles jusque-là assez méconnues (ex : asexualité) favorise chacune à leur manière une forme de « désengagement sexuel » qui n’est en rien spécifique au domaine de l’intime : on retrouve aujourd’hui cette baisse d’engagement dans d’autres aspects de la vie des Français (travail, civisme, associatif, politique…).
C) SI LES CAUSES DE CETTE RECESSION SEXUELLE SONT MULTIPLES, ELLE TIENT NOTAMMENT A LA CONCURRENCE D’ACTIVITES SEXUELLES NUMERIQUES
Au-delà des tendances lourdes liées à une évolution de la société française (ex : désintérêt pour le sexe…), cette récession sexuelle tient aussi à la capacité des loisirs numériques à capter leur attention.
10 – Chez les célibataires inactifs sexuellement, l’abstinence tiendrait avant tout à l’absence de partenaire attrayant ; les hommes la justifiant aussi par le manque d’intérêt pour leur propre personne
Les raisons avancées par les célibataires pour justifier l’absence de rapport mettent en lumière des différences sexuées parfois marqués sur certains sujets. Car si hommes et femmes célibataires se retrouvent pour expliquer que leur abstinence tiendrait avant tout à l’absence de partenaire attrayant (63%), les hommes se distinguent en avouant que cette absence de sexe tient aussi à leur incapacité à plaire / à trouver des personnes qui auraient envie de faire l’amour avec eux (61-62%).
11 – La concurrence des écrans sur le sexe se fait aussi sentir, une majorité de jeunes ayant déjà préféré au sexe certains loisirs numériques comme une sérié Netflix, un jeu vidéo ou du porno
Pour finir, l’enquête montre que l’activité sexuelle est aujourd’hui largement concurrencée par les activités numériques (ex : TV, réseaux sociaux, jeux vidéo…) nées de la généralisation du smartphone et du haut débit, notamment chez les jeunes.
Lorsqu’on interroge les jeunes de moins de 35 ans vivant en couple sous le même toit, la moitié des hommes (50%, contre 42% des femmes) reconnaissent avoir déjà évité un rapport sexuel pour regarder une série/film à la télévision (ex : Netflix, OCS…). Or, c’est une proportion qui n’est au fond pas très éloignée des résultats d’une étude parue, en 2019, dans le Wall Street Journal qui indiquait alors que 36% des Américains de 18-38 ans avaient décliné un rapport sexuel, au cours des six derniers mois, pour regarder une série ou Netflix.
Et on retrouve cette concurrence des écrans sur le sexe pour d’autres loisirs comme les jeux vidéo – préférés au sexe par 53% des hommes de moins de 35 ans vivant en couple – ou les réseaux sociaux de partage de photos ou de vidéos (préférés au sexe par 48% des hommes de moins de 35 ans vivant en couple).
Le point de vue de François Kraus : Au regard des résultats, le “temps sexuel” apparaît ainsi très nettement concurrencé par le temps passé sur des écrans qui offrent non seulement un moyen de combler ses besoins de sociabilité (réseaux sociaux) et/ou de sexualité (porno en ligne) mais aussi qui tend à cannibaliser le temps passé à deux : les plateformes à la Netflix proposant des productions tellement addictives et chronophages qu’elles réduisent à la fois l’intérêt pour le coït et le temps disponible pour un rapport sexuel. Quant aux célibataires, leur usage intensif des écrans les pousse à un repli sur l’espace domestique qui limite leurs occasions de rencontres IRLF et les prive d’opportunités de relations charnelles.
Conclusion : “Cette étude a le mérite de mettre en lumière le fossé existant entre la réalité sexuelle des Français et des stéréotypes médiatiques qui tendent encore trop souvent à associer la « bonne sexualité » à une vie sexuelle trépidante. Après des années d’hypersexualisation de la société, les décennies 2010/2020 marquent bien l’amorce d’un nouveau cycle où la contrainte à avoir une vie sexuelle pour faire « plaisir » ou « comme tout le monde » se fait moins forte. Dans un contexte culturel de rejet des injonctions pesant sur le corps et l’intime, un nombre croissant de Français(es) semblent s’affranchir des normes qui font d’une sexualité active une composante essentielle d’une vie réussie ou, en tous cas, d’une vie de couple harmonieuse. L’enquête montre notamment comment nombre de femmes ne se sentent plus obligées de répondre au désir sexuel de leur partenaire, certaines se tournant même vers des attitudes plus radicales comme l’asexualité et l’abstinence. En cela, le fossé se creuse avec la minorité d’hommes qui voit encore dans l’expression d’une forte libido un élément consubstantiel de leur masculinité.” François Kraus, directeur du pôle « Genre, sexualités et santé sexuelle » de l’Ifop
« Étude Ifop pour Lelo réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 29 décembre 2023 au 2 janvier 2024 auprès d’un échantillon de 1 911 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus »
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